Le secteur de la mode dépend encore fortement des matières synthétiques, comme le polyester, qui sont très polluantes. Une nouvelle étude appelle l’Europe à agir et même à associer les aides Covid-19 aux objectifs climatiques.
Les combustibles fossiles dans l’habillement
« Peu de consommateurs sont conscients que la mode rapide est une mode fossile », déclare Urska Trunk, de la Fondation Changing Markets, suite à la publication d’un nouveau rapport qui indique que l’utilisation des fibres synthétiques, notamment le polyester, dans le secteur textile a doublé au cours des 20 dernières années et devrait continuer à augmenter jusqu’à représenter près des trois quarts de la production mondiale totale de fibres en 2030.
« La dépendance des marques de mode au polyester bon marché et autres fibres dérivées du pétrole se consolide alors que le monde se distance des combustibles fossiles. Mais au lieu de s’éloigner des fibres synthétiques, catastrophiques sur le plan écologique, les marques veulent nous faire croire qu’elles ont la situation sous contrôle et qu’elles peuvent continuer à produire toujours plus de vêtements », peut-on lire.
Microfibres et émissions de CO2
Aujourd’hui, plus de la moitié des textiles contiendraient du polyester. Alors qu’en 2015 l’empreinte de la production de polyester s’élevait à 700 millions de tonnes de CO2, un chiffre comparable aux émissions annuelles totales du Mexique ou de 180 centrales électriques brûlant au charbon, ce chiffre devrait presque doubler d’ici à 2030.
En outre, les matériaux synthétiques sont également responsables de la libération de microfibres dans l’environnement naturel, qui ne sont pas biodégradables. L’utilisation, le lavage et l’élimination des vêtements synthétiques libèrent en effet de minuscules fibres invisibles à l’œil nu. Par conséquent, selon l’étude, on les retrouve partout aujourd’hui, des océans arctiques à 80% de l’eau courante.
Imposer des normes plus ambitieuses
Le porteur de projet Changing Markets Foundation exhorte donc la Commission européenne à prendre d’importantes mesures législatives. En effet, la Commission travaille actuellement sur une stratégie textile qui devrait être présentée dans le courant de l’année. L’ONG propose de réduire la consommation de vêtements, notamment en éloignant l’industrie de la mode des combustibles fossiles, en imposant des normes de qualité et écologiques plus ambitieuses et en rendant l’industrie textile responsable de la fin du cycle des produits.
Les entreprises de mode qui veulent bénéficier des mesures d’aide pour le Covid ne devraient être financées que si les marques promettent de devenir plus durables et si le financement n’est pas utilisé pour « soutenir le modèle de mode rapide défaillant », affirme encore Trunk.