La décision du Comité de concertation de rendre le port du masque buccal obligatoire dans tous les magasins est soutenue au sein du secteur du commerce de détail, mais les commerçants refusent d’endosser le rôle de policiers et s’opposent aux sanctions.
« La responsabilité incombe au client »
Tard jeudi soir, le Comité de concertation a décidé de rendre le port du masque buccal obligatoire dans tous les magasins et centres commerciaux ainsi que dans d’autres lieux très fréquentés tels que les cinémas, les théâtres, les salles de concert et de conférence, les auditoriums, les lieux de culte, les musées et les bibliothèques. Le gouvernement se rallie ainsi à l’avis du Conseil supérieur de la santé qui avait à nouveau plaidé en faveur du port obligatoire jeudi, notamment au vu des nouvelles connaissances scientifiques sur le mode de propagation du virus.
Ceux qui ne respectent pas cette obligation risquent une sanction pénale. Le décret ministériel prévoit également la fermeture éventuelle des locaux qui enfreindraient les règles de manière répétée. La fédération du commerce de détail Comeos estime qu’une telle mesure est inacceptable : « Légalement, nous n’avons pas aujourd’hui la possibilité de refuser l’accès physiquement aux clients qui ne portent pas de masque ou de mettre quelqu’un qui ne porte pas de masque à la porte. La responsabilité du port d’un masque doit toujours incomber au client, et non au commerçant. Nous demandons donc que le gouvernement assure le contrôle du respect de la mesure. Nous ne pouvons pas agir en tant que policiers », déclare le PDG Dominique Michel dans un communiqué de presse.
Le gouvernement devrait être responsable des contrôles
L’organisation des indépendants Unizo se dit surprise par le moment où intervient cette décision, mais estime qu’elle a au moins le mérite d’être claire, déclare le directeur, Danny Van Assche. « Nous espérons maintenant que les citoyens fassent preuve de suffisamment de civisme pour porter un masque afin que les commerçants n’aient pas à faire respecter cette mesure eux-mêmes. »
Chez les détaillants, les réactions vont dans le même sens. « Nous sommes favorables à une obligation générale, à condition que le gouvernement soit responsable des contrôles. Les commerçants ne sont pas des flics. Ils travaillent dur depuis le mois de mars et ne souhaitent pas endosser un rôle supplémentaire », déclare le porte-parole de Delhaize, Roel Dekelver, dans Het Laatste Nieuws. « Ce n’est pas à nous d’imposer une telle obligation à nos clients », déclare Hanne Poppe de Colruyt.
Le syndicat ACV Puls voit cette décision comme une victoire : « Dès le premier jour, nous avons préconisé le port du masque pour garantir plus de sécurité pour le personnel des magasins et pour les clients », explique Kristel Van Damme. « Dès le début de la crise du coronavirus, nous savions que ce serait le défi à relever : comment faire en sorte que les gens se retrouvent dans des endroits très fréquentés en toute sécurité ? » Début avril, ACV Puls a fourni des affiches très appréciées par le personnel des magasins. « Le besoin de rappels visuels pour maintenir la distance de sécurité et pour porter un masque buccal s’est immédiatement fait ressentir », sait M. Van Damme. « Notre enquête auprès du personnel des magasins l’a également confirmé : nous sommes favorables au port du masque obligatoire pour garantir la sécurité. »