Les alliances entre les grands groupes de distribution n’ont pas d’effet néfaste sur les prix des denrées agricoles et n’entraînent pas de hausse des prix pour les consommateurs, conclut un nouveau rapport d’enquête de la Commission européenne.
Pas de conclusions générales
Les partenariats comme Coopernic (avec, entre autres, Ahold Delhaize), AgeCore (avec Colruyt, Intermarché et Edeka) ou Eurelec (E. Leclerc et Rewe) nuisent-ils à la concurrence sur le marché de la grande distribution ? Pas selon un nouveau rapport du Centre commun de recherche de la Commission européenne, publié la semaine dernière, qui n’a trouvé aucune preuve de pratiques commerciales déloyales systématiques dans la filière alimentaire.
Le rapport a été rédigé à la demande du Parlement européen : ces dernières années, une série de différends commerciaux avaient suscité des inquiétudes quant aux possibles effets négatifs d’alliances entre les principaux distributeurs alimentaires en Europe. Les centrales d’achat et autres partenariats bouleverseraient l’équilibre des forces dans le secteur, en privant les agriculteurs de prix équitables pour leurs produits et en soumettant les fabricants (de produits marque) à une forte pression lors des négociations. Cette diminution de la concurrence entraînerait également une hausse des prix à la consommation.
Mais ce ne semble pas être le cas dans la pratique, bien que le rapport constate des différences majeures entre les alliances et se garde de formuler des conclusions générales. Les partenariats renforcent la compétitivité de la grande distribution, qui répercute au moins une partie des avantages obtenus sur les consommateurs. La consolidation peut être préjudiciable aux fournisseurs dans certaines circonstances, mais la réglementation actuelle sur les pratiques commerciales déloyales est suffisante pour pallier ces problèmes.
Contrepoids aux multinationales
EuroCommerce, la voix du secteur européen de la grande distribution et du commerce de gros, se félicite de ces conclusions. Son directeur Christian Verschueren a déclaré au magazine European Supermarket que les distributeurs avaient besoin de telles alliances pour rester compétitifs : « Les distributeurs travaillent avec de faibles marges. Ces alliances leur permettent de faire contrepoids au renforcement du pouvoir de négociation des principaux fournisseurs, et donc aux consommateurs d’obtenir les produits qu’ils souhaitent à des prix raisonnables. Les grands fournisseurs multinationaux opèrent à l’échelle mondiale, réalisent des marges importantes et ont le pouvoir d’imposer leurs conditions à la filière. La plupart des distributeurs ne sont présents que dans un nombre limité de pays en Europe. Ils concluent des alliances afin de se ménager une position de négociation raisonnable et de faire profiter le consommateur des avantages qu’ils obtiennent ». Christian Verschueren souligne également que ces alliances contribuent à la création d’un véritable marché unique européen.
Else Groen, directrice d’Independent Retail Europe (qui représente les petits détaillants indépendants), le rejoint : « Les alliances contribuent à préserver la diversité de notre marché européen des ventes au détail et constituent sont un élément essentiel de toutes les filières des biens de consommation. La crise du coronavirus a à nouveau démontré l’importance des détaillants locaux pour les consommateurs, tant dans les zones rurales que dans les grandes villes. »