La crise sanitaire accélère l’innovation dans un secteur horeca qui en a cruellement besoin. L’avenir appartient à des concepts de franchise forts assortis d’une histoire de marque distinctive. Les formules dépassées sont contraintes de se réinventer.
Faillites imminentes
Y a-t-il une vie après la fermeture de la majorité des entreprises horeca belges ? Le tableau brossé par l’expert en food-services Eddy Bovijn (Food In Mind) est mitigé. Il a sondé les attentes de 120 acteurs clés dans tous les segments du food-service et a compilé les résultats dans un rapport intitulé « Foodservices anno 2022 – How to arm ourselves after corona ».
On y apprend notamment que les restaurants « Quick Service » ont assez bien résisté à la crise sanitaire grâce aux plats à emporter. Dans l’ensemble, ce segment a essuyé une baisse du chiffre d’affaires de 19% et prévoit une croissance de 10% pour cette année – qui ne leur permettrait cependant pas de retrouver le niveau d’avant l’épidémie.
L’avenir semble donc incertain : « Nous craignons des faillites. Environ 20% des entreprises vont disparaître, principalement les acteurs de plus petite taille, moins organisés. Les restaurants Quick Service sont souvent confrontés à des frais de personnel élevés, mais des investissements dans la technologie peuvent cependant contribuer à les réduire. Les restaurants achètent plus souvent des composants de repas et des produits semi-finis. Les fabricants de produits surgelés, en particulier, font de bonnes affaires. »
Plats à emporter
Les services de plats à emporter ont également aidé les meilleurs restaurants à survivre : ils ont perdu en moyenne 40% de leur chiffre d’affaires l’année dernière et espèrent reprendre le terrain perdu cette année. La hype des plats à emporter devrait rapidement s’estomper une fois que les restaurants pourront rouvrir leurs portes, pense Eddy Bovijn. « Les gens commencent à s’en lasser. Et 70% des consommateurs n’achètent jamais de plats à emporter. De plus, 14% des Belges affirment qu’ils sortiront plus souvent au restaurant une fois qu’ils seront vaccinés qu’avant la crise, selon une enquête post-corona menée par Food in Mind et iVOX. »
Les restaurants routiers ont vu leur chiffre d’affaires s’effondrer de 47% et prévoient une reprise de 20% cette année. Ils ont beaucoup souffert de la baisse du trafic. Et eux aussi ont dû passer à un concept préemballé. Les formules de buffet ne sont pas une option en période de crise sanitaire, et elles pourraient ne pas survivre à l’épidémie – du moins sous la même forme. « Ces formules doivent se réinventer. Le concept classique des Lunch Garden et autres Autogrill est dépassé. »
Les boutiques de stations-service deviennent des lieux de pause
Les boutiques de stations-service sont également à l’aube de changements majeurs, poursuit Eddy Bovijn. « Elles deviennent plus que jamais des magasins de proximité. Et les clients y passeront de plus en plus de temps à mesure que la voiture électrique se popularisera. On n’y viendra plus pour faire le plein en vitesse, mais pour recharger sa voiture – et en profiter pour travailler un peu ou manger un bout. Le Shop & Go se transformera ainsi en Eat & Go… »
Le secteur est en plein bouleversement, affirme Eddy Bovijn. La jeune génération d’entrepreneurs de l’horeca réfléchit en termes de concepts : ils surfent intelligemment sur les tendances actuelles, avec une carte réduite. « L’avenir est à une combinaison de branding performant et de concepts de franchises extensibles. Bavet en est un bon exemple, avec beaucoup d’expérience client et pourtant une grande efficacité-coût. Le secteur a besoin de compétences en gestion, de professionnalisation. Savoir cuisiner ne suffit plus : vous avez une entreprise à faire tourner. »
Food In Mind a préparé un rapport détaillé contenant des chiffres et des prévisions pour l’ensemble du marché de la restauration. Pour de plus amples informations, cliquez ici.