C’est un vendredi noir pour Test-Achats, tout comme pour Colruyt, Delhaize, Sligro et Lidl. Pour n’en citer que quelques-uns. Mieux qu’une réduction de 50%, la rubrique hebdomadaire de mauvaises nouvelles de RetailDetail Food vous est offerte gratuitement, carrément !
Bye bye
Pendant que les shoppers sont en train de se bousculer pour faire de bonnes affaires, il nous faut, une fois de plus, vous parler de Jef. Vous vous souvenez sans doute qu’en 2016 le numéro un incontesté de Colruyt avait émis une aimable offre de reprise d’un million d’euros sur l’enquête annuelle des prix des supermarchés de Test-Achats. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque Colruyt suspectait Albert Heijn de manipuler l’enquête en baissant temporairement ses prix. A présent le 95ème CEO du monde peut s’épargner cet investissement. Le concept de cette fameuse enquête a en effet décidé de s’auto-supprimer. Du moins, c’est ce que nous déduisons de la publication de la ‘Grande Comparaison des Prix Edition 2018’, qui n’est autre qu’une une mini-enquête, un baromètre light, un simulacre de comparaison de prix, bref une étude bon marché.
Qu’en est-il exactement ? Le défenseur des consommateurs est fauché. Désormais il n’envoie plus d’enquêteurs dévoués pour aller vérifier les prix sur place, il se contente de les vérifier via internet, négligeant ainsi plus de la moitié des enseignes (qui ne publient pas leurs prix en ligne). De plus l’étude ne prend pas en compte les marques A chez les hard discounters, considérées comme quantité négligeable. Ce qui autrefois était une référence dans le secteur, n’est plus qu’un exemple de non-pertinence absolue. Et les réactions émises officieusement par les retailers en disent long. Ils n’hésitent pas à noircir l’association de défense des consommateurs. Bye bye Peste-Achats (oups, faute de frappe ou faute d’orthographe délibérée ? Va-t’en savoir ?)
Un vrai bain de sang
Parlant de Colruyt : le discounter doit d’urgence rénover ses magasins en profondeur, et Delhaize doit convertir ses supermarchés en Albert Heijn. Tel est du moins le conseil pressant d’une experte en retail allemande, qui s’est penchée sur les chiffres et voit les choses en noir. La venue de Jumbo dans notre pays provoquera un réel bain de sang. Les numéros un et deux de notre pays ont de quoi s’inquiéter : un scénario catastrophe s’annonce, une véritable marée noire !
Non pas que cela nous surprenne. N’avons-nous pas répété par la énième fois la semaine dernière qu’il y avait 0,02% de chance qu’Albert Heijn disparaisse du marché belge. Et la raison est simple : si les deux partenaires de fusion veulent contrecarrer le péril jaune, ils doivent opter pour la formule la plus puissante, qui n’est pas nécessairement Delhaize. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’experte allemande qui le prétend, noir sur blanc. La chance qu’elle ait raison nous paraît légèrement supérieure à 0,02%.
Croquettes au gibier
La panique règne dans le quartier du Eilandje à Anvers, non loin des bureaux de RetailDetail. L’invitation se trouvait pourtant sur notre bureau et la date était cochée en gras dans notre agenda, nous nous réjouissions déjà des exquises gourmandises et des bulles pétillantes que nous allions déguster. Mais un juge a joué les trouble-fête : Sligro, le grossiste horeca néerlandais qui lundi prochain comptait sortir le grand jeu lors de sa réception d’ouverture, s’est vu retirer son permis de bâtir. Chez les concullègues de Metro, Gagelmans et Top Food Group, les membres de la direction se roulent par terre de plaisir. Depuis des années déjà ils empoisonnent la vie de l’ambitieux nouveau venu par d’astucieuses ruses juridiques.
Par contre aucune procédure de permis n’a fait obstacle à l’ouverture la semaine dernière de ce charmant pop-up de Noël de Lidl. Le discounter avait prévu de délicieux hors-d’œuvre et boissons pour la presse et les influenceurs venus nombreux. On nous a même présenté deux fois le plateau de croquettes de gibier, dont nous ne nous sommes pas privés car nous mourrions de faim. Mais quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre que ces croquettes ne contenaient pas plus qu’une quantité homéopathique de viande de chevreuil, 0,02% pour être précis. Personnellement nous n’avions pas remarqué, c’est un individu critique qui a diffusé la photo de l’étiquette sur Twitter. Mais il faut bien dire que notre industrie alimentaire – car il s’agissait bien d’un produit belge – démontre une fois de plus ici l’excellence de son savoir-faire. Car autrement comment parviendraient-ils à obtenir une croquette aussi délicieuse, avec des masses de chapelure, de farine de blé, d’amidon de riz, de fécule de pommes de terre et d’aromates. Sans oublier 0,002% de laurier et 0,002% de romarin. Chapeau !
Un peu de nonchalance
0,02% de viande de chevreuil, c’est probablement presqu’autant que le pourcentage de viande bovine belge dans un échantillon de … viande bovine belge affichant le label Belbeef. Du moins à en croire une analyse réalisée par la Fédération Belge de la Viande Febev. Une note interne qui en fait n’était pas destinée à être publiée, mais qu’ils ont laissé traîner par nonchalance. Cette étude conclut que l’origine de la viande vendue dans nos supermarchés n’est aucunement garantie. Une petite négligence, rien de plus, mais pas de quoi s’inquiéter. La bête noire du secteur alimentaire a fini par retenir la leçon, non ? Nous en sommes tous convaincus.
Non, pas tous. Car si Quorn, ce fameux fabricant de ‘feak meat’, vient d’annoncer l’ouverture de la plus grande usine de substitut de viande au monde, ce n’est pas parce que les gens ont une confiance absolue dans la viande que atterrit sur leur assiette. Par contre ils ont entière confiance dans un produit dont l’étiquette mentionne des termes tels que mycoprotéines, blancs d’œufs réhydratés, chlorure de calcium et acétate de calcium. Compréhensible. Ou dans un pseudo-burger américain qui saigne comme un vrai bœuf. Logique. En tout cas, le bourse s’en délecte de ce fameux Beyond Meat. Du moins pour l’instant. D’ailleurs : qu’est-ce qu’on mange ce soir ? Boudin noir aux haricots noirs, un menu approprié en ce jour de Black Friday, nous semble-t-il. Avec des pasta nero en accompagnement. Et un moelleux au chocolat noir comme dessert. Encore un petit café pour digérer ? Du Chat Noir, évidemment ! Bon appétit et à la semaine prochaine !
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