Comment appelez-vous un repas sans vin ? Les avocats seront-ils bannis ? Et qui a tiré le meilleur parti du grain de café ? Des questions existentielles passionnantes auxquelles nous répondons dans un nouvel épisode épicé du Filet Pur et qui ne contient pas une seule fois le terme de coronavirus. Enfin sauf maintenant, d’accord.
Scaroles ou épinards ?
Ok, ok, on s’est peut-être un peu précipité. Le fait d’avoir dit que le nouveau supermarché d’Amazon ressemblait un peu à un ancien supermarché de, disons, Food Lion, était probablement un peu simpliste. Nous aurions dû le savoir. Il ne faut jamais sous-estimer un Jeff, surtout quand il s’appelle Bezos. Après tout, ce magasin qui ouvrira bientôt à Los Angeles sera une combinaison intelligente d’un supermarché et d’un centre de distribution automatisé d’e-commerce. Effectivement un peu comme le brillant exemple des supermarchés Hema d’Alibaba en Chine. « Nouveau retail », donc. Il faut s’y habituer.
De plus, à Seattle, le géant a ouvert à l’improviste un magasin d’environ 1 000 mètres carrés répondant à un tout nouveau concept. Son nom : Amazon Go Grocery. Un point de vente « just walk out » sans caisse, mais disposant de l’assortiment complet d’un supermarché. Aussi bon marché que Walmart, aussi rapide et sans friction qu’un Amazon Go. Il semble que la technologie soit prête : les caméras intelligentes connaissent même la différence entre les scaroles et les épinards. Et là, elles s’en sortent déjà mieux que mes enfants. En attendant, la concurrence ne fait toujours pas mieux : elle se limite à quelques mauvais tests avec de minuscules magasins en conteneurs, strictement réservés aux bons employés. Reste à voir si Amazon a définitivement craqué le code de l’alimentation avec ce concept, mais on peut imaginer que certains de leurs concullègues ont commencé à transpirer légèrement en lisant les nouvelles. Affaire à suivre !
Grande réconciliation
La semaine apporte aussi son lot de bonnes nouvelles : les responsables vente de Colruyt et les account managers de Douwe Egberts sont tombés dans les bras l’un de l’autre en pleurant et en répétant une fois de plus que ce n’était pas personnel. Bien sûr que non : c’était une question d’argent. L’identité de celui qui a finalement tiré le meilleur parti du grain de café reste un secret bien gardé. Quant au bras de fer concernant les cannettes de coca, il se poursuit pour l’instant.
En Allemagne aussi, une Grande Réconciliation semble imminente : une querelle familiale qui a commencé dans les années 1960 autour d’un paquet de cigarettes pourrait être réglée rapidement et définitivement. Aldi Nord et Süd avaient déjà enterré la hache de guerre depuis un certain temps, mais selon des sources bien informées, ils sont maintenant même sur la voie d’une véritable méga-fusion. Après tout, les querelleurs de la première heure sont tous morts et les comptables ont calculé qu’une économie de 50 % sur les frais de personnel aurait de grandes chances d’être réalisée. Qu’attendent-ils encore ?
Bannir les avocats
En attendant, les entreprises du secteur des FMCG font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous faire manger plus sainement et de manière plus durable. On pourrait presque commencer à croire qu’il y a une certaine urgence à le faire. Pourquoi ? Sommes-nous trop gros peut-être ? Ou bien le monde court-il à sa perte ? Ça nous étonnerait. Mais quand même : Aldi bannit des dizaines de tonnes de plastique de ses rayons frais. Ahold Delhaize se considère comme coresponsable de notre bien-être et continue donc sans relâche à rendre ses marques propres plus saines, afin de pouvoir leur attribuer un joli Nutri-Score vert. Alors, bien sûr, Carrefour ne peut pas rester sans rien faire : le grand patron, Alexandre Bompard, mise sur le bio et la technologie blockchain pour que la satisfaction des clients atteigne des sommets vertigineux. C’est drôle qu’il ressorte ainsi un vieux slogan de GB : « le client d’abord. » Cela n’a pas vraiment aidé à l’époque.
Le sud du pays est en train d’adapter ses conseils diététiques : ils ont trouvé que le simple fait de retourner la pyramide alimentaire, à l’instar des Flamands, allait un peu trop loin, mais chez eux, la banane et l’avocat ont disparu du menu, puisqu’ils ne sont pas très durables. Et ce n’est pas tout, ils considèrent les sucreries et l’alcool comme des aliments non essentiels. Allez comprendre. Certes, il nous arrive de prendre un repas sans vin, mais nous l’appelons petit déjeuner. Il ne faut pas non plus exagérer là, n’est-ce pas ?
Ça part (en beurre) de cacahuète
On ne nous a pas dit à quel endroit le beurre de cacahuète allait figurer dans cette nouvelle pyramide alimentaire. Ils savent à peine ce que c’est dans le sud du pays. En revanche, à partir de samedi, les Anversois pourront se laisser séduire par la première succursale belge de De Pindakaaswinkel, qui n’a pas choisi son nom par hasard puisqu’on peut y déguster au moins dix variétés différentes de beurre de cacahuète, au besoin avec de l’ail, du piment ou de la citronnelle. Pauvre en sel, sans sucres ajoutés et plein de protéines, c’est ainsi que les propriétaires tentent de nous apaiser. Mais on le sait très bien : c’est une bombe calorique indigeste, oui. Ça part en cacahuète…
Tenez-vous-en donc bien loin. En effet, c’est maintenant scientifiquement prouvé : la malbouffe vous rend stupide. Les personnes qui consomment trop de fast food, de gaufres et de milkshakes voient leurs fonctions cérébrales se détériorer de façon alarmante : ils présentent même des symptômes de démence. Cela explique la pandémie de stupidité qui se répand rapidement dans les quatre coins du monde. Beaucoup plus dangereux qu’un virus grippal, mais personne ne fait rien pour y remédier. Typique.
Sauvez les technophobes
Et pour terminer. Elle compte déjà des centaines de milliers d’utilisateurs, cette nouvelle application Lidl Plus : tous souhaitent profiter des bons de réduction numériques et des cartes à gratter virtuelles. Le détaillant s’attendait sans doute à des applaudissements, mais c’est au contraire une pluie de critique qui s’est abattue sur lui : celles-ci ont été émises par de pauvres petits vieux qui n’ont pas de smartphone et/ou les compétences numériques nécessaires pour pouvoir utiliser cette avantageuse application. Ils ne sont pas les seuls : en Grande-Bretagne, des protestations sont organisées contre les magasins qui n’acceptent plus l’argent liquide.
Comme si les plus de soixante ans étaient de pauvres technophobes ? Étrange, car sur Facebook, on ne rencontre presque plus que des pensionnaires de maisons de repos, et ils ne vont même pas au magasin. Pourtant, ils crient haut et fort à la discrimination : ils pensent être de vulnérables victimes. Les groupes défendant les intérêts des personnes âgées ont donc demandé une suppression immédiate. Évidemment. Regardez, les analphabètes sont aussi discriminés, mais va-t-on interdire les livres pour autant ? Ou bien allons-nous leur apprendre à lire, afin qu’ils puissent désormais profiter d’une portion hebdomadaire de Filet Pur comme tout le monde ? Enfin, c’est mon avis ! Et maintenant je compte passer volontairement deux jours en quarantaine. À la semaine prochaine !
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