Jeff Bezos fait fausse route, Nestlé prend un virage, Lidl n’atteind pas son but, Jumbo manie le couteau et Colruyt introduit un quota. N’y a-t-il pas de bonnes nouvelles ? Et bien si, encore une semaine et nous pourrons boire à nouveau – par contre, il faudra arrêter la viande. C’est toujours un peu comme ça. Mais d’où vient la rumeur selon laquelle RetailDetail a repris les magasins Blokker ? En exclusivité dans Filet Pur !
Frissons et tremblements
Que se passe-t-il avec Jeff Bezos ? A-t-il perdu son mojo ? On commence à croire que oui. Autrefois, cet homme avait fait une peur bleue à l’ensemble du secteur des supermarchés, et ce au niveau mondial, en annonçant l’arrivée d’un nouveau concept révolutionnaire de magasin sans caisses. Frissons et tremblements pour Ahold Delhaize et Walmart. Pourtant. Quatre ans ont passé et la prédiction selon laquelle Amazon détruirait l’ensemble de l’univers alimentaire, après s’en être pris à celui du non alimentaire, ne s’est pas vraiment réalisée. Et il semble maintenant que Frans Muller, Doug McMillon & co pourront encore dormir un peu sur leurs deux oreilles.
Après tout, quand est-il ? Les rumeurs selon lesquelles Amazon, après sa reprise à moitié réussie de Whole Foods – c’est-à-dire que l’acquisition n’a pas posé problème, mais les résultats ont, eux, été inférieurs aux attentes – préparait un nouveau concept de supermarché révolutionnaire avec un service inédit et une technologie étonnante, sont tout simplement vraies : à Los Angeles, le géant construit actuellement un tout nouveau magasin qui n’est ni un Amazon Go, un Amazon Books ou un Amazon 4-Star, mais bien un supermarché. Et quel ne fut pas notre étonnement ? Ce supermarché ressemble étrangement à un… supermarché !
Déception de taille
Étrange, mais vrai : ce magasin en construction semble pourvu de rayons standards, de comptoirs pour la viande et les fruits de mer ainsi que d’un espace traiteur appelé Fresh Kitchen pour les soupes et les plats préparés. Il y aura même des caisses, a-t-on entendu dire. En résumé : si c’est le supermarché du futur, il ressemble étrangement au supermarché du passé. C’est une grande déception pour les observateurs qui attendaient la Tesla ou le Space X du retail alimentaire. Reste à voir si cette nouvelle va réellement rassurer la concurrence. Imaginez si ce nouveau supermarché, propose, comme la boutique en ligne, des prix absolument imbattables, que fait-on ?
Si les avis divergent sur l’avenir du supermarché, les opinions sur celui de notre alimentation semblent aller toujours plus dans le même sens : nous mangerons des aliments à base de plantes ou nous mourrons de faim. Le consommateur belge attaché aux traditions y est-il favorable ? S’il s’agit d’une Bruxelloise de moins de 34 ans, la réponse est oui. C’est en tout cas ce que révèlent les résultats d’une enquête. Timing serré : dans une semaine, c’est le retour du VeggieChallenge qui vous mettra au défi de manger moins de viande pendant un mois. Heureusement qu’on peut boire à nouveau !
Salade de thon sans thon
Chez Nestlé aussi, ils sont fin prêts pour la révolution végétalienne. Les nouvelles vaches à lait de la multinationale s’appellent Awesome Burger et Incredible Burger : une croissance à deux chiffres. Et cela ne s’arrête pas là : « Cette histoire va bien au-delà des hamburgers », selon le CEO Mark Schneider qui travaille sur des versions végétaliennes des boulettes de viande, poitrine de poulet, salade de thon, pizzas et plats préparés. Si j’étais son directeur de la communication, il aurait été réprimandé pour avoir fait de la publicité pour la concurrence, mais bon.
Le jury de Tavola, le salon le plus alléchant du monde, a déjà rendu son verdict. Ont par exemple été récompensé par un Tavola d’Or : des substituts de viande à base de champignons, du gin sans alcool, du pâté de légumes, des falafels burgers et de la mousse au chocolat vegan sans lactose, sans gluten et sans cholestérol. À Courtrai, vous pourrez bientôt les goûter vous-même, si vous en avez envie. Quant à nous, notre choix se porte sur la vodka au wasabi frais : elle ne contient ni ingrédients d’origine animale ni gluten, mais elle contient de l’alcool, et pas qu’un peu.
De vaines promesses
Y a-t-il eu des plaintes concernant un trop grand nombre de supermarchés en Belgique ces dernières semaines ? Quelques-unes, effectivement. Après les grandes annonces de Jumbo et Albert Heijn Lidl ne pouvait pas en rester là : il promet donc 25 nouveaux magasins cette année. Bon, nouveaux ? C’est relatif. Il s’agit pour la majorité de rénovations, d’agrandissements et de déménagements. La chaîne n’ouvre réellement que six nouveaux magasins. Pour la concurrence, c’est quand même six de trop, mais ça a au moins le mérite d’être clair. Fait étonnant, le magasin de Pelt s’agrandit également de quelques centaines de mètres carrés. Il semble qu’il y ait encore un trou dans le marché là-bas.
Mais attendez un peu : nous nous rappelons la promesse faite par le dirigeant Boudewijn van den Brand en juin 2016 (oui, Internet a une très bonne mémoire) : d’ouvrir 50 nouveaux magasins en cinq ans. En d’autres termes : dix nouveaux par an. À l’époque, ils en avaient 297 et maintenant 315. Un simple calcul nous apprend donc qu’ils devraient en ouvrir 32 autres l’année prochaine pour atteindre cet objectif. Disons que les chances sont plutôt minces. Et les chances que Jumbo et Albert Heijn n’atteignent pas leurs ambitieux objectifs d’expansion dans les délais sont plutôt élevées. Des promesses et encore des promesses : les retailers, c’est comme les politiciens
Par ici avec ce couperet
Surtout si leur budget n’est pas en ordre. Économiser : même une machine à succès comme Jumbo doit le faire, apparemment. Les affaires vont bien, mais les coûts augmentent et le directeur financier Ton van Veen brandit impitoyablement son couperet : des emplois vont passer à la trappe au siège, les frais de livraison pour les commandes en ligne vont augmenter et l’automatisation se poursuivra de bon cœur. Le détaillant ne dit pas si ces coûts croissants ont un lien avec l’aventure belge.
Les consommateurs voulant faire des économies drastiques ne se trouvent plus au bon endroit chez Colruyt. La chaîne n’en peut plus des grippe-sous qui arrivent à la caisse chargés de sacs remplis de bons de réduction pour pouvoir ramener gratuitement un chariot de courses complet à la maison. Un phénomène qui prend de l’ampleur depuis que les chasseurs de bonnes affaires échangent leurs astuces sur des groupes Facebook à succès. Un divertissement de premier ordre, ces messages enthousiastes sur les meilleures affaires que l’on peut faire dans le pays. Nous aimons les lire, mais au siège social situé à Hal, ils le font aussi. Mais maintenant fini de rire. Après une courte séance de méditation, Jef Colruyt a rendu un jugement de Salomon : « cinq bons, passe encore, mais avec plus, il ne faut plus venir chez nous.. » Voilà.
Chute libre
Et puis il y a ça. La nouvelle de la semaine a bien sûr été la reprise de Blokker Belgique par un méga-entrepreneur néerlandais un peu mystérieux qui ne souhaite pas s’adresser à la presse. De très nombreux points d’interrogation subsistent, mais nous ne voulons pas vous priver de cette anecdote : nous avons reçu une lettre de motivation de la part de quelqu’un qui n’a apparemment pas dû lire attentivement les nouvelles. La lettre disait littéralement ceci :
« Soutenir le changement de nom de Blokker -> Mega World
Cher Monsieur Snoeck,
Je tiens tout d’abord à vous féliciter pour l’acquisition des magasins Blokker. Je me permets de vous contacter au nom du KV Mechelen afin de fixer un rendez-vous et vous expliquer comment nous pouvons vous soutenir dans ce changement de nom et de concept. Souhaiteriez-vous étudier les possibilités avec nous ? Si oui, n’hésitez pas à nous communiquer vos disponibilités. »
Signé : le directeur commercial B2B de l’ambitieux club de football, dont nous ne citerons pas le nom ici par respect. Proactif ? Et comment ! Un exemple pour beaucoup. Un peu impulsif ? Cela aussi, sans doute. Mais surtout : une preuve supplémentaire que la qualité de notre enseignement et plus particulièrement le niveau de compréhension à la lecture des habitants de notre pays est en chute libre. Vous voyez ? Nous sommes tous condamnés ! À la semaine prochaine !
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