Après l’agitation provoquée par l’offre hostile du groupe canadien Couche-Tard, le directeur de Carrefour Alexandre Bompard veut tourner la page. « Nous sommes repartis à l’offensive », déclare-t-il. « Mais je ne vois pas de grandes opportunités en France actuellement. »
« La souveraineté française ne dépend pas de la distribution en gros »
Dans une interview accordée à chaîne économique française BFM, le CEO Alexandre Bompard a commenté les derniers résultats financiers de Carrefour et est revenu sur les négociations avec Couche-Tard, bloquées à un stade très précoce par le gouvernement français. Il aurait été irresponsable de ne pas analyser soigneusement l’offre, affirme le CEO, mais il n’en a même pas eu l’occasion : « Nous n’en étions qu’au début des discussions. Le gouvernement français s’y est opposé à un moment où aucun projet concret n’était encore sur la table. Je ne sais pas quelle position mon conseil d’administration aurait prise, je ne sais même pas ce que je leur aurais conseillé. »
Mais cela ne l’empêche pas d’égratigner les arguments du ministre de l’Économie Bruno Le Maire : « Personne ne peut imaginer que la souveraineté de la France dépende de la grande distribution. L’argument n’est pas le bon. L’industrie pharmaceutique, la défense… ce sont des industries de souveraineté. Mais ce n’est pas le cas de la grande distribution. Mais cet épisode est maintenant derrière nous », a déclaré M. Bompard : « Nous sommes repartis à l’offensive. La page est tournée. »
À la question de savoir s’il ne craignait pas que des candidats se manifestent pour Carrefour, le PDG a répondu que le retailer n’avait pas besoin d’être racheté. L’entreprise a la taille et les ressources suffisantes. « Nous avons opéré pour 800 millions d’euros d’acquisitions l’année dernière pour nous renforcer. » « Nous allons continuer à nous développer.« »Nous avons les moyens nécessaires pour réaliser nos ambitions. » Mais il écarte une prise de contrôle de Casino, qui fait l’objet de spéculations depuis un certain temps : « Nous ne voyons aucune possibilité de nous renforcer en France pour le moment. Les conditions ne sont pas réunies. Il n’est pas question de Casino ou d’une acquisition majeure en France actuellement. »