Les food-retailers pourraient se démener un peu plus pour leurs clients, car ceux-ci ne feront plus de cadeau. Mais que penser d’un fabricant de biscuits qui imite un brasseur, ou d’un secteur laitier qui décrète une interdiction ? Filet Pur vous le révèle en exclusivité !
Combat d’arrière-garde
Lobbying niveau avancé : le secteur laitier européen n’a plus rien à apprendre dans ce domaine. Ils ont déjà suivi la formation et elle a porté ses fruits. Alors que l’industrie de la viande a plaidé en vain pour que l’interdise la dénomination « burger végétal » l’an dernier, les producteurs de lait ont obtenu depuis longtemps que le lait d’avoine ne puisse plus être appelé lait, ni la crème de soja appelée crème. Mais ils veulent aller plus loin : ils demandent désormais l’interdiction d’utiliser des bouteilles, des pots de crème et des cartons de lait pour les alternatives végétales. Sans blague. Ils n’ont qu’à emballer leurs ersatz dans des chaussettes en laine de chèvre, peut-on presque les entendre penser.
Ce, dans le seul but de protéger le consommateur distrait qui pourrait être induit en erreur, évidemment, qu’alliez-vous penser… C’est un sacré combat d’arrière-garde qu’ils mènent là-bas. Maintenant, la peur est palpable chez les producteurs de lait : les substituts végétaux se vendent comme des petits pains, avec une part de marché qui se rapproche des 15% en Occident. Pourquoi ne pas demander leur interdiction pure et simple, tant qu’on y est ? Pfff…. Le simple fait que le Conseil de l’Europe envisage de discuter sérieusement de ce fameux amendement 171 est suffisamment absurde. Curieux de voir ce qui en sortira.
Plagiat
Si quelqu’un a besoin de lobbyistes compétents, c’est bien Mondelez. Parce que tata Vestager n’est pas très contente. Elle accuse le fabricant de biscuits d’alimenter une pénurie afin d’augmenter les prix. Plus exactement, la multinationale aurait empêché ses grossistes de vendre ses produits dans d’autres pays de l’UE, où des conditions tarifaires différentes sont parfois d’application. Le terme officiel est « restriction territoriale de l’offre », mais ici, on préfère « faire un AB InBev ». En 2019, le brasseur avait en effet écopé d’une amende de 200 millions d’euros pour des Jupiler trop chères, si vous vous rappelez. Comme si le prix de la Jup’ avait baissé depuis. Exactement.
Il y a d’ailleurs une autre raison pour laquelle Mondelez est sous le feu des critiques : c’est l’un de ces grands fabricants de chocolat qui ne semblent pas disposés à mettre un terme au travail des enfants et à l’esclavage dans la chaîne de production du chocolat. Et ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais Tony’s Chocolonely, à qui il arrive de s’adonner au plagiat pour la bonne cause, avec des tablettes dont les emballages rappellent beaucoup les Twix, Toblerone, KitKat et Ferrero Rocher, autres produits fabriqués dans des conditions pas toujours casher.
Œufs en chocolat
Non, ils n’ont pas demandé la permission. Et oui, il est peu vraisemblable que les grands producteurs changent soudainement de stratégie. En revanche, un procès pour contrefaçon est hautement probable. Quoique : chez Nestlé, on a déjà répondu qu’on ne se sentait pas concerné. Tony a d’ailleurs reçu le soutien explicite de Delhaize et d’Albert Heijn. Logique : ils utilisent la plate-forme de Tony pour produire leur chocolat Delicata, et ils en sont très heureux : les ventes ont augmenté de 35% l’année dernière. Oui, c’est de là que viennent les kilos du confinement.
Si vous voulez vous faire du bien, faites-le au moins de manière durable, dit-on d’ailleurs chez Nestlé. C’est pourquoi les Smarties seront désormais proposés dans des emballages en papier sûrs, pratiques et recyclables. Rien qu’en Belgique, cela représente une économie annuelle de 2,7 tonnes de plastique. Une belle initiative de l’infatigable Alexander von Maillot, bien connu ici comme ancien CEO de Nestlé Belgique et Luxembourg.
Snacks durables
Si vous avez une petite faim, préférez les légumes. C’est le discours de Beyond Meat et PepsiCo, qui veulent au moins s’assurer que nos kilos superflus ne constitueront pas une charge supplémentaire pour l’environnement dans un avenir proche. Les Lays Classic Burger seront donc bientôt remplacés par des Lays Beyond Burger, si nous avons tout compris. Mais pour rendre végans leurs chips au Pickles, ils vont devoir trouver un autre partenaire. Alpro par exemple. C’est juste une suggestion.
Et si vous voulez savoir pourquoi, vous devez installer d’urgence la nouvelle application SmartWithFood. Cette spin-off du Groupe Colruyt a bénéficié d’une mise à niveau majeure : non contente de donner des informations sur les ingrédients et le Nutri-Score des différents produits, elle veut carrément devenir un coach nutritionnel personnel à part entière. En proposant notamment des recettes personnalisées, un planificateur de menus et des conseils de santé. Oui, certains ont besoin d’une application pour leur dire qu’ils feraient mieux de ne pas abuser des chips.
Frimeurs
Nous sommes allés faire nos courses dans le Limbourg. Un déplacement essentiel, ça faisait longtemps. Et nous avons appris quelque chose. Vous connaissez ces envahissants Hollandais qui se sont lancés à l’assaut de la grande distribution belge… Ce n’est pas seulement qu’ils font pression sur les prix et intensifient la concurrence. Ils nous obligent à travailler plus. Voici le problème : Albert Heijn et Jumbo, ce sont de petits frimeurs qui ne cessent de surprendre leurs clients avec des offres folles, des produits originaux et des rayons inspirants. Il était donc urgent que les supermarchés belges, qui ont cru pendant des décennies qu’il suffisait de mettre leur stock dans les rayons, réagissent. Chez Lambrechts, on a compris : le nouveau magasin pilote Spar n’est sans doute pas visionnaire, mais en termes de variété et de petites attentions pour les clients, ils se posent.
Reste que développer une nouvelle approche comme celle-là, c’est du boulot. Mais ne dit-on pas que la gestion d’une entreprise s’assimile à du sport de haut niveau ? Seuls les directeurs de supermarchés en grande forme pourront survivre à cette concurrence féroce. Pas étonnant dans ces conditions que l’ancien vainqueur du Tour des Flandres Nick Nuyens semble être né pour le commerce : il vient d’ouvrir son deuxième Carrefour Market. Même s’il faut ajouter que ce n’est pas lui qui place les bacs de choux de Bruxelles dans le rayon légumes.
Bière éventée
Supprimé : le préservatif pour concombre. Du moins, pour la variété bio chez Delhaize. Désormais, les concombres seront tatoués. Certes, le procédé n’est pas tout à fait neuf – on trouvait déjà des citrouilles assorties de ce genre d’étiquette branchée dans les rayons – mais on peut désormais l’appliquer à des légumes à la peau plus fine. De quoi économiser environ 92 tonnes de déchets plastiques par an. C’est un début.
De toute façon, il n’y avait qu’un seul sujet dans l’actualité de cette semaine, n’est-ce pas ? La sortie de l’édition anniversaire de la meilleure bière au monde a suscité de nombreuses réactions. Pour la plupart enthousiastes, reconnaissons-le. Tout le monde veut goûter cette version « douce et ronde » de la Duvel classique, avec un taux d’alcool diabolique de 6,66%. Ou presque. Dans les bureaux par ailleurs presque vides de RetailDetail, nous avons trouvé le traditionnel pisse-froid, notre célèbre Captain of retail. « Qu’est-ce que c’est que cette bibine ? C’est pour les enfants ? 6,66% ? Ils auraient au moins pu essayer 66,6% ? Pas question que je boive cette eau parfumée ! » Nous ne nous le sommes pas fait dire deux fois : les échantillons sont au frigo, prêts pour une dégustation experte. Nous vous tiendrons au courant. À la semaine prochaine !
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