L’augmentation conjuguée de la population et de la richesse mondiales entraînera une hausse de plus de 50 % de la demande de denrées alimentaires d’ici à 2050. Se contenter d’accroître la production n’est pas une option : il faut changer de méthode. Mais comment ?
Trois pistes
Dans trente ans, l’industrie agroalimentaire mondiale aura près de dix milliards de bouches à nourrir. La richesse mondiale va également s’accroître. Il en résultera une explosion de la demande de denrées alimentaires, qui augmentera de plus de 50 %. Ce sera surtout le cas en Asie et en Afrique, mais on prévoit également à une forte croissance dans les régions les plus riches comme l’Europe et l’Amérique. Comment l’industrie pourra-t-elle suivre ? Continuer sur la même voie n’est pas une option : nous atteignons les limites de ce que la planète peut supporter.
Mais est-il possible d’augmenter la production de denrées alimentaires tout en réduisant son impact sur la planète ? La plateforme Future of Food de Deloitte a exploré trois pistes : des méthodes de production agricoles plus avancées, des chaînes logistiques responsables et de nouvelles opportunités commerciales.
Des drones et robots dans l’agriculture
Améliorations technologiques et accroissement d’échelle ont permis une énorme augmentation des rendements dans l’agriculture au cours des décennies écoulées. Mais ces évolutions ont également eu un impact négatif sur l’environnement. Est-il possible de faire autrement ? L’agriculture de précision peut apporter une partie de la réponse : la technologie permet d’augmenter les rendements tout en réduisant la consommation de ressources comme l’eau et les engrais. L’agriculture devient intelligente : attendez-vous à voir des microcapteurs, des drones équipés de caméras, des robots qui luttent contre les mauvaises herbes et les nuisibles ou des moissonneuses et des tracteurs autonomes dans nos champs dans un avenir proche…
L’agriculture verticale s’inscrit également dans cette vision : en travaillant en hauteur, les agriculteurs peuvent accroître les cultures sans augmenter l’utilisation des terres. Mais la technologie n’est pas tout, et des interventions moins techniques peuvent également être très utiles : augmentation de la capacité de stockage des bassins hydrique, meilleure utilisation de l’eau de pluie, amélioration des systèmes d’irrigation, etc.
Usines et emballages intelligents
Pour servir le consommateur, les entreprises agroalimentaires doivent pouvoir compter sur un approvisionnement fiable, durable et de qualité en produits agricoles disponibles à un prix compétitif. Cela nécessite des relations à long terme fondées sur des accords gagnant-gagnant. Il y a de la marge : des études démontrent que 73 % des millenials sont prêts à payer plus cher pour des produits issus d’une production durable.
De plus en plus de producteurs rendent la filière transparente. De nouvelles technologies (pensez au blockchain) facilitent la traçabilité. Les sites de production atteignent peu à peu la neutralité climatique : l’usine d’aliments pour bébés de Danone à Wexford, en Irlande, prouve déjà que ce n’est pas une utopie. Les emballages intelligents améliorent la durée de conservation et évitent ainsi le coûteux gaspillage alimentaire.
Options végétales
Deloitte pense aussi aux opportunités pour de nouvelles solutions et de nouveaux marchés. Les investissements en capital-risque dans les aliments d’origine végétale, la viande cultivée et la fermentation sont en nette augmentation ces dix dernières années. Et si Burger King et McDonald’s se mettent à proposer des menus végans, c’est que le potentiel est présent. Les algues constituent également une piste prometteuse. Dans l’agriculture, on développe de nouvelles cultures aux rendements plus élevés ou on modifie l’alimentation animale pour réduire les émissions de méthane. L’analyse des données et l’intelligence artificielle permettent des pratiques agricoles plus efficaces, plus rentables et plus durables.
Cette vision est réaliste, mais à une condition importante, affirment les consultants : que tous les acteurs travaillent ensemble. Les fournisseurs d’intrants, les agriculteurs, les producteurs et transformateurs de produits alimentaires, les distributeurs et les retailers, ainsi que les pouvoirs publics, les institutions financières et bien d’autres acteurs doivent collaborer pour construire un système alimentaire qui nourrit l’ensemble de la population tout en respectant les limites de notre planète.