Après l’entreprise allemande Edeka , c’est maintenant le détaillant français Intermarché qui veut quitter l’alliance AgeCore. En arrière-plan, le paysage des alliances d’achat françaises se redessine : « Tout le monde discute avec tout le monde. »
Procès inquiétant
La semaine dernière, Edeka s’est retiré de l’alliance de distribution européenne AgeCore, et maintenant Intermarché lui emboîte le pas, rapporte le quotidien français d’information économique et financière Les Echos. Edeka est insatisfait car il ne peut pas suffisamment profiter de sa position dominante : le leader du marché allemand représente 40% de l’alliance mais, au sein de l’organisation, c’est « un membre, une voix. » L’entreprise allemande a déjà mis en place une nouvelle centrale d’achat : Everest, en collaboration avec le supermarché en ligne hollandais Picnic.
Pour Intermarché, d’autres facteurs entrent en jeu. Tout d’abord, un procès intenté par l’autorité française de la concurrence. Le détaillant est accusé de pratiques commerciales abusives par le biais des centrales d’achat AgeCore et ITM Belgium. Le ministère français de l’Économie juge inacceptable que les centrales d’achat exigent de l’argent aux fabricants de marques sans réelle contrepartie. Entre 2018 et 2020, AgeCore a fait pression sur les fabricants de grandes marques comme Nestlé, PepsiCo, Mars ou Coca-Cola en interrompant les commandes. Si une condamnation devait être prononcée, c’est tout le modèle économique de l’alliance de distribution qui devra être repensé.
Rapports de force français
Deuxième facteur : les rapports de force sur le marché intérieur français de la distribution alimentaire. Les détaillants ont également uni leurs forces afin de renforcer leur position dans les négociations avec les fournisseurs : la plus grande alliance, Envergure, réunit Carrefour, Système U et Provera (Cora). Ces alliances sont établies pour une période de trois ans, qui arrivera à échéance à la fin de l’année. Les détaillants veulent se préparer dès maintenant aux négociations de fin de l’année et explorent les possibilités. Intermarché ne veut fermer aucune porte. « Tout le monde discute avec tout le monde », indiquent les initiés au journal. Dans le courant du mois d’avril, les contours du nouveau paysage des achats français pourraient se préciser.
Reste à savoir ce qu’il adviendra des membres restants d’AgeCore. Colruyt, Conad, Coop et Eroski n’ont pas assez de poids pour avoir une réelle influence en Europe. Le PDG, Dirk Depoorter, à la tête de l’organisation depuis peu, est confronté à un défi de taille… Le paysage des alliances européennes pourrait également être profondément repensé.