La durabilité n’implique pas nécessairement un surcoût, même au niveau des entreprises. C’est l’avis d’Elise Vanaudenhove, qui a réussi à convaincre les fournisseurs de Bristol de ne plus bourrer leurs chaussures de papier. De quoi économiser 37,5 tonnes de papier.
Le papier n’est plus sacré
À partir de cet automne, Euro Shoe Group économisera 37,5 tonnes de papier par an, soit quelque 125 arbres sauvés. Et le spécialiste belge de la chaussure compte y parvenir très simplement – en apparence du moins : il va simplement supprimer le bourrage papier de ses boîtes à chaussures. Pour la première fois, un demi-million de paires de chaussures de la collection automne/hiver seront livrées sans papier.
La CEO Elise Vanaudenhove et son département d’achat ont dû faire preuve d’une grande force de persuasion pour convaincre ses fournisseurs de la suivre, mais la directrice est d’autant plus fière du résultat. « Je commande régulièrement en ligne, et la quantité de papier que l’on retrouve dans ces chaussures m’a toujours surpris. Chaque boîte à chaussures contient environ 75 grammes de papier. Dans nos magasins, nos employés le retirent déjà eux-mêmes, ce qui m’a incité à me demander si tout ce papier était vraiment nécessaire. »
Apparemment, le vendeur de chaussures s’est attaqué à une véritable institution. Ils mettent ce papier pour préserver la forme des chaussures après les avoir tirées sur l’embauchoir. Mais dans nos magasins, ces chaussures restent parfois sans papier pendant des mois, et cela ne pose aucun problème. Nous avons finalement réussi à convaincre plusieurs fournisseurs de faire un test avec 20.000 paires de chaussures ce printemps. Et nous n’avons noté aucun problème particulier.
75% des fournisseurs
Aujourd’hui, 75% des producteurs de chaussures pour hommes et pour femmes vendues sous marque de distributeur ont renoncé au papier de bourrage. Les chaussures pour enfants suivront au printemps prochain, mais nous n’avons malheureusement toujours pas trouvé de solution pour les sandales et les chaussures en cuir. « La qualité reste évidemment notre priorité. Nous ne ferons aucun compromis sur cet aspect. Et il faut tenir compte des possibles détériorations causées par le transport – qui dure 6 semaines pour la plupart des chaussures. »
Les marques proposées par Bristol ne participent pas à l’initiative. Mais Euro Shoe espère jouer un rôle d’exemple et être suivie. Tout le monde y gagne : les économies de papier représentent une réduction des émissions de CO2 18.750 kg, la production de déchets et la charge de travail diminuent. Auparavant, ce papier était retourné au siège de Beringen, où il était compressé et enlevé pour être recyclé. Désormais, tous les acteurs de la filière feront des économies. »
Le consommateur ne veut pas payer plus cher
Avec des initiatives de ce type, Elise Vanaudenhove veut contribuer à rendre plus durable d’un secteur qui demeure très polluant. « Notre objectif est d’être aussi durables que possible, sans pour autant augmenter les prix demandés à nos clients. Car si nous constatons que ce thème les intéresse, il reste difficile de les convaincre de payer plus cher pour des produits plus durables. Il faut dire qu’ils ne voient et ne ressentent pas vraiment les conséquences de la crise climatique. Mais il reste possible d’obtenir des résultats avec de petites interventions que le consommateur ne ressent pas. »
Quel est le « retour sur investissement » d’une telle opération si les clients ne la remarquent pas ? Elise Vanaudenhove en est consciente : « Pour l’instant, il n’est pas vraiment possible de le calculer ». Mais selon elle, la vraie question est beaucoup plus simple : si l’humanité ne devient pas plus durable, c’est sa survie qui est en péril. « C’est dans notre ADN d’actionnaires familiaux », affirme la membre de la famille des fondateurs. « Nous n’avons pas de manager en charge de la responsabilité sociale, ces valeurs sont ancrées chez chacun au sein de l’entreprise. »
Les petites choses
La nécessité de soupeser la moindre dépense dans les conditions actuelles – Euro Shoe Group ressent durement les effets de la crise sanitaire – ne dissuade pas l’entreprise de prendre des initiatives durables. « Il est possible d’être à la fois durable et lean. Le développement durable ne doit pas nécessairement coûter plus cher, même à l’entreprise. Si vous additionnez toutes ces petites choses, vous ferez la différence. »
On peut s’attendre à de nouvelles initiatives en matière de durabilité à l’avenir. La gamme textile sera basée sur du coton biologique dès l’an prochain, tandis que Bristol travaille de plus en plus avec du cuir recyclé. L’entreprise fait également des recherches sur de meilleures colles végétales et espère à terme pouvoir produire plus près de chez elle. Elle a même organisé des séances de brainstorming sur l’avenir des boîtes à chaussures : « Des idées lumineuses sont toujours les bienvenues. »