Un plat un peu surprenant mais, dans le fond, pourquoi pas ? Ça change d’un filet pur saignant. Comment l’actualité du secteur alimentaire de cette semaine a-t-elle été ostensiblement dominée par un discounter de Halle ? Analyse ci-dessous, étape par étape !
Étonnamment courte
Des leçons à tirer de cette vilaine crise du coronavirus ? Cela dépend probablement si vous êtes du côté des perdants ou des gagnants. PepsiCo, par exemple : gagnant et perdant en même temps, car les gens consomment moins de sodas à la maison mais se jettent sciemment sur les snacks. Que peut-on faire d’autre ? Le fabricant est arrivé à la conclusion qu’il n’a plus de raison de tenir compte des sentiments de ses principaux partenaires commerciaux, ces supermarchés ennuyeux. L’entreprise a donc ouvert son propre magasin. Même deux. Mais seulement en ligne. Une armoire à sucreries virtuelle.
Et pourquoi pas ? La vente directe aux consommateurs est en quelque sorte le Saint Graal de l’industrie des produits de grande consommation, même si elle ne permet de vendre immédiatement d’énormes volumes immédiatement. C’est donc avant tout un processus d’apprentissage. Et une source de données intéressantes sur les consommateurs, probablement. D’ailleurs, aux Pays-Bas aussi, ce fabricant de marques expérimente depuis quelque temps une sorte de boutique en ligne : les consommateurs peuvent commander des paniers surprises contenant des produits invendables . Les produits dont la durée de conservation est étonnamment courte, par exemple.
Le sommeil de Jeff
Parallèlement, sentiments mitigés pour le grand gagnant Frans Muller qui, bien que se réjouissant de la croissance de 12% de son chiffre d’affaires, est contraint reconnaitre les quelques inconvénients de ce dispositif logistique « juste à temps » d’ Albert Heijn, pourtant admiré. Car l’efficacité optimale a un prix : si un rouage tombe en panne, c’est toute la chaîne qui déraille. L’approvisionnement doit être plus court et plus transparent. Nous sommes curieux.
Quoi qu’il en soit, Ahold Delhaize continuera à investir massivement dans le commerce électronique, et ce ne sera pas le seul. Lidl constate également que la crise du coronavirus accélère la numérisation. Et ce n’est pas tout : la société mère Schwarz Group va désormais proposer ses services informatiques à des clients externes et veut ainsi faire front à nul autre qu’ Amazon . Et pourquoi pas ? « Nous allons veiller à la protection de la vie privée et des données », ajoute subtilement le groupe. Si Jeff Bezos parvient à trouver le sommeil ces jours-ci, nous n’en savons rien.
Et Carrefour semble également être bien installé sur la toile : pour la gamme non alimentaire, l’enseigne fait appel à l’expertise des collègues de Décathlon, qui occupent actuellement une partie de la surface de vente physique dans les hypermarchés.
La vidéo de Jef
Chez Colruyt, ils étaient perdus ces dernières semaines : avant même le confinement, Collect&Go oubliait déjà les chiffres records de la période de Noël. Et le pire restait à venir. Les plaintes fusent de la part des anciens et des nouveaux clients du service de courses, mais le groupe entrevoit la lumière au bout du tunnel : à Bruxelles, la capacité augmente rapidement, tous les magasins disposant de points de collecte traitent à nouveau intégralement les commandes, et toute personne qui habite à Halle et n’a pas envie de sortir de chez elle peut faire appel à un voisin. Et pourquoi pas ? Ils ont même inclus un tableau d’affichage numérique dans la nouvelle application Xtra à cet effet.
On reconnait bien là Colruyt : plutôt que de s’occuper eux-mêmes des livraisons coûteuses, ils laissent les bons citoyens faire le sale boulot pour une bouchée de pain, qu’ils enrobent de sauce sociale. Faire, l’air de rien, des économies sur le dos de la responsabilité sociale, et réussir à s’en sortir : les tours de passe-passe qu’il ne faut plus apprendre à Jef. Il en a même fait faire une charmante vidéo, prônant l’importance de la durabilité, de la coopération, etc., et assurant que si ça ne fonctionne pas tout à fait aujourd’hui, ça fonctionnera peut-être demain. Ils ont presque l’air d’y croire. Chapeau bas.
Croustillant
Pour l’une ou l’autre raison, le discounter de Halle a dominé l’actualité du secteur alimentaire cette semaine. Pour les nouveaux magasins de proximité, par exemple, qui doivent provisoirement se passer des bars à salades ou des coins repas. Et pour l’investissement dans une entreprise qui transforme les criquets. Et pourquoi pas ? J’en ai mangé, frits, bien croustillants, au goût de paprika. Mais les pattes se coincent dans les dents. Ce problème ne se pose pas avec les barres ou les granolas aux criquets. Je pensais que cette mode des insectes était passée depuis longtemps mais, de toute évidence, j’avais tort : « Bientôt, on mangera des criquets comme on mange des scampi », a-t-il déclaré. Vraiment ?
Enfin, pour être tout à fait exacte : il était écrit scampi’s, avec une apostrophe et un s. Il devrait être de notoriété publique que scampi sans s est le pluriel correct de scampo. Enfin, bref. Même grammaticalement correcte, cette comparaison est quelque peu malheureuse : quiconque a déjà vu des reportages sur les élevages de scampi sait qu’aucune sauce à l’ail ne permettra de se débarrasser de ce goût amer en bouche. Encore un détail. Avant d’engloutir ces insectes chantants : dans notre région, le criquet est une espèce menacée, peut-on lire sur Wikipédia. Interdit d’y toucher, donc.
Huîtres et algues
Alors, ces bouchées croustillantes de Bruxelles sont-elles importées ? Non, elles sont cultivées dans une ferme urbaine durable dans la capitale et nourries avec des surplus alimentaires. Juste pour que vous le sachiez. Et si le chemin entre la ferme urbaine et la ferme aquacole peut sembler long pour le citoyen lambda, ce n’est qu’une petite enjambée pour le plus grand détaillant du pays. Ce sont 2.000 tonnes de moules, 100 tonnes d’huîtres et 100 tonnes d’algues qu’il veut cultiver près de Nieuport. Certains pêcheurs locaux luttent encore pour garder la tête hors de l’eau, mais ils vont s’en sortir ensemble, n’est-ce pas ? Étape par étape ? Et si cela ne fonctionne pas aujourd’hui, ils essaieront à nouveau demain. Et pourquoi pas ?
Ce que je vais goûter demain, ça ne vous regarde pas, mais les insectes ne seront normalement pas au menu. Je ne sais pas encore pour les huîtres, mais le sauvignon blanc qui les accompagne, c’est une certitude. Et vous ? À la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour recevoir la newsletter gratuite de RetailDetail Food.