Alors que le monde entier compte les heures jusqu’à la fin de la crise du coronavirus, le secteur du commerce de détail américain devrait se préparer à une vague de fermetures déferlante. C’est du moins la conclusion que tirent les analystes de la société de courtage UBS : ils prévoient « au moins des dizaines de milliers » de fermetures de magasins, conséquence du changement définitif du comportement des consommateurs.
Dans le scénario le plus pessimiste : 150 000 fermetures de magasins
Concrètement, les analystes redoutent la fermeture d’au moins un magasin sur onze aux États-Unis au cours des cinq prochaines années. Les articles de bureau, les équipements de sport et les vêtements sont des secteurs particulièrement menacés par l’essor rapide du commerce électronique pendant la pandémie.
Et il ne s’agit là que du « scénario de base » des analystes, rapporte le site web d’information spécialisé Business of Fashion. Dans le scénario le plus sombre, bien plus de magasins pourraient baisser le rideau, avec jusqu’à 150 000 fermetures.
La crise du coronavirus enfonce le couteau dans des plaies déjà profondes du paysage de distribution américain. Une chaîne célèbre comme JC Penney a dû demander la protection contre ses créanciers l’année dernière en vertu du Chapitre 11. La chaîne espère prendre un nouveau départ cette année après avoir mené à bien la restructuration nécessaire, mais ses chances de réussite sont fortement remises en doute. La pandémie semble également avoir porté le coup de grâce à la plus ancienne chaîne de grands magasins des États-Unis, Lord & Taylor, qui a fermé définitivement ses portes l’été dernier.
Les malls, une espèce en voie de disparition
Le rapport d’UBS se concentre sur le marché américain. Celui-ci présentant des caractéristiques spécifiques, les prévisions des analystes ne peuvent pas d’emblée être extrapolées à notre région. Par exemple, la majorité des fermetures de magasins aux États-Unis concerneraient les centres commerciaux couverts, appelés communément les malls. Nous en avons dans notre pays, mais pas à l’échelle des États-Unis.
Selon une estimation récente de la société de conseil en immobilier Green Street Advisors, il y aurait encore environ un millier de malls aux États-Unis, mais beaucoup sont en difficulté. Plus d’un tiers rapportent moins par mètre carré de surface commerciale qu’ils ne coûtent. Jusqu’à il y a environ deux ans, Green Street Advisors s’attendait à les voir disparaître d’ici à 2030, mais cette prévision a été drastiquement corrigée l’année dernière :ils devraient fermer dès 2021. Avec, bien sûr, la crise du coronavirus comme principal coupable.
Tendance sous-jacente également visible en Europe
Pourtant, mieux vaudrait ne pas considérer cette prédiction comme une statistique purement américaine. Les tendances sous-jacentes qui menacent les magasins sont les mêmes qu’en Europe : un rapport allemand prévoit 80 000 fermetures de magasins d’ici à 2023, tandis que 15 000 magasins auraient déjà déposé le bilan en Angleterre, malgré toutes les mesures de soutien. Les consommateurs n’ont eu d’autre choix que se tourner vers le commerce électronique pendant les périodes de confinement, et les détaillants ont considérablement amélioré leur expérience d’achat en ligne. Par conséquent, l’essor du commerce électronique est tout sauf une tendance passagère.
Selon les analystes d’UBS, seule une catégorie très spécifique de magasins n’a pas de soucis à se faire : les centres de service automobile. Ces derniers ont enregistré des pics de chiffre d’affaire au mètre carré inédits en 2020. La raison de leur « résistance » à l’essor du segment en ligne est simple : lorsque nous avons un problème avec notre voiture, nous avons généralement besoin d’une aide immédiate, et un mécanicien ne peut pas réparer une voiture sur internet.