La crise du coronavirus a généré une transition numérique dans les secteurs des produits de grande consommation et des services de restauration, mais qui dit vente en ligne dit obligatoirement données et photos précises. « Une identification fiable devient votre permis de conduire pour monter sur l’autoroute numérique », prévient Jan Somers, de GS1.
Importance des photos
« La numérisation est un processus lent et ardu pour les détaillants. En Belgique, ils s’y sont finalement mis trop tard, d’où la prépondérance des marchés étrangers. Il est urgent que les fournisseurs comprennent que les détaillants ont besoin de données structurées pour vendre leurs produits », déclare Jan Somers, PDG de GS1 Belgique & Luxembourg. L’organisation, qui accompagne les entreprises dans l’échange de données, a enregistré une explosion de son nombre de membres en période de coronavirus, en raison de la croissance exponentielle du commerce électronique et du lancement de bol.com en Belgique francophone.
Somers insiste depuis longtemps sur l’importance de données produit normalisées et constate aujourd’hui l’importance croissante des photos. « Le commerce de détail et les services de restauration n’ont d’autre choix que d’utiliser des photos : des packshots, des images « mobile hero » facilement reconnaissables pour les acheteurs utilisant un smartphone, des images à 360°, des photos des rayons… Aujourd’hui, les données n’ont aucune valeur sans photo. Un processus automatisé d’échange de photos est donc également indispensable. Grâce à notre outil, ces images sont directement partagées dans le logiciel SAP ou tout autre système du détaillant : plus besoin de perdre du temps sur des e-mails trop lourds, des fichiers ZIP ou des liens WeTransfer. »
Contrôle de la qualité des données
GS1 a développé « My Product Manager » (MPM), une plateforme conviviale qui permet aux fournisseurs de partager facilement leurs données de base et leurs photos avec leurs clients. Elle inclut deux volets. My Product Manager Identify est l’outil permettant de demander des numéros d’identification, tels que les célèbres codes-barres EAN. « Le processus est désormais entièrement numérisé : il suffit de créer des fiches de produits et de demander des codes, qui sont ensuite également téléchargés dans le registre mondial, sur lequel tout le monde peut télécharger son passeport produit de manière normalisée et consulter les passeports produits via MPM. GS1 a également adapté son offre avec un prix attractif : dix codes-barres EAN pour 55 euros par an, à condition d’avoir un chiffre d’affaires limité. »
Le deuxième volet est le « My Product Manager Share », qui permet aux entreprises de partager leurs données avec les détaillants, les entreprises de restauration, les acteurs du commerce électronique, les places de marché ou le GDSN (Réseau mondial de synchronisation des données). La nouveauté de cet outil est l’obligation de fournir des packshots pour les produits de grande consommation. Il intègre également 14 000 nouvelles règles de validation, qui doivent éviter l’introduction de données erronées. « Un exemple ? Si vous saisissez un poids d’un kilo et demi pour une bouteille d’un litre et demi d’eau et que vous entrez également un poids d’un kilo et demi pour un pack de six bouteilles, le système refusera l’entrée. » GS1 a même développé une plateforme d’IA qui vérifie la qualité des données en fonction de la photo ou de l’illustration : « Nous allons comparer la photo avec les informations enregistrées dans la base de données. L’analyse est très rapide. Par exemple : du lait figure dans la liste d’ingrédients sur l’emballage, mais pas dans les allergènes sur la fiche produit ? Ça ne passe pas… »
Pas d’économie circulaire sans données
Savoir qui se cache derrière chaque code-barres EAN devient une question cruciale, souligne Jan Somers. « Qui est derrière ce produit, quelle est son origine et sa destination ? Il suffit de penser aux masques buccaux et aux vaccins. L’Europe étudie une proposition pour que les grandes places de marché assument également leurs responsabilités en matière de contrefaçon et de garantie. C’est une évolution importante. Une identification correcte et fiable devient votre permis de conduire pour monter sur l’autoroute numérique, votre passeport pour entrer dans le commerce. » Cette évolution est également liée au nouveau pacte vert européen et à l’économie circulaire : « Les consommateurs veulent savoir exactement ce que contiennent les produits, afin de mieux les recycler. Une économie circulaire n’a pas de sens si les données ne sont pas partagées de manière efficace. »
Quelque trois mille entreprises utilisent déjà la plateforme My Product Manager. Les grands détaillants sont de la partie « Et nous mettons tout en œuvre pour que l’ensemble du secteur des biens de grande consommation fournissent des données. Dans le secteur de la restauration, le groupe Sligro-ISPC est un adhérent, tout comme Bidfood et Trendy Foods. Les magasins de bricolage du Benelux sont tous de la partie, ainsi que certaines jardineries, et d’autres arrivent. »