Chaque jour est un jour noir dans le retail alimentaire, mais aujourd’hui, ça l’est encore davantage. De toute façon, il n’y a qu’un seul spécialiste pour annoncer les platitudes les plus bon marché : bienvenue chez Filet Pur, le resquilleur du journalisme dédié au retail.
C’est tous les jours vendredi
Nous aurions bien besoin d’un peu de café noir ce matin, parce que cette fête annuelle de fin d’année du secteur retail a battu son plein et a donc également un peu dérapé. Mais vous nous connaissez : rien ne nous empêchera, même après une nuit beaucoup trop courte, de vous tenir informé sur les nombreuses et sombres manœuvres qui se trament dans les coulisses du monde du retail alimentaire. Qu’avons-nous appris, par exemple ? Chez Aldi, c’est le Black Friday tous les mercredis. Et tous les samedis. C’était écrit noir sur blanc dans la brochure. À Halle, ils leur réponse était prête rapidement : Black Monday, Black Tuesday, Black Wednesday…. chez Colruyt c’est tous les jours le Black Friday. Voilà. Et quelle a été la réponse d’Albert Heijn ? Évidemment : Black Friday? À partir de lundi ! Et chez Carrefour ? La semaine du Black Friday, et oui. Et là le vertige, tout est devenu noir.
Quoi qu’il en soit, la critique de cette fête de la consommation effrénée se fait de plus en plus forte. C’est surtout un jour noir pour la planète. Ce jour est aussi « un produit d’importation » puisque nous ne sommes pas américains et que nous avons autre chose à faire que de farcir des dindes et célébrer Thanksgiving. C’est pour ça qu’on fête Noël. Le Black Friday ne fait tout simplement pas partie de notre culture. Les Belges ne font rien en noir, c’est bien connu.
Bouderies dans la cour de récré
Chez Jumbo, ils n’ont pas participé : ils avaient déjà baissé leurs prix, après une semaine à Pelt. La différence avec Colruyt serait d’ailleurs très faible. Le fait que le nouveau venu n’a pas (encore) adapté ses prix localement, avec seulement deux magasins sur le territoire, n’est pas une surprise. Test-Achats ne peut pas non plus nous dire si l’entreprise va vraiment participer à la guerre des prix : la grande enquête annuelle des supermarchés n’a pas encore inclus le Danger jaune dans les calculs.
Quelles conclusions peut-on tirer de cette comparaison de prix ? Tout d’abord, qu’il est de plus en plus difficile d’effectuer des comparaisons en raison des ajustements de prix locaux. En tant que client Colruyt, vous ne pouvez qu’espérer qu’AH ouvrira bientôt un magasin dans votre quartier. À Deurne et Wijnegem, on entend des acclamations. Deuxièmement, que le grand jeu du prix le plus bas ne compte que deux participants pour le moment : Colruyt et Albert Heijn. Ce n’est pas une guerre, c’est un duel. Aldi et Lidl font sans doute office de figurants, mais les autres ne trouvent tout simplement plus cela drôle et ne jouent plus le jeu. Ils boudent dans un coin de la cour de récréation. Et troisièmement, que l’enquête vraiment intéressante sur les supermarchés n’apparaîtra que dans un an environ, quand elle prendra aussi Jumbo en compte. On a vraiment hâte.
Dans son discours d’hier soir, Jef Colruyt ne semblait pas du tout préoccupé par la guerre des prix ou par le nouveau concurrent, et encore moins par le « commerce électronique et autre ». Chez Colruyt, tout tourne autour de la joie de vivre et de l’optimisme. C’est ce que le « Captain of the Year », fraichement élu, a bien résumé en une seule image : Tintin ! Vous voyez, que le PDG ait introduit dans sa présentation une référence aussi subtile, mais pas incomprise, à son chroniqueur préféré, cela représente bien le véritable dirigeant. Ça nous fait chaud au cœur. Merci, Jef !
L’optimiste de la semaine
Parce qu’en effet, ces discounters se trompent peut-être de champ de bataille. Pour le consommateur conscient, le ticket de caisse n’est qu’une anecdote, un petit effet secondaire. Ce qui compte vraiment, ce sont les choix durables que nous offrent les supermarchés. Et qui se bat maintenant pour obtenir la récompense la plus convoitée de tout le secteur du retail alimentaire ? Colruyt, Lidl et Delhaize. Pour des raisons inexplicables, Carrefour a été complètement négligé, et ce alors que personne ne s’approche même des objectifs ambitieux de l’Act for Food.
Néanmoins, Geoffroy Gersdorff, le dirigeant de Carrefour Belgique, rayonnait dans son interview accordée au journal De Tijd le week-end dernier. Il gagne doublement et largement le trophée de « l’optimiste de la semaine » : il broie tout sauf du noir, même si son entreprise éprouve des difficultés depuis quelque temps déjà. Et d’ailleurs, dans « un marché [pourtant] extrêmement, extrêmement difficile », le distributeur veut renouer avec la croissance dès l’année prochaine. Comment Carrefour veut-il accomplir cet admirable tour de force ? Eh bien, si nous avons bien lu l’article : essentiellement en faisant ce qu’ils font déjà, en gros. Et c’est beaucoup en effet, mais quand même : bonne chance ! Peut-être aussi en déployant en Belgique l’alliance française conclue avec Fnac Darty ? Pas un mot à ce sujet, mais quand il se passe quelque chose à Paris…. De plus, en ce qui concerne la paix sociale, ils ne peuvent pas se plaindre à Evere : les syndicats trouvent qu’ils doivent travailler trop dur ces temps-ci, mais en protestation ils ne font qu’un tout petit peu la grève.
Mouton noir
Les initiés savent que Jumbo promet, sur son marché national, de rembourser leurs courses aux clients qui se trouvent en quatrième position dans la file à la caisse. Les lecteurs de RetailDetail savent également que Jumbo, par mesure de sécurité, n’exporte pas en Belgique cette partie de ses sept certitudes. Et pourquoi ? Parce qu’il semblerait que ce soit une promesse assez risquée. La semaine dernière, une certaine agitation a secoué les Pays-Bas, à la suite de la divulgation d’une photo de la cantine d’un supermarché Jumbo. Un message singulier apparaissait sur le tableau d’affichage. Et qu’en ressort-il ? Ils se comportent en Père Fouettard avec leurs caissiers. Si ces derniers ne sonnent pas l’alarme à temps et qu’une quatrième personne fait son apparition dans une file aux caisses, le caissier concerné devra donc, en mouton noir, en payer les conséquences. Et donc, payez de sa propre poche les courses de l’heureux client. La feuille A4 est rapidement passée du tableau d’affichage au pilori numérique, et l’entrepreneur concerné a été rappelé à l’ordre.
Chez Albert Heijn, un douloureux incident s’est là aussi produit : dans le cadre d’un petit projet, il était demandé à tous les employés de télécharger une photo d’eux-mêmes en sous-vêtements, juste pour déterminer la bonne taille pour leurs nouveaux uniformes. Encore une belle victoire de l’idiotie sur le bon sens, penserait-on. Ou était-ce une blague déplacée ? Non non, c’était juste un malentendu et le détaillant s’est dépêché de s’excuser. Oh, alors c’est bon. Si ça continue ainsi on risque rapidement de souffrir d’une pénurie de facepalm dans le monde. Vous en avez encore en stock ? À la semaine prochaine !
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