La brasserie Jupille perd Stella Artois : AB InBev a décidé de lui enlever la production de la bière pour la délocaliser aux États-Unis, à Saint-Louis. Raison invoquée : des grèves jugées excessives.
Fermé pendant un mois
Des pertes d’emplois sont à prévoir à la brasserie wallonne de Jupille. AB InBev cessera d’y produire la Stella Artois principalement destinée au marché américain. La production sera délocalisée à Saint-Louis, dans le Missouri. Vingt-neuf emplois permanents et cinquante-huit emplois temporaires sont ainsi menacés sur un total de 760 salariés.
Cette production plus locale permettra d’économiser 7 000 tonnes de CO2. Mais ce n’est pas la raison première de la décision. « Il y a trop de grèves », a confirmé sans équivoque AB InBev à De Standaard. Résultat : l’approvisionnement n’est pas suffisamment garanti. « Ces quatre dernières années, divers mouvements sociaux ont mis la brasserie à l’arrêt pendant un mois au total. Le syndicat recourt trop tôt à l’arme de la grève au lieu d’attendre la concertation sociale », a déclaré un porte-parole.
Épidémie
La brasserie de Jupille s’était ainsi mise en grève en septembre dernier : après qu’une douzaine d’employés ont été infectés par le coronavirus, les syndicats ont estimé que le personnel n’était pas suffisamment protégé et que la direction était intervenue trop tard. Le pourrissement du conflit avait entraîné dix jours d’arrêt de travail et AB InBev a fini par envoyer un huissier et brandir la menace d’amendes.
Bien que la porte-parole Laure Stuyck affirme que les relations avec les syndicats sont plus apaisées dans les brasseries de Louvain et de Hoegaarden, les magasiniers de ces deux sites avaient participé aux actions de septembre par solidarité. « La référence aux grèves est un prétexte. AB InBev mène une politique antisyndicale dans le monde entier », a répondu Patrick Rehan (FGTB).