La décision de Test-Achats de ne plus envoyer d’enquêteurs pour vérifier sur place les prix pratiqués par les supermarchés constitue une sérieuse dégradation de sa comparaison de prix annuelle. Une décision regrettable pour les retailers et les consommateurs.
Fin d’une époque
Durant de nombreuses années la Grande Comparaison de Prix de Test-Achats était une référence, un événement qu’attendaient avec impatience les retailers, les fabricants et les consommateurs. Même si cette enquête suscitait souvent des discussions, il s’agissait du seul baromètre de qualité. Le défenseur des consommateurs examinait effectivement les choses en profondeur : l’an dernier les enquêteurs ont comparé 48.864 prix dans 237 magasins répartis sur 19 chaînes de magasins. Cette époque est maintenant révolue.
Désormais Test-Achats compare uniquement les prix des retailers qui publient leurs prix sur leurs sites web. Pour les chaînes qui ne publient pas leurs prix en ligne, l’enquête se contente d’une extrapolation ou de listes de prix qui lui sont envoyées. Cette méthode est nettement meilleur marché, mais les conséquences ne sont pas des moindres. Le nombre de prix comparés se limite à 27.000 et les différences de prix locales sont mesurées avec moins de précision – et ce au moment où Jumbo s’apprête à faire son entrée avec une politique de prix locale. Les chaînes franchisées comme AD Delhaize, Proxy Delhaize, Alvo, Spar ou encore Carrefour Market ne sont plus reprises dans l’étude. Même Okay qui l’an dernier s’est classé troisième, a disparu de la liste. Les produits de marques chez Aldi et Lidl ne sont pas pris en compte non plus.
Pas besoin d’aller chercher loin pour trouver les motifs de ce changement de cap : le modèle d’entreprise de Test-Achats est sous pression depuis un certain temps déjà. Les membres affiliés diminuent en nombre et vieillissent, le tirage du magazine est en baisse. Les jeunes générations s’informent via d’autres sites de comparaison. La décision l’an dernier de vendre l’utilisation de son label sous licence aux fabricants et aux retailers n’a pas fait l’unanimité. Des chaînes telles qu’Albert Heijn, Lidl, Carrefour et Kruidvat y ont recours. L’objectivité et la crédibilité de l’organisation sont en jeu.
Les comparaisons de prix sont toujours controversées, mais en supprimant ses propres fondements, cette enquête devient une cible facile pour la critique. Dommage, car le retail alimentaire a grand besoin d’un baromètre de prix fiable. Une comparaison qui aille plus loin que quelques bribes diffusées ça et là dans la presse. Une enquête qui soit plus objective que les communiqués publiés par les retailers eux-mêmes. La conclusion est claire et nette : le secteur mérite une meilleure comparaison de prix que celle de Test-Achats. Tenez-nous à l’œil …