Le fiasco boursier de l’entreprise de livraison de repas Deliveroo ne signifie pas que tout le secteur est sur le point de s’effondrer, comme le démontre le toujours minuscule Supper. Cette entreprise londonienne de livraison de repas est spécialisée dans la gastronomie de luxe, et la formule semble recueillir un grand succès. Supper cherche maintenant à lever des fonds pour étendre ses activités à des villes comme New York et Dubaï.
Chefs étoilées
Si l’on se fie aux chiffres, Supper, qui existe depuis six ans, s’apparente à une crevette dans un secteur où des requins comme Deliveroo, Just Eat Takeaway.com et UberEats n’ont guère de pitié pour la concurrence. Mais l’entreprise s’est positionnée dans une niche intéressante. En effet, le service de livraison de repas vise le segment haut de gamme : Supper propose à peine 130 restaurants, dont 15 étoilés au Michelin en plus des repas proposés dans des enseignes de luxe comme Harrod’s et Fortnum & Mason. L’objectif est d’arriver rapidement à 200 restaurants.
Mais Supper souhaite également étendre cette formule et veut lever cinq millions de livres (six millions d’euros) auprès d’investisseurs privés pour y parvenir. Le fondateur, l’ex-trader en obligations Peter Georgiou, souhaite lancer son concept dans d’autres villes qui combinent restaurants de qualité et clients prêts à payer pour bien manger.
Technologie gyroscopique
Car c’est là la clé du succès de Supper : son modeste portefeuille de 80 000 clients regorge de footballeurs professionnels et de dirigeants de grandes entreprises. Pour eux, la commission de 22 à 25 % que Supper prélève pour financer son modèle ne pose aucun problème. Par exemple, l’entreprise utilise des scooters spéciaux capables de conserver des repas à différentes températures et équipés d’une technologie gyroscopique qui empêchent les différents éléments des plats étoilés de se mélanger accidentellement pendant le transport.
Mais le principal poste de coût est le personnel, qui, chez Supper, bénéficie du statut de salarié à part entière, congés payés compris. Peter Georgiou n’hésite d’ailleurs pas à jouer cette carte pour accentuer le contraste avec Deliveroo, sous le feu des critiques pour faire appel à des coursiers indépendants et se soustraire ainsi à diverses obligations sociales. Dans une interview accordée au Financial Times, le directeur de Supper affirme que des restaurateurs ne cessent de téléphoner pour s’engager avec Supper après avoir appris, entre autres, que les coursiers Deliveroo gagnaient parfois à peine 2 livres (2,3 euros) de l’heure. Les livreurs de repas sont assurés d’un salaire stable de 9 ou 10,5 livres l’heure.