Pourquoi 2021 sera une année désastreuse pour le commerce de détail alimentaire, quels sont les plans du « Danger jaune » et qui peut prétendre au titre du biscuitier le plus cool du moment ? Tout cela, avec un soupçon de culture, dans un Filet Pur croustillant.
Incertitude
Lundi matin, est-ce dans la bonne humeur ou à reculons que vous avez repris votre place devant votre ordinateur, en pantalon pyjama, pour la première réunion Zoom de 2021 avec vos collègues ? Je voudrais bien vous souhaiter une année paisible, mais les premiers signes sont loin d’être encourageants. Ce sera en tout cas une année difficile pour les détaillants alimentaires, qui devront remplir la mission presque impossible de battre les incroyables chiffres records de 2020. Bon courage.
Certes, cela ne devrait pas être trop difficile au premier trimestre : les restaurants ne rouvriront pas demain la veille, et l’année dernière le surstockage n’avait commencé que le 12 mars. Mais à partir du deuxième trimestre, les chaînes de supermarchés devront avoir la chance de leur côté : variants britanniques et sud-africains tenaces, stratégies de vaccination inefficaces ou politiques défaillantes, par exemple. Ils ne peuvent à priori compter assurément que sur cette dernière option. Grande incertitude, donc.
Pas une question de langue
Jouer au restaurant, voilà qui a longtemps été considéré comme la recette miracle dans le commerce de détail alimentaire. Le blurring, ou l’effacement des frontières entre le commerce de détail et l’horeca, était la tendance dominante du secteur, et ce plus ou moins jusqu’à la mi-mars de l’année dernière. Puis la réalité nous a rattrapés. Plus question de jouer au restaurant, a décidé un virus. Et pour combien de temps, nous ne pouvons que le deviner, vaccin ou pas vaccin. Cette prise de conscience est arrivée jusqu’à Veghel, où est installé le siège de Jumbo. 44 restaurants La Place sont vendus pour raisons financières. « Nous sommes principalement un détaillant », a dû admettre le PDG, Ton van Veen.
Pour le reste, le Danger jaune s’en sort plutôt bien : Une croissance du chiffre d’affaires de 15 % pour les supermarchés, nettement mieux que la plupart des autres enseignes du secteur. Et une croissance de 50 % en ligne, malgré l’absence de boutique en ligne belge. Mais il y aura bientôt des magasins Jumbo dans la lointaine Flandre occidentale. L’enseigne n’a décidément pas froid aux yeux. Et la barrière de la langue ne l’inquiète pas le moins du monde. Message à la concurrence : Préparez-vous à vous retrousser les manches !
Au régime
L’expert Boris Johnson ne livre pas seulement un combat presque désespéré contre le coronavirus, mais aussi contre les corona-kilos. Afin de mieux résister à la tentation, il a imposé, dans son intérêt et celui de ses compatriotes, des restrictions strictes : les promos « 1+1 gratuit » seront bientôt de l’histoire ancienne pour les bonbons, les chips et les sodas. Tous les produits contenant trop de graisse, de sel ou de sucre seront concernés par cette restriction. Les britanniques se donnent jusqu’à avril 2022 pour déterminer quels produits seront ainsi « confinés ».
Également au régime : Nutella. Désormais, la célèbre pâte à tartiner est présentée dans des pots plus petits. Pour nous aider à limiter notre apport quotidien en sucre et en huile de palme ? Pas vraiment. Les coûts ont augmenté, et puisque ni les consommateurs ni les acheteurs des chaînes de supermarchés n’apprécient les hausses de prix, Ferrero opte pour la stratégie éprouvée de la « shrinkflation ». Moins pour le même prix, en somme. Étonnant que les portions ne soient pas réduites en France, où se trouve l’usine. Tiens tiens.
L’authenticité, une astuce marketing
L’amincissement, Unilever s’y attèle depuis un certain temps. Tous ceux qui ne sont pas assez performants sont implacablement mis à la porte. C’est également le cas de Bertolli, une marque qui n’a d’italien que le nom, il faut le préciser. L’authenticité, une astuce de marketing. Un bel exemple de « fake it till you make it ». Le repreneur, Enrico-Glasbest, a certes de beaux produits, mais rien qui ne se rapproche d’une marque.
Quant à l’authenticité de la streetfood thaïlandaise de Pitaya, nous n’avons pas encore pu l’éprouver. Confinement ou non, la chaîne française fait de l’optimisme une obligation morale et veut ouvrir 30 restaurants en Belgique, 35 aux Pays-Bas et 5 au Luxembourg. Un restaurant devrait ouvrir à Anvers… Peut-être bientôt une séance de mystery shopping. Nous n’avons pas non plus eu l’occasion de tester la qualité de New York Pizza qui, en parlant d’authenticité, ne vient pas de New York mais d’Amsterdam, et qui veut ouvrir dix restaurants en Flandre cette année. Le premier a d’ailleurs ouvert à Louvain.
Biscuitier cool
Le biscuitier le plus cool du moment est désormais Jan Boone, qui investit dans un producteur américain de biscuits sains, tout comme l’ont notamment fait Jay-Z et Rihanna. Des gourmandises sans gluten, noix, produits laitiers, poisson ni soja, mais riches en street credibility. L’application anti-gaspillage Too Good to Go convoite également le marché américain après une levée de fonds réussie qui a récolté plus de 25 millions d’euros.
Et le Nutri-Score a désormais un cousin : une coalition d’applications alimentaires et de webshops lance l’éco-score, qui tient compte de l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de la production à l’emballage et au transport. En France, certes, mais c’est là qu’est né le Nutri-Score, aujourd’hui en passe de conquérir l’Europe. Simple hypothèse : les multinationales vont commencer par s’y opposer, tandis que les détaillants intelligents seront ravis d’apposer un tel label sur leurs marques propres. Colruyt, peut-être ? Dans une interview, Jef définit l’importance de la durabilité en tant que mentalité pour son magasin : « Pas une connerie ! » Véridique.
Fausse viande
Pour bon nombre de consommateurs, janvier est le mois des bonnes résolutions, bien que la plupart baissent les bras au bout de deux semaines à peine. Veganuary, l’action qui encourage la population à ne manger que des produits végétariens pendant un mois, fait fureur au Royaume-Uni, avec plus d’un demi-million de participants et notamment une véritable boucherie végane tout en élégance chez ASDA. Nos détaillants alimentaires belges sont plus modestes, avec quelques promotions sur les hamburgers de légumes et les boissons au soja.
Et ce n’est rien comparé à la sympathique vidéo réalisée par le fabricant allemand de substituts de viande, LikeMeat, mettant en scène le chanteur de Rammstein en personne, Till Lindemann. C’est donc à ça que ressemble quelqu’un qui mange un hamburger végétarien avec du ketchup. Et pour ceux qui se demandent où cette vidéo veut en venir : il s’agit d’une parodie ironique d’une scène quasi identique avec l’icône du pop art Andy Warhol. Qui lui mangeait de la véritable viande, puisque l’Impossible Whopper n’avait pas encore vu le jour. Voilà, vous avez même reçu votre leçon de culture de la semaine. Avec plaisir, et à la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour recevoir la newsletter gratuite de RetailDetail Food.