Un chiffre d’affaires record de 75,5 milliards de dollars (69 milliards d’euros), et pourtant Jeff Bezos demande aux actionnaires de s’asseoir : à cause du Covid-19, Amazon craint une perte de 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) au deuxième trimestre.
« Le moment le plus difficile de notre histoire »
Au premier trimestre, les ventes d’Amazon ont augmenté de 26 % grâce à la crise du coronavirus. Les coûts ont également fortement augmenté : en plus des mesures de prévention et de sécurité contre le Covid-19, Amazon a dû embaucher 175 000 employés pendant l’épidémie pour répondre à la demande sans précédent. Par conséquent, le bénéfice d’exploitation est passé de 4,4 milliards de dollars à 4,0 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros), un chiffre légèrement en dessous des prévisions.
Malgré la croissance, le PDG Jeff Bezos a indiqué dans une lettre aux actionnaires qu’il s’agit de « la période la plus difficile à laquelle nous ayons été confrontés ». Pour faire face à la crise du coronavirus, il prévoit d’investir quatre milliards de dollars supplémentaires dans la gestion du Covid-19 au cours des trois prochains mois. Mais, et c’est avant cette annonce que Bezos a invité ses actionnaires à s’asseoir, cela pourrait entraîner des pertes. Amazon prévoit un résultat d’exploitation d’environ 1,5 milliard de dollars en dessous de zéro au deuxième trimestre.
« Dans des circonstances normales, nous estimions les bénéfices d’exploitation à quatre milliards de dollars ou plus au cours du deuxième trimestre prochain. Mais ce ne sont pas des circonstances normales », semble-t-il. Le chiffre d’affaires devrait augmenter de 18 à 28 %.
Convoqué aux États-Unis
Le pessimisme de Bezos est à prendre avec des pincettes : Amazon est et reste le gagnant incontesté de la crise du coronavirus. Après une baisse temporaire du cours des actions ce week-end, les analystes ont immédiatement revu leur appréciation de la société à la hausse. Les coûts supplémentaires permettront en effet de renforcer la compétitivité, de diminuer les risques et de générer un nouvel élan de croissance.
Si le géant de l’e-commerce fait grise mine, c’est à cause de la lettre de mécontentement que Bezos vient de recevoir de la Chambre des représentants des États-Unis. Le PDG est appelé à témoigner au sujet de l’utilisation des données de vendeurs externes : une étude du Wall Street Journal suggère qu’Amazon utilise des données commerciales sensibles de ses propres vendeurs tiers pour développer des produits concurrents.
Cependant, la société a précédemment nié les faits face à la Chambre des représentants. Amazon est désormais non seulement soupçonné de tirer profit de sa position de principale marketplace des États-Unis, mais également de faire de fausses déclarations, voire des déclarations criminelles.