Les négociations entre Carrefour et Couche-Tard ont échoué. Les deux entreprises veulent toutefois examiner comment elles pourraient collaborer plus étroitement à l’avenir.
Souveraineté alimentaire
Samedi soir, Carrefour et Couche-tard ont annoncé dans une déclaration commune qu’elles interrompaient leurs discussions sur une éventuelle prise de contrôle « au vu des récents événements ». Les deux entreprises faisaient sans doute référence à l’intervention du ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, qui, à la télévision, avait qualifié la chaîne de supermarchés française de « maillon essentiel de la sécurité alimentaire des Français et de la souveraineté alimentaire » et était un fervent opposant à la prise de contrôle.
En 1999, le gouvernement français avait adopté un décret empêchant les investisseurs non européens de contrôler plus d’un quart des droits de vote des sociétés françaises cotées dans certains secteurs. Il s’agit notamment des entreprises actives « dans la production, la transformation et la distribution » de produits agricoles quand ces activités contribuent aux « objectifs nationaux de sécurité alimentaire ». Le seuil de 25% a été abaissé à 10% au début de la crise sanitaire, la crise rendant certaines entreprises plus vulnérables aux rachats étrangers.
Selon Barclays Capital, le gouvernement français s’inquiétait surtout de l’impact potentiel d’une acquisition sur l’emploi chez Carrefour et ses fournisseurs, y compris les agriculteurs. La chaîne française est le premier employeur privé de France avec environ 100 000 salariés et le deuxième distributeur de denrées alimentaires du pays. De plus, des élections présidentielles sont au programme l’année prochaine.
Promesses
Dans une ultime tentative de convaincre Carrefour, la direction de Couche-Tard aurait fait de nombreuses promesses au gouvernement français vendredi soir. Les Canadiens auraient ainsi annoncé trois milliards d’euros d’investissements dans les magasins Carrefour au cours des cinq prochaines années. Ils auraient également promis de ne pas supprimer d’emplois pendant au moins deux ans et de maintenir le siège de la chaîne de supermarchés en France. Mais cela n’a manifestement pas suffi à convaincre le gouvernement français.
Carrefour et Couche-Tard examinent actuellement comment ils peuvent intensifier leur collaboration à l’avenir. Les deux groupes envisagent notamment de partager de bonnes pratiques dans la distribution de carburant, de développer des achats en commun, de conclure des partenariats sur le développement et la commercialisation de marques de distributeurs, de partager de l’expertise et de lancer des innovations destinées améliorer l’expérience client, et d’optimiser la distribution de produits sur les géographies communes aux deux groupes.
Les observateurs n’ont jamais vraiment cru à une fusion : ils ne voyaient guère de synergies potentielles et pensent qu’il existe des partenaires plus appropriés pour Carrefour.