Dire que la crise du coronavirus a donné un énorme coup de fouet à l’e-commerce est enfoncé une porte ouverte. L’Unizo a récemment voulu accoler des chiffres à ce mouvement de rattrapage.
9 sur 10 en ligne
À cette fin, l’organisation de défense des PME a interrogé 1 115 commerçants en Flandre et à Bruxelles. Il faut souligner que l’enquête se concentrait exclusivement sur les commerçants qui vendent des biens physiques aux consommateurs. Les services comme les voyages, l’hébergement et les billets n’y étaient pas inclus.
Premier constat : 91 % des commerçants sont présents en ligne, avec un site web et/ou via les médias sociaux. L’écrasante majorité d’entre eux sont donc conscients qu’une telle présence est désormais indispensable. Les commerces de produits alimentaires (17 %) sont plus souvent absents de l’Internet que ceux actifs dans le non-food (8 %).
Social selling
55 % des commerçants interrogés ont également indiqué vendre effectivement en ligne. Il y a deux ans, ce n’était que 45 %. Attention : ces ventes ne passent pas nécessairement par une boutique en ligne. Le social selling (vente via les médias sociaux) est en plein essor. Parmi les commerçants qui vendent en ligne, 70 % le font (aussi) via les médias sociaux. C’est une tendance très notable qu’ils n’étaient que 44 % à le faire en 2018. Les ventes sur des marketplaces en ligne comme eBay, par exemple, sont en revanche en baisse.
Un groupe important de commerçants – environ 45 % – ne vendent toujours pas en ligne. La plupart parce qu’ils pensent que leurs produits n’est pas adapté à l’e-commerce. C’est l’argument invoqué par plus d’un tiers des non-believers. Le manque de temps ou de connaissances empêche également de nombreux commerçants (33 %) d’adopter l’e-commerce. « Malgré les progrès importants que nous avons réalisés, il nous reste donc un gros travail de sensibilisation et de soutien à accomplir pour persuader encore plus de commerçants indépendants de vendre en ligne », a déclaré Danny Van Assche, administrateur délégué d’Unizo.
Pour la majorité des commerçants qui l’ont adopté, l’e-commerce électronique reste un véritable défi. 64 % d’entre eux disent assurer eux-mêmes la mise à jour de leur webshop ou de leur canal de vente en ligne. L’e-commerce exige également de nombreuses compétences nouvelles dans des domaines comme le marketing ou la logistique. Résultat : un quart des commerçants n’y gagnent rien, parce que les revenus ne compensent pas les coûts. Mais la moitié d’entre eux voient leur chiffre d’affaires en ligne augmenter en 2021.
Menaces
Unizo a également sondé les principales menaces qui pèsent sur l’e-commerce local. En première place, on trouve la concurrence des grandes boutiques en ligne internationales. Mais de nombreux commerçants pointent également le coût très élevé par rapport au chiffre d’affaires et trouvent qu’il est difficile de se faire remarquer sur Internet. « Le moins que nous puissions demander, ce sont des conditions équitables pour tous ceux qui pratiquent l’e-commerce chez nous », réagit Danny Van Assche. « Que ces grands acteurs de l’e-commerce paient également des impôts ici, ce qui pourrait réduire la charge fiscale de nos entrepreneurs. Assurez-vous également qu’ils respectent notre législation en matière de garantie, les règles en matière de retours et les obligations environnementales. Ce sont autant de contraintes auxquels les acteurs non européens échappent totalement. Il s’agit d’un défi non seulement pour nos commerçants indépendants, mais aussi pour nos décideurs politiques », conclut-il.