En Belgique, le retail belge perd de plus en plus de CA au profit de pays étrangers. L’année dernière, les Belges ont dépensé huit milliards d’euros en dehors de leurs frontières, dont 5,5 milliards en ligne. C’est dix fois plus qu’il y a cinq ans.
30.000 emplois perdus et un doublement de l’inoccupation
Les consommateurs belges dépensent cent milliards d’euros chaque année. Une part de plus en plus réduite de cette somme revient aux commerçants nationaux, selon les calculs de Comeos. En 2017, 8% de cette somme sont partis à l’étranger. Rien qu’en ligne, le chiffre d’affaires perdu s’élevait à 5,5 milliards d’euros, contre à peine un demi-milliard il y a cinq ans. Toutefois, les achats aux frontières physiques restent plus ou moins stables et représentent quelque 2,5 milliards d’euros.
Comeos souligne que de nombreux emplois disparaissent également : on estime que ces 5,5 milliards d’euros représentent une perte de 30.000 emplois. Selon la fédération professionnelle, la forte concurrence étrangère est également en partie responsable d’un taux d’inoccupation en constante augmentation : 10% des magasins sont vides aujourd’hui, soit deux fois plus qu’après la crise financière en 2009.
En raison de la pression sur les prix et du manque de flexibilité
Les commerçants belges éprouvent des difficultés à être compétitifs, notamment en raison de la forte pression sur les prix. Selon Comeos, de nombreux fournisseurs étrangers, en particulier les commerçants sur des places de marché tels qu’Amazon et Alibaba, ne facturent pas la TVA. Cela leur procure un avantage de prix immédiat de près de 21%. En effet, les marges sont clairement sous pression : dans le retail belge, les marges nettes sont passées de 3% à 1,3% en dix ans de temps.
Les ventes dans le secteur retail belge sont donc en recul. En 2017, le chiffre d’affaires retail était inférieur à celui de l’année de crise 2008, peut-on lire dans le journal De Tijd. Par contre, le pouvoir d’achat a augmenté de 1,5 %. C’est surtout dans le secteur de la mode que les commerçants belges voient leur chiffre d’affaires dégringoler. Au premier trimestre 2018, les ventes ont baissé de 5,2%, au deuxième trimestre même de 7,4%. Comeos y voit également un lien avec la concurrence étrangère, puisque 10 à 14% du chiffre d’affaires de ce secteur est réalisé en ligne.
Pourtant, non seulement la pression sur les prix joue un rôle, mais également la flexibilité des entreprises retail belges, selon Dominique Michel, directeur général de Comeos. A la veille des élections sociales et politiques qui auront lieu au mois de mai, il a appelé à « une législation plus souple et à une meilleure compréhension des nouvelles initiatives par les syndicats ». Après tout : « C’est affreux à dire, mais le changement et l’innovation dans notre secteur ne sont quasi possibles qu’après une douloureuse restructuration ».