Cette année, le Black Friday est rudement secoué : malgré les nombreux appels à sa suppression, le jour des promotions importé des États-Unis revêt même le vert et rouge. Toutes les couleurs sauf le noir, donc, mais Google peut y remédier.
Vendredi transparent
Cette année, le « Black Friday », la journée des bonnes affaires originaire des États-Unis, est plus controversé que jamais. Le jour de promotions s’accompagne inévitablement d’une ruée dans les rues commerçantes et du chaos dans les grands magasins. Comment gérer cela en pleine crise du coronavirus, alors que dans certains pays les magasins sont en plus fermés ?
En France, ce vendredi sera donc transparent : en consultation avec le secteur du commerce de détail, le vendredi noir est reporté pour laisser aux magasins physiques la possibilité d’y participer. Il ne serait pas juste que seuls les acteurs numériques puissent prendre part aux festivités du vendredi des bonnes affaires, n’est-ce pas ? Tous les magasins pourront donc rouvrir spécialement pour le Black Friday, qui aura lieu le 4 décembre. Même Amazon la joue fair-play.
Cela nous amène donc à la question suivante, que doit faire la Belgique ? Ne devrions-nous pas également le reporter, a prudemment suggéré le Conseil des ministres, une semaine avant la date. Si les magasins peuvent également ouvrir ici, ont répondu les détaillants, plein d’espoir. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer, ont-ils probablement répondu, car la requête des ministres a rapidement essuyé un « njet ».
Le rouge pour les commerçants dans le rouge
Bol.com, magnanime, annonce néanmoins l’interruption de sa campagne Black Friday en Belgique, par solidarité avec les magasins physiques fermés. Mais il a oublié de mentionner que les actions sur le webshop se poursuivent malgré tout.
En réaction, Mode Unie prône le Red Friday, un appel au sauvetage des commerçants indépendants. « Les détaillants locaux du prêt-à-porter ne font pas le poids face aux géants en ligne. Ces derniers peuvent accorder des réductions impressionnantes parce qu’ils travaillent avec des marges différentes, et investir beaucoup d’argent dans de grandes campagnes de promotion nationales », explique la directrice, Isolde Delanghe.
Mode Unie appelle les consommateurs à acheter « massivement » localement vendredi prochain, même si ce n’est pas dans les magasins physiques. « Est-ce que Mode Unie plaide pour la suppression des réductions et la non consommation les jours de promotions tels que le Black Friday ? Pas du tout. Nous appelons au bon sens ! Et nous demandons au consommateur d’y réfléchir à deux fois avant de choisir l’endroit où il fait ses achats. »
Le vert n’handicape pas la marge
Chez Ikea et Dill & Camomile, ils se frottent les mains. Et si vous n’aviez même pas besoin d’accorder des réductions pour vous ériger en héros ? Vous en faites un Green Friday, précisément. « Chez nous, le bonheur ne réside pas dans les promotions », voilà comment Hans Geels, PDG de Dille & Kamille, résume la philosophie de presque tous les détaillants. Qu’est-ce qui fait donc le bonheur de la chaîne hollandaise ? La plantation d’arbres : le 27 novembre, l’entreprise fera planter une nouvelle forêt.
Dille & Kamille a également rallié d’autres entreprises à sa cause, identifiables grâce au logo du Green Friday. Parmi elles, Décathlon, qui sans hésiter « dit non au Vendredi noir », non pas par souci écologique, mais parce que « les grandes actions de promotions ne profitent pas forcément au chiffre d’affaires de l’année en cours ». Et plus encore : « les détaillants se tirent même une balle dans le pied en proposant des réductions inutiles sur certains produits ». En outre, les réductions supplémentaires, c’est « contraire à la philosophie d’entreprise de Decathlon. » Voilà qui est dit.
Ikea fait même travailler les consommateurs le jour du Black Friday : s’ils démontent les vieilles bibliothèques et les vieux bureaux qu’ils ont eux-mêmes montés, ils peuvent les ramener à la chaîne de magasins d’intérieur. En échange, ils reçoivent un bon d’achat.
« Back to black » avec Google
D’un vendredi rouge à un vendredi vert, où est donc passé le noir ? Dans le contexte du « Black Lives Matter », cela peut avoir des airs de discrimination. Et Google entend bien y mettre un terme : le moteur de recherche et l’ancien chanteur des Fugees, Wyclef Jean, unissent leurs forces dans la campagne #BlackOwnedFriday, qui met à l’honneur des entreprises détenues par des Afro-Américains.
Selon les calculs, elles sont particulièrement affectées par la crise du coronavirus aux États-Unis. C’est pourquoi le géant de la technologie diffuse une série de publicités et, depuis le 16 octobre, met en avant les entreprises « appartenant à des noirs » par l’intermédiaire de ses canaux de réseaux sociaux tous les vendredis. Cette année, il semble que le Vendredi saint tombe très tôt… ou très tard, ça dépend.