La vente de pils est en perte de vitesse depuis plusieurs années dans notre pays. Les grands brasseurs comme AB InBev tentent d’inverser la tendance à coup de promotions et de campagnes publicitaires. Une bataille pourtant perdue d’avance, selon la sommelière de la bière Sofie Vanrafelghem. « Ça ne peut que rendre notre pinte plus savoureuse. »
Bières spéciales
Selon Nicolas Degryse, de la brasserie Omer Vander Ghinste, le marché des pils se contracte de 3 à 4 % depuis plusieurs années. Le baromètre des brasseurs belges, utilisé pour identifier régulièrement la bière préférée des Belges, montre qu’il ne s’agit pas d’une baisse temporaire. En 2005, ils étaient un peu plus de 50 % à préférer la pils. Lors du dernier sondage, en 2019, ils n’étaient plus 23,6 %.
Le déclin de la popularité de la pils s’explique en grande partie par l’essor des bières spéciales Les Belges boivent également moins de bières : en Belgique, le volume est passé de 10,3 millions d’hectolitres à 7,03 millions d’hectolitres entre 1996 et 2019.
Bière gratuite
Roel Dekelver, de Delhaize, confirme les tendances dans Het Nieuwsblad. « Il suffit de regarder notre rayon bière pour s’en rendre compte. Elles occupaient autrefois plus d’espace, mais aujourd’hui les bières régionales et spéciales gagnent du terrain. Chaque année, les ventes de bières régionales augmentent d’environ 30 %, tandis que celles des pils sont à la traine. »
Les grands brasseurs comme AB InBev et Alken-Maes tentent de relancer les ventes de pils à coup de campagnes publicitaires et de promotions. Ils proposent par exemple davantage de promotions « 1+1 gratuit » dans les supermarchés. « Lorsque vous devez recourir à des offres gratuites, ce n’est pas anodin », déclare la sommelière de la bière Sofie Vanrafelghem, convaincue que les brasseurs mènent une bataille perdue d’avance. Les promotions alimentent également l’idée reçue que la pils est une bière bon marché.
Le plaisir avant tout
Vanrafelghem y voit tout de même du positif pour les amateurs de bière. « Les brasseries ont longtemps considéré la pils avant tout comme une bière de picole. » Selon elle, la mentalité évolue lentement mais sûrement, avec une priorité pour la dégustation et le plaisir. « C’est pour cela que bon nombre de nouvelles bières savoureuses avec une teneur en alcool plus faible font leur apparition. »
Selon la sommelière de la bière, plusieurs brasseurs ont déjà opéré cette transition. « Palm, par exemple, se distingue avec son Estaminet, qui est vraiment une pils de qualité. » Ce n’est qu’en réfléchissant bien aux améliorations possibles qu’ils pourront aider la pils à retrouver ses lettres de noblesse, conclut Vanrafelghem.