Le sort en est finalement jeté : Carlos Brito quitte son poste de PDG du géant de la bière AB InBev . Après quelques revirements, la succession se déroule presque exactement comme l’avaient laissé présager les premières rumeurs de changement de direction : l’actuel directeur pour l’Amérique du Nord, Michel Doukeris, prend le relais. Un choix sûr pour assurer la continuité.
Nombreux accomplissements
Le nom de Doukeris avait été mentionné dès les premières rumeurs sur le départ de Brito. Cependant, le groupe de bière a tardé à officialiser la nouvelle, de sorte que le statut de successeur de Doukeris a progressivement été remis en question. Car, s’il était le successeur logique, pourquoi retarder l’annonce ?
Les mérites et accomplissements de Doukeris sont indéniablement nombreux. Il est issu de la même « souche » brésilienne que Brito et connaît donc bien la discipline de coûts inhérente à cette culture de gestion. Il a gagné ses premiers galons en tant que directeur des opérations en Asie. S’il a pu profiter de la croissance globale rapide de ce marché, il serait malvenu d’attribuer ses mérites uniquement à cet élan. Doukeris peut même se féliciter.
Hard seltzers
L’épreuve du feu a été sa nomination à la tête de la division nord-américaine en difficulté, AB InBev étant depuis de nombreuses années en prise avec la baisse des volumes des marques comme Budweiser et Bud Light sur ce marché. En raison de son statut de géant brasseur, l’entreprise a particulièrement souffert de l’essor considérable des brasseurs artisanaux aux États-Unis. Doukeris a cependant trouvé la parade avec une transition vers d’autres types de boissons, comme le Lime-a-Ritas qui nous sont (heureusement ?) plutôt inconnu. Dernière success story, qui fera bientôt son apparition dans nos contrées : les « hard seltzers ».
Contact avec la culture de gestion au siège, racines brésiliennes et connaissance du terrain en Asie et aux États-Unis : Doukeris semble être le candidat idéal pour succéder à Carlos Brito. Il n’est pas non plus affecté par l’héritage du rachat coûteux de SABMiller, qui a laissé AB InBev avec une lourde dette et a terni l’image de Brito de maître des rachats/chasseur de synergies/économiseur de coûts.
Renforcer la continuité ?
La question est de savoir si Doukeris changera d’approche. Ses réussites professionnelles sont indéniables, mais ce n’est pas tant un révolutionnaire. Certes, il semble avoir la fibre plus commerciale que Brito, qui s’est souvent vu reproché de se soucier davantage de la discipline opérationnelle que de son produit. Cependant, son parcours est presque identique et il a bâti toute sa carrière dans le cadre de la méritocratie inébranlable mis en place par Brito chez AB InBev.
Les rares citations que nous avons de lui (Trends en a retrouvé une de 2019 : « J’aime la simplicité ») donnent peu d’indications sur ce qu’il prépare pour l’avenir du géant de la bière. Les bourses réagissent déjà avec enthousiasme à la succession fluide. Pour l’instant, c’est le principal mérite de cette annonce.