Réunis au sein du front Stop Alibaba & Co, des activistes de tous bords s’opposent à l’arrivée d’Alibaba à l’aéroport de Liège. « Un monde dont nous ne voulons pas. »
Chantier
Le premier hall de 30 000 m² de Cainiao, la filiale logistique du géant de l’Internet Alibaba, est en construction. À terme, le projet qui borde l’aéroport de Liège s’étendra sur 38 hectares, dans une zone principalement occupée par des champs.
Mais les travaux suscitent de nombreuses protestations, notamment de la part de Stop Alibaba & Co. Ce front hétéroclite rassemble divers groupes et associations, comme la section liégeoise de Greenpeace, Students for Climate, Extinction Rebellion, mais aussi Clap, un comité de riverains. Ils luttent ensemble contre l’extension de l’aéroport, bien que pour la porte-parole Émilie Farcy, leur combat dépasse le cadre liégeois. Notre but n’est pas qu’Alibaba s’installe ailleurs, souligne-t-elle dans L’Echo. « C’est un modèle économique et un monde dont nous ne voulons pas : celui des multinationales surpuissantes qui véhiculent des millions de tonnes de colis, entraînant des nuisances sonores et environnementales catastrophiques. »
Selon le ministre wallon de l’Économie Willy Borsus, il est impossible d’ignorer le commerce aujourd’hui. « La présence d’un géant du secteur en Belgique ne doit pas être vue comme une attaque, mais comme une opportunité de se développer. Ce n’est absolument pas antagoniste avec une vision circulaire de l’économie, mais complémentaire », leur répond-il.
L’exemple FedEx
Émilie Farcy ne se laisse pas démonter. Elle fait notamment référence aux rapports selon lesquels le projet ne créera finalement pas autant d’emplois qu’annoncé initialement. Elle s’interroge également sur la qualité et la durabilité des emplois ou les conditions de travail. « On le voit avec FedEx, on peut supprimer 650 emplois en un claquement de doigts », rétorque-t-elle.
L’argument social et l’absence d’alternatives proposées par ces collectifs d’opposant font bondir les syndicats. « Chacun a la liberté d’exprimer son opinion sur un projet comme celui-là. C’est même le rôle de ces collectifs de le faire. Mais jamais, en tant que syndicats, nous ne refuserons la création d’emplois. Si les conditions ne sont pas optimales, ce sera à nous de les défendre et de les améliorer », affirme Thierry Grignard, président de FGTB Métal Liège-Luxembourg.
« Heureusement qu’il y a cet investissement pour compenser le départ partiel de FedEx », renchérit Anne-Marie Dierckx (CNE). « D’accord, ce sont des conditions de travail assez dures, mais nous faisons en sorte de les améliorer. Et surtout, ce type de jobs s’adresse à une catégorie de population très peu qualifiée, qui, sans cela, ne trouverait rien. »