La chaîne de magasins Mega World est-elle impliquée dans des affaires de faux en écriture, falsification des comptes annuels et abus de biens sociaux ? Le tribunal ouvre une enquête judiciaire ; le propriétaire, Dirk Bron, plaide innocent.
Flux financiers suspects
Un juge d’instruction va enquêter sur d’éventuels actes frauduleux chez Mega World, la chaîne qui a remplacé les magasins belges de Blokker. C’est ce qu’a décidé le parquet hier, après que le syndicat ACV Puls a déposé un dossier faisant entre autres état de flux financiers suspects vers des comptes à l’étranger, notamment à Monaco. Le propriétaire, Dirk Bron, est soupçonné de faux en écriture, d’usage de faux, de falsification des comptes annuels et d’abus de biens sociaux. Il encourt ainsi une peine de cinq ans de prison.
Le détaillant a un arriéré d’environ 10 millions d’euros envers l’État, car il n’a pas encore versé de TVA, de cotisations sociales ou d’impôts depuis le rachat. En outre, il serait question de quelque 35 millions d’euros de dettes, alors que Dirk Bron avait racheté l’entreprise sans dette, avec 15 millions d’euros de stocks et 5 millions de liquidités.
« Je suis clean »
L’acquéreur nie toute éventuelle fraude. « Tout va bien, je suis tout à fait clean. S’il s’agit d’erreurs de l’année dernière, je ne suis pas responsable. Elles doivent provenir d’Amsterdam, de la holding Blokker », a-t-il déclaré à De Tijd. Aux Pays-Bas, l’homme d’affaires a à son tour introduit un recours contre le propriétaire de Blokker, Michiel Witteveen, du groupe Mirage Retail : il demande l’annulation du contrat de vente pour motif de fraude. Bron se sent lésé et affirme que Witteveen a vidé les caisses de Blokker Belgique avant la vente.
Hier, le tribunal de l’entreprise a déclaré irrecevable la demande de protection contre les créanciers introduite par Mega World. En effet, des documents manquent au dossier, les comptes annuels auraient été falsifiés et le plan de relance présenté n’est pas plausible. Deux administrateurs provisoires doivent maintenant déterminer si une partie des activités de l’entreprise peut encore être sauvée, rapporte De Standaard. Dans le cas contraire, ce sera la faillite. Dirk Bron fera appel de cette décision. Bien que le premier confinement lui ait coûté 5 millions d’euros, il affirme avoir encore les moyens de sauver Mega World.