Une semaine contrastée, au cours de laquelle nous avons dégusté du jambon Iberico exclusif et du filet de poulet halal à prix cassé. Mais rien ne vaut la spécialité de la maison : ce Filet Pur succulent, magnifiquement persilé et assaisonné à la perfection. N’hésitez pas à en reprendre.
Masques mondains
À présent que les mesures sanitaires ont été à ce point assouplies que c’en est un vrai plaisir, les rédacteurs de RetailDetail n’hésitent plus à se mêler occasionnellement au vulgum pecus – évidemment dans le respect des distances de sécurité, enduits de Dettol de la tête aux pieds et équipés d’un masque et de gants en latex qui collent horriblement sous ces températures caniculaires. Nous n’avons même pas eu besoin d’une attestation écrite pour pouvoir nous rendre librement – sans nous arrêter cependant – dans la très mondaine Knokke-Heist. Et ce, sous un soleil radieux ! La vie n’est pas une fête tous les jours, mais ce jour-là, elle l’était.
Une seule enseigne peut répondre aux exigences des éminents propriétaires de résidences secondaires de cette superbe station balnéaire : nous avons donc été chaleureusement accueillis à l’AD Delhaize de Heist, où un public raffiné de rentiers grisonnants, de croqueuses de diamants en Louboutin et de jeunes coqs en bermudas Mr Marvis s’était rassemblé devant un comptoir chic. Nous avons d’ailleurs relevé un pourcentage assez élevé de masques haute couture. Mais pourquoi cette agitation ? Que se passait-il ?
Meilleurs cercles
C’est simple : les stratèges de Delhaize ourdissent un plan machiavélique destiné à rayer de la carte les rares épiceries fines qui restent dans le pays, y compris les amateurs méritants comme Rob et Cru. À grands coups de jambons Iberico exclusifs, de succulents pâtés Dierendonck et d’odoriférants fromages affinés dans les recoins les plus perdus du sud de la France, le retailer a décidé de combler les palais les plus exigeants. Il fallait bien que quelqu’un s’y colle.
Et de préférence quelqu’un de compétent. Nous avons pu y goûter : exquis ! On ne peut évidemment pas soupçonner Filet Pur de la moindre objectivité. Mais reconnaissez-le vous-même : l’idée n’est pas bête… Laissons la concurrence s’enfoncer dans une guerre des prix pour séduire ces vanupieds au chômage temporaire à cause du coronavirus. Et allons chercher l’argent là où il se trouve : dans cette tranche supérieure qui échappera perpétuellement à tout impôt sur la fortune et pourra donc continuer à consommer à sa guise. Le joli concept traiteur Mr. Georges devrait donc faire son apparition dans d’autres endroits où le revenu médian est largement supérieur à la moyenne : Genval, Waterloo, Ixelles et Alsemberg pour commencer. Mais pas pour l’instant dans le plus grand supermarché de la chaîne, qui vient de rouvrir ses portes au Luxembourg, le paradis des accises.
Devoirs
Deurne-Nord figure-t-elle également sur la liste des priorités ? À votre avis ? Nous avons pourtant pu y faire du vélo un jour plus tard. À deux pas de nos beaux bureaux, nous n’avons eu aucune difficulté à le trouver – le zeppelin jaune vif flottant haut dans le ciel nous indiquait le chemin et la musique tonitruante de Martin Solveig ne laissait aucune place au doute : c’est ici et nulle part ailleurs que le quatrième Jumbo belge a enfin ouvert ses portes, pour le plus grand plaisir d’une foule colorée qui s’étalait depuis l’aube en une longue file relativement disciplinée.
Vous devez à présent le savoir : Anvers, ce nouveau Far West belge, héberge un population bigarrée originaire des quatre coins du monde. Des populistes aigris tentent parfois d’en profiter, mais on n’en a rien remarqué ce mercredi matin : la joyeuse bande qui est entrée dans le magasin ne cherchait certainement pas un Iberico Belotta maturé pendant 42 mois, mais des bananes à 1 euro 19 le kilo, une baguette à 99 cents, des sushis à bas coûts et un vaste éventail de spécialités polonaises, turques et marocaines. Un Jumbo halal : le péril jaune avait bien fait ses devoirs. Heureusement, j’ai pu brièvement ôter mon masque pour les commentaires à la télévision.
Déchets inutiles
La conclusion est sans appel : en général, les histoires d’amour finissent mal. Ce grand hit de ma jeunesse m’a à nouveau traversé l’esprit quand j’ai dû constater que la belle et longue histoire d’amour entre Test-Achats et Colruyt avait définitivement pris fin. Il fut un temps où le discounter gagnait toutes les comparaisons de prix et n’avait guère de concurrence digne de ce nom au moment de désigner les Maîtres Achats, quelle que soit la catégorie. Colruyt était honoré comme le seul véritable défenseur du pouvoir d’achat du consommateur responsable. Mais c’est fini.
Aujourd’hui, l’organisation de défense des consommateurs s’essaie à des indélicatesses basées sur des mesures de prix biaisées. Et rebelote la semaine dernière – cela commence à s’apparenter à du harcèlement. Une initiative pourtant socialement responsable et durable du leader du marché a été rhabillée pour l’hiver : « pas une bonne idée », « gadget inutile », « faux sentiment de protection » et tout simplement des « déchets plastiques ». En bref : ces poignées amovibles pour caddy sont bonnes à mettre à la poubelle. Enfin, surtout pas, car qui va les recycler ? On n’y arrivera jamais.
Absence totale
On n’arrivera pas non plus à décider ce qu’on va manger ce soir. Quelque chose en provenance de l’obscure cuisine fantôme de Pascale Naessens, peut-être ? Le restaurant-qui-n’en-est-pas-un ne cesse de gagner du terrain en cette période de crise sanitaire. Ce ne sera en tout cas pas des tomates-crevettes, surtout en raison de l’absence totale de crevettes. Car celles-ci ne peuvent plus ni entrer, ni sortir du Maroc en raison des mesures sanitaires strictes qui y sont imposées. Vous vous demandez sans doute pourquoi les crevettes de la mer du Nord proviennent Maghreb… Eh bien sachez que malgré les beaux drapeaux noir-jaune-rouge qui ornent les emballages, ces bestioles sont pêchées dans nos eaux, embarquées dans un avion (congelées ou enfouies dans des conservateurs en poudre), pelées à la main et emballées de l’autre côté de la Méditerranée et ramenées ici en avion. Manifestement, les dépouiller de leur carapace en Belgique coûte encore plus cher. Une histoire de charges salariales, encore une fois. S’il était déjà possible de trouver des candidats pour un job aussi sûr et passionnant.
Croyez-moi, vous n’avez aucune envie de connaître l’empreinte écologique d’un si petit crustacé. Achetez-les non pelées et décortiquez-les vous-même. Vous pourrez même vous préparer un délicieux consommé avec la tête et la carapace. Pas compliqué, n’est-ce pas ? Mais comme le disait ce bon vieux Henry Ford : Il y a des gens qui disent qu’ils peuvent ; d’autres qu’ils ne peuvent pas. En général, ils ont tous raison. Amen. Soyez prudents et à la semaine prochaine !
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