Une chaleureuse ambiance de Noël est déjà de mise dans le secteur des produits de grande consommation, avec le pouvoir d’achat du consommateur comme enjeu. Virus ou pas virus, le commerce de détail alimentaire est encore en guerre. Filet Pur joue le rôle de messager entre les tranchées.
« ¡No pasarán ! »
Alors que les familles tirent à la courte paille quelle personne de leur bulle de contacts rapprochés inviter chez quelle grand-mère pour le soir de Noël, les festivités de fin d’année battent déjà leur plein entre les détaillants alimentaires et leurs fournisseurs de marque préférés, comme vous le savez. Si ces négociations annuelles ne se déroulent pas forcément dans la bonne ambiance de Noël, elles sont indéniablement animées. Les fabricants qui pensent qu’ils peuvent simplement répercuter la facture salée du coronavirus sur le supermarché, et donc au final sur le consommateur, feraient mieux de lâcher l’affaire.
Car ces détaillants alimentaires sont unanimes : « ¡No pasarán ! » Cela a encore été martelé hier à l’occasion du Trade & Shopper Marketing Congress de RetailDetail et LD&Co, un événement organisé 100% dans le respect des mesures anti-coronavirus qui a offert aux participants des présentations de haut vol. L’intervention de Raffael Li Preti, le directeur des achats du département frais chez Delhaize, pourtant extrêmement aimable, a été on ne peut plus clair : il s’est étonné que certains fabricants soient à ce point en marge du marché par rapport à des concurrents de la même catégorie. Et qu’on ne s’y trompe pas, a-t-il ajouté : les aliments sains resteront abordables pour tout le monde. À Halle et à Evere, ils sont d’ailleurs sûrement d’accords. Vous voilà prévenus.
Huîtres et mousse au chocolat
Quoi qu’il en soit, les supermarchés doivent en priorité tirer le meilleur parti de la période de Noël dans les semaines à venir. Ils ne vendront pas beaucoup de dindes charnues cette année, pas plus que de magnums de vin et de champagne. En effet, les Belges sont censés passer le réveillon de Noël dans la plus grande intimité, partageant tout au plus une bouteille de bulles avec une bulle limitée à seulement deux contacts rapprochés. Cela peut bien sûr déboucher sur des soirées passionnantes, mais reste à voir si cela profitera aux ventes alimentaires.
Delhaize s’est préparé : le détaillant a pris les devants et a décidé de conditionner sa mousse au chocolat en modestes portions de 500 grammes au lieu d’un kilo, ce qui est tout de même un peu plus facile à digérer après un repas de fête. Et rien de mieux pour compenser ces kilocalories que des huîtres avec un bon Nutri-Score : c’est ce que révèle le communiqué de presse. Cependant, certains journalistes ont fait la grimace en découvrant le Guide des fêtes Delhaize : le titre « Passer les fêtes ensemble, c’est le plus beau des cadeaux ! » est à leur goût un peu cynique au vu des circonstances. Oh, ce n’était qu’un attrape-clics, voilà tout. Mais chez Filet Pur, nous ne cherchons pas midi à quatorze heures. Sur la couverture, on voit deux enfants avec, en arrière-plan, leur mère (présumée) dans un flou artistique. Une bulle parfaite, n’est-ce pas ? J’imagine Frank Vandenbroucke hocher la tête en signe d’approbation.
Tomates cerises de l’usine de bonbons
Quoi qu’il en soit, les supermarchés s’attendent à une énorme ruée de fin d’année et ont donc investi massivement pour augmenter leur capacité en ligne. Ils en auront besoin. Mais ils ont aussi de la concurrence. Chez la multinationale Kraft Heinz , par exemple, ils pensent pouvoir s’en sortir mieux seuls : après un test réussi aux Pays-Bas, le fabricant de Honig se dit prêt pour la livraison à domicile de repas frais dans toute l’Europe. Le modèle Nespresso, en somme : directement au consommateur, sans l’intervention de ces ennuyeux supermarchés.
De plus en plus d’agriculteurs commencent à s’intéresser à cette approche directe. Les agriculteurs et les horticulteurs, qui ne se satisfont plus de l’aumône que leur versent pour leur dur labeur les grands distributeurs alimentaires, ouvrent leur propre boutique. Le nombre de magasins fermiers explose dans notre pays. La chaîne courte est plus tendance que jamais. Et éducative, en plus : au moins, nos enfants apprennent que les tomates cerises ne proviennent pas d’une usine de bonbons.
Complètement anéanti
Auteur d’un communiqué de presse alarmant cette semaine : Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge. Presque un cri de désespoir. Quatre milliards d’euros sont déjà passés sous le nez des entreprises alimentaires belges à cause de ce satané virus, et ce sans compter l’arrivée imminente du Brexit. Pas d’amélioration en vue pour le moment, donc, et malgré les restrictions anti-coronavirus, les gens achètent encore massivement de l’autre côté de la frontière, où les droits d’accise sur l’alcool sont moins élevés et où les boissons non alcoolisées ne sont pas assorties d’une taxe insensée sur le sucre. Et ces détaillants alimentaires qui n’accepteront pas non plus une augmentation des tarifs ? Déprimant.
Une chose est sûre : l’avenir de l’industrie alimentaire ne peut être que circulaire. C’est du moins ce dont est convaincu le géant alimentaire Nestlé, qui atteindra la neutralité climatique d’ici à 2050. Et cela a un coût : trois milliards d’euros seront investis pour prendre des mesures importantes en faveur de l’agriculture régénératrice et des énergies renouvelables. « La lutte contre le changement climatique ne peut pas attendre, et nous non plus », déclare le PDG Schneider. Une fois le monde complètement anéanti, il ne sera plus question de business, bien entendu. PepsiCo en est également conscient : les fabricants de boissons étant souvent accusés d’être avant tout des vendeurs de plastique, toutes les bouteilles devront être fabriquées avec 100% de plastique recyclé d’ici à 2022 en Belgique. L’objectif : « contribuer à bâtir un monde où le plastique ne devient jamais un déchet. »
Nuggets de laboratoire
Pendant ce temps, au menu de Noël à Singapour : du poulet sans poulet. Intriguant : un poulet sans tête, c’est encore concevable, mais ça ? Eh bien, cette ville et État insulaire plutôt futuriste d’Asie du Sud-Est devient le premier pays au monde à autoriser la culture et la vente de viande de laboratoire. Des nuggets qui ne coûtent pas leur tête aux poulets : la viande est cultivée dans des bioréacteurs. Respectueux des animaux et de l’environnement, soi disant. Chers, aussi. Savoureux ? C’est secondaire, apparemment. Il faudra un certain temps avant qu’ils ne figurent au menu de McDonald’s , bien que dans notre pays la chaîne de restaurants continue à ouvrir de nombreux nouveaux restaurants dont les portes restent cependant fermées.
Comme l’a fait remarquer le grand auteur de science-fiction William Gibson : « The future is already here – it’s just not evenly distributed. » Bientôt un Filet Pur de laboratoire également ? Cela me permettrait d’alléger ma charge de travail le vendredi matin. Mais ce serait aussi moins amusant. C’est toujours un peu comme ça. À la semaine prochaine !
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