Confinement ou pas, la vente au détail ne perd rien de son humour. Jef lance des réductions et Appie se ridiculise tandis que, en Suisse, se déroule un feuilleton palpitant. Filet Pur fait les comptes et termine sur un petit conseil culinaire. Tout est bien qui finit bien !
Sacs en plastique à la retraite
Vous êtes un moteur de changement, un leader de l’innovation, un pionnier de la durabilité. Vous avez été élue chaîne de supermarchés la plus durable des Pays-Bas, et vous en êtes fier. Vous annoncez donc fièrement une grande décision : les sacs en plastique gratuits du rayon fruits et légumes prennent « leur retraite » (oui, c’était écrit noir sur blanc dans le communiqué de presse). D’ici à la fin de l’année 2021, les sacs en plastique auront disparu de tous les magasins, promet Albert Heijn. Tous les magasins ? Non, quand même pas : seulement aux Pays-Bas, en réalité. En Belgique, le détaillant préfère attendre : « Nous attendons maintenant de voir quelle stratégie de communication va adopter Albert Heijn aux Pays-Bas et à quelle vitesse se fera cette transition. »
Cher Albert, chez Delhaize, ils ont déjà pris cette décision il y a plus de deux ans. Les sympathiques concurrents de Colruyt n’ont pas tardé à faire de même. Pour autant qu’on le sache, tout s’est déroulé sans heurts. Pas le moindre petit couac. Un coup de téléphone en interne aurait suffi pour en avoir la confirmation officielle. Quid de la coopération et des lignes de communication au sein de ce groupe ? On se le demande, n’est-ce pas ? Et Wouter Kolk qui appelle les partenaires de la fusion à coopérer davantage. Haha. Au fait : chez nos voisins du Nord, ils appellent ça le sac chemise, littéralement. On en apprend tous les jours. Merci, Appie ! Mais ça fait un peu ridicule.
Offres trompeuses
Vous êtes un courageux leader du marché, un solide bastion local qui résiste héroïquement à la féroce concurrence internationale. Vous êtes le supermarché le plus populaire de Belgique, et vous en êtes fier. Vous garantissez à vos clients les prix les plus bas, tous les jours, sur tous les produits. Et vous tenez votre promesse. Des prix les plus bas sur tous les produits et par rapport à tous les concurrents ? Non, quand même pas. Seulement plus bas que les concurrents nationaux, n’exagérons rien. Mais soudainement, vous constatez que vos clients n’achètent pas seulement sur le territoire national. En ligne, les frontières n’existent plus. En plus, des pure players malveillants tentent de séduire les fidèles utilisateurs de la carte Xtra avec des offres en gros trompeuses à des prix défiant toute concurrence. Pour des marques commercialisées dans vos rayons, qui plus est. Mais les key accountmanagers ne répondent pas : « Ce sont nos collègues étrangers. Et, oui, les usines doivent continuer à fonctionner… »
Oups, maintenant je dis une bêtise : « Défiant toute concurrence ? C’est ce qu’on va voir ! » C’était probablement le ton lors de la réunion Teams convoquée depuis Halle. Désormais, Colruyt fait donc ce que bol.com et Amazon font depuis longtemps : inonder le marché de gros volumes de détergents, d’aliments pour animaux et de couches à prix cassés. Ceux qui acceptent de faire en un seul achat des stocks pour toute une année peuvent faire de bonnes affaires. Les Deals!, plus exactement. Des super avantages, spécialement pour vous. Avec cette stratégie, le détaillant entend séduire « un nouveau groupe cible de consommateurs soucieux des prix ». Apparemment, ils ne connaissaient pas encore Colruyt.
Pas sexy
Ils connaissaient Colruyt, bien sûr, mais ils y ont acheté moins. Parce que oui, sur ce vilain internet, les chasseurs de promotions et les accros du shopping échangent toutes sortes de trucs et astuces pour contrôler le budget familial. Ils se recommandent souvent des plateformes étrangères proposant des offres sensationnelles. Et cela tourne souvent au ridicule les prix « soi-disant » les plus bas de Colruyt. Le leader du marché ne pouvait évidemment pas rester les bras croisés. Lorsque la perception des prix est compromise, l’alarme se déclenche sur le site de Wilgenveld. Et ils espèrent limiter les dommages collatéraux avec une plateforme distincte.
Ce nouveau canal ne va-t-il pas vampiriser les magasins ? La productivité ne sera-t-elle pas compromise ? Bon, pour l’instant, c’est encore relativement limité, mais on ne sait jamais. Il y a aussi des opportunités, je pense : les supermarchés peuvent considérablement réduire le linéaire des catégories concernées qui, il faut bien le dire, ne sont pas les plus sexy. Désormais, les magasins ne devront prévoir qu’un stock de dépannage, pour les consommateurs qui ne disposent pas d’un grand garage ou d’une cave. Cela libèrera de l’espace pour des produits beaucoup plus beaux qui ont encore une belle marge. C’est gagnant-gagnant, non ?
Feuilleton palpitant
Vous êtes un manager ambitieux, un collègue apprécié et un professionnel largement reconnu dans votre domaine. Vous obtenez de bons résultats, vous avez des collègues sympathiques, vous vous sentez à votre place. Mais vous visez plus haut. Et puis, l’offre tombe : un job de rêve à l’international dans un cadre magnifique. Vous foncez, bien sûr. C’est plein d’entrain que vous partez relever ce nouveau défi qui, dès votre premier jour de travail, s’avère beaucoup plus important que prévu en raison d’une fâcheuse affaire judiciaire, et qui s’est soudainement intensifiée cette semaine. Parce que la puissante alliance de détaillants que vous dirigez risque de devenir nettement moins puissante maintenant que votre principal partenaire veut claquer la porte. Et, en plus, votre prédécesseur est déjà en train de préparer des projets maléfiques. Parfois, l’actualité du commerce de détail se lit comme un feuilleton palpitant.
Car c’est exactement ce que traverse Dirk Depoorter, le nouveau patron d’AgeCore, ces derniers jours : le leader du marché allemand, Edeka, joue au dur et a déjà mis en place une nouvelle alliance d’achat avec Picnic, dirigée par nul autre que l’ancien PDG d’AgeCore, Gianluigi Ferrari. Peut-être que c’est un coup de bluff, peut-être pas. Et si l’affaire judiciaire française tourne mal, c’est tout le modèle économique qui devra changer : fini les demandes de rançon des grandes multinationales malveillantes. Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance.
Funshopping 3.0
Et je ne peux que vous souhaiter à tous un joyeux troisième confinement. Je sens qu’on va bien rire, même si c’est un confinement « light ». D’ailleurs, ce n’est pas parce que le gouvernement dit que vous ne pouvez pas faire de funshopping que vous ne pouvez pas en faire. Au supermarché, c’est toujours la fête, non ? Avec un peu de chance, les premières asperges de Malines seront bientôt en rayons, juste pour que vous le sachiez. Petit conseil : plutôt que de les cuire, faîtes les griller au four pendant 15 minutes. Dans de l’huile d’olive ou, pour les plus gourmands, dans du beurre salé. Une bouteille de Grüner Veltliner pour les accompagner et, l’espace de quelques instants, ce sera comme si ce virus n’avait jamais existé. À la semaine prochaine !
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