Pour préserver notre santé et l’avenir de notre planète, nous devons changer radicalement nos habitudes alimentaires. Une nouvelle étude scientifique réitère le plaidoyer d’une réduction de la consommation de produits d’origine animale.
Un régime ‘gagnant-gagnant’
Si nous voulons nourrir sainement et durablement les dix milliards d’habitants qui peupleront la terre d’ici 2050, une vaste transformation alimentaire s’impose. C’est ce qu’affirme un nouveau rapport de la Commission EAT-Lancet, une plateforme scientifique mondiale dédiée à l’alimentation, pilotée par la cellule de réflexion norvégienne EAT et le magazine scientifique The Lancet.
En gros le rapport préconise une diminution de 50% de la consommation de viande rouge et de sucre par rapport à la moyenne actuelle dans le monde occidental, ainsi qu’un doublement de la consommation de légumes, de fruits, de graines et de noix. En suivant ces recommandations nous pourrions éviter la mort de 11 millions de personnes par an suite à de mauvaises habitudes alimentaires. En même temps ce régime permettrait de sauver la planète du réchauffement, de la déforestation et de l’épuisement des matières premières. Tant l’homme que la planète en sortiront donc gagnant. La commission a élaboré un ‘régime santé planétaire’ qui répond à tous ces critères.
Moins de viande, davantage de légumes
Alors en quoi consiste ce régime ? Sans nous imposer le véganisme, il nous est toutefois recommandé de ne manger qu’un seul hamburger par semaine et qu’un seul steak par mois. Le régime permet la consommation d’un morceau de poulet, un morceau de poisson et un œuf par semaine, tandis que la dose quotidienne de produits laitiers à été fixée à 250g. Chaque assiette doit comprendre au moins la moitié de légumes et de fruits. En outre les chercheurs conseillent une forte hausse de la consommation de noix et de légumineuses, notamment des pois chiches, des lentilles et des haricots.
Même si ces conseils paraissent radicaux, ils ne le sont finalement que pour nous riches occidentaux. Ailleurs dans le monde les plupart des gens mangent beaucoup moins de viande et de produits d’origine animale. En gros le rapport suit les grandes lignes de régimes alimentaires déjà considérés comme sains aujourd’hui, à savoir le régime méditerranéen ou encore le régime Okinawa. Les modèles, comme la pyramide alimentaire saine en Flandre ou le ‘schijf van vijf’ aux Pays-Bas, encouragent eux aussi à manger moins de produits d’origine animale et plus de produits d’origine végétale et de limiter autant que possible la consommation de produits fortement transformés.
Toutefois cette succession de recommandations contre la consommation de viande provoque une certaine irritation chez les consommateurs et dans l’industrie de la viande. Aux Pays-Bas le journal De Telegraaf a suscité des discussions houleuses suite à la diffusion d’un article concernant l’impact du récent accord climatique sur la consommation de viande : deux fois par semaine tout au plus, indique le Voedingsbureau (Agence alimentaire). En Belgique aussi l’expert nutritionniste Frédéric Leroy (VUB) s’inquiète de ce ‘discours anti-viande’ qui pourrait avoir des conséquences néfastes : si les gens suppriment inconsidérément la viande de leur menu, ils risquent certaines carences qui pourraient nuire à leur santé.