« Une douche froide » : telle est la réponse du secteur du retail à la décision du Comité de consultation de limiter de manière draconienne les possibilités d’achats dans les magasins non essentiels à partir de samedi. Pour de nombreux magasins, le shopping sur rendez-vous n’est pas rentable.
« Incompréhensible »
Si le fait qu’une fermeture générale des magasins ait été évitée peut paraître positif, les restrictions désormais imposées aux magasins non essentiels laissent de nombreux commerçants incrédules. « Les magasins n’ont jamais été des foyers de contamination et doivent se réorganiser pour la troisième fois. C’est incompréhensible », a réagi la fédération des détaillants Comeos. « Chaque virologue a expliqué que les commerces ne sont pas un problème et que le virus se transmet surtout dans les écoles et au travail. On compte des foyers de contamination dans des dizaines d’écoles et aucun dans les magasins. Nous prouvons depuis des mois que le shopping est sûr », a expliqué Dominique Michel, CEO.
Il souligne que la meilleure façon de sortir de la crise sanitaire est une vaccination rapide. « Plus d’un demi-million de vaccins sont au frigo. Comment le gouvernement peut-il trouver normal qu’on vaccine moins le dimanche ? C’est pourtant la réalité en Belgique. Le pays est en flammes, mais on n’éteint pas de feu le dimanche. De plus, il n’y a encore aucune clarification quant aux autotests, et le traçage des contacts n’est toujours pas au point après un an. C’est la responsabilité du gouvernement. »
Mesures de soutien nécessaires
Le shopping sur rendez-vous n’est pas rentable pour un grand nombre de commerces, poursuit-on chez Comeos. Il pourrait l’être si les réservations pouvaient être effectuées en ligne, par téléphone ou encore être autorisées sur place, et si le Click & Collect pouvait également se faire à l’intérieur, avec les caisses existantes. Enfin, ce sont justement les plus grands magasins qui sont les plus sûrs. Le nombre de 50 clients maximum par magasin est donc fort limité. Comeos souligne également que les mesures d’aide actuelles sont surtout adaptées aux petits commerces : « Un soutien supplémentaire doit également être apporté aux PME familiales et aux grandes entreprises. »
Chez Mode Unie, on est soulagé qu’une troisième fermeture de magasin ait été évitée et on se réjouit de l’introduction du shopping à deux. Mais ce durcissement des mesures va aussi laisser des traces, affirme la directrice Isolde Delanghe : « Les boutiques de mode étaient déjà sûres avec les mesures strictes qui leur avaient été imposées. Aujourd’hui, elles se voient imposer des conditions supplémentaires pour pouvoir rester ouvertes. Il n’est pas facile de rester rentable dans ces conditions. Il fait apporter des solutions. » Comme le shopping sur rendez-vous va à nouveau limiter le nombre de clients dans les magasins, l’organisation souligne l’importance de prolonger le chômage temporaire pour cause de force majeure.
« Symbole »
Le SNI (Syndicat neutre des indépendants) comprend que des mesures importantes sont nécessaires pour réduire la circulation du virus, mais exprime sa colère et son dégout de la fermeture des professions de contact et du fait que les magasins dits non essentiels ne peuvent travailler que sur rendez-vous. « Les indépendants sont à nouveau les victimes des décisions prises aujourd’hui. Des décisions qui reposent sur du vent ! Où sont les chiffres ? Aucune étude ne montre que ces secteurs constituent des foyers de contamination. C’est une décision purement symbolique fondée sur rien. »
United Hairdressers et la Fédération belge Beauty, les deux plus grandes organisations professionnelles des professions de contact non médicales, sont également scandalisées. « Ce confinement ne fera aucune différence pour le virus, mais aura un impact considérable sur nos revenus », déclarent-ils dans un communiqué de presse.
« Je veux vraiment faire preuve de solidarité avec les professionnels de la santé et tenter de rester positif, mais ce troisième confinement père lourd. Espérons que le consommateur se montre lui aussi solidaire et achètera local », a enfin réagi le propriétaire de l’enseigne de magasins de chaussures homonyme Wouter Torfs sur Twitter.