Maintenant que les magasins en Belgique et ailleurs sont obligés de garder portes closes, les détaillants réfléchissent à la manière d’absorber la perte de leur chiffre d’affaires. Pour trouver une solution, ils se penchent sur les contrats de location, les conditions de paiement et autres accords avec les fournisseurs.
Commandes annulées
Les conséquences financières de l’épidémie du coronavirus sont désastreuses pour les détaillants non alimentaires. Ils voient leur chiffre d’affaires disparaître alors que les coûts fixes restent d’actualité, et ce, alors que de nombreuses entreprises du secteur étaient déjà en difficulté. Pour les salariés, il existe la solution du chômage temporaire, bien que l’ONEM n’arrive actuellement pas à traiter le tsunami de demandes. En principe, les contrats de location et les accords avec les fournisseurs se poursuivent. Une situation pourtant intenable pour de nombreux gérants de magasins désespérés.
Divers fournisseurs sont maintenant sollicités par leurs clients détaillants pour faire preuve de solidarité, apprend RetailDetail. Les chaînes de vente au détail demandent que les délais de paiement soient allongés, à soixante jours par exemple. Ils espèrent ainsi surmonter la période de fermeture obligatoire. Les commandes en cours sont reportées ou simplement annulées complètement. Certaines collections et certains produits saisonniers, par exemple, sont susceptibles d’être moins pertinents dans deux mois. Après tout, personne ne connait aujourd’hui la date à laquelle le commerce pourra reprendre.
« Responsabilité commune »
En outre, plusieurs chaînes de magasins demandent à leurs propriétaires de revoir ou de supprimer le loyer. H&M, entre autres, a déjà publié une déclaration sur le sujet : « Pour le groupe H&M, cela (la crise du coronavirus, ndlr) a entraîné la fermeture de plusieurs magasins touchés dans diverses villes et pays et causé une forte diminution du passage dans de nombreux points de vente. Nous considérons qu’il est de notre responsabilité commune et de celle de nos partenaires d’assurer un avenir financièrement stable et durable à nos entreprises. C’est pourquoi nous demandons une réduction des loyers et des charges durant cette période » Debenhams, une chaîne de grands magasins en difficulté, demande même une indemnité de loyer de cinq mois en raison de la pandémie.
En conséquence, la plupart des sociétés immobilières voient aujourd’hui le cours de leurs actions chuter fortement : les investisseurs se demandent si les locataires seront en mesure de payer. Dans le journal De Tijd, Jan De Nys, PDG de Retail Estates, ne semble pas encore céder à la panique : les loyers du mois de mars ont déjà été réglés, le coronavirus n’aura donc pas d’impact sur l’exercice 2019/2020, qui se termine à la fin de ce mois. La suite des événements est en revanche incertaine. L’entreprise a déjà alloué 45 000 euros pour aider ses locataires à surmonter la fermeture obligatoire. Toutefois, des fermetures prolongées risquent également de provoquer des faillites, en particulier dans le secteur de la mode, déjà en difficulté.
France : « Ne demandez pas de loyer pour mois d’avril »
Aux Pays-Bas, les détaillants vont demander aux propriétaires de magasins un report de trois mois de loyer par l’intermédiaire de l’organisation sectorielle INretail. Le fonds immobilier Wereldhave a annoncé qu’il va examiner au cas par cas la manière de traiter les obligations des locataires. En Italie, le gouvernement a décidé que les commerçants qui voient actuellement leurs revenus disparaître ne devraient pas payer de loyer à leur propriétaire. En Belgique et aux Pays-Bas, ce n’est actuellement pas encore le cas.
En France, le gouvernement demande déjà aux propriétaires d’espaces commerciaux de ne pas réclamer de loyer pour le mois d’avril. Il s’agit d’une recommandation, et non d’une mesure coercitive. Cinq fédérations professionnelles estiment qu’une telle mesure non obligatoire ne va pas assez loin : ils demandent la suspension du loyer pendant toute la période de fermeture des magasins, ainsi que le remboursement du loyer pour la semaine du 14 au 21 mars.