Passendale est la première marque nationale belge à lancer un fromage biologique à pâte mi-dure cet automne. Une étape logique pour la marque, et une réponse à la demande croissante du marché.
Un marché dominé par les MDD
Les consommateurs privilégient une alimentation saine et naturelle : des produits purs, naturels et locaux, sans additifs… L’alimentation bio s’inscrit parfaitement dans cette tendance. Loin d’être une mode passagère, c’est un phénomène durable. Le segment enregistre depuis plus de dix ans une croissance à deux chiffres dans la quasi-totalité des pays d’Europe. Les gens font le choix du bio pour des raisons de santé, pour le goût et la qualité, et par souci de l’environnement.
Le bio joue un rôle important dans la catégorie des produits laitiers. Le marché a progressé de 42 % depuis 2012 ; un consommateur sur deux achète aujourd’hui des produits laitiers bio. Au rayon fromage, le bio représente 1,5 % du chiffre d’affaires. Tous les segments progressent, la croissance la plus forte étant à mettre à l’actif des tranches (+17,4 %). Et ce ne sont pas les opportunités qui manquent puisque le fromage bio est jusqu’ici presque exclusivement commercialisé sous marques propres.
« Le bio est une étape logique pour Passendale », explique la brand manager Elke De Block de Savencia Fromage & Dairy Benelux. « Nous avons toujours proposé un produit très naturel, sans conservateurs, avec une croûte comestible, élaboré à partir de lait 100 % belge et d’une présure végétale. Notre fromage affiche en outre une faible teneur en sel, et il est sans lactose. »
Investissements
La fromagerie de Passendale est certifiée bio depuis 2017 et confectionne depuis quelque temps déjà un fromage bio pour son entreprise sœur Söbbeke. Le fabricant contrôle l’ensemble de la chaîne : le fromage est même tranché et emballé sur place, précise le maître fromager Hans De Praeter. « Les récents investissements réalisés dans le domaine de l’hygiène, du contrôle des moisissures et de l’aération ont rendu cette aventure bio possible. Nous planifions la production du fromage biologique au début de chaque journée afin d’exclure tout contact avec d’autres variétés. »
Le Passendale Classic est donc à présent aussi disponible en version labellisée bio. Le processus de production est identique. La seule différence tient à la matière première : du lait belge 100 % bio. Comme son prédécesseur bien connu, il s’agit d’un fromage accessible en forme de pain, à la texture moelleuse et aérée de petits trous.
Prix serré
Le prix ne peut constituer un obstacle pour le shopper : c’est pourquoi Savencia a opté pour un emballage de 150 g (cinq tranches) au prix conseillé de 2,99 euros, autrement dit sous la barre psychologique des 3 euros. « Il s’agit d’un prix accessible pour un fromage bio. Le Passendale Classic Bio coûte environ 17 % plus cher au kilo, alors que les autres fromages bio sont souvent jusqu’à 30 % plus onéreux que les variantes conventionnelles. »
Cette nouvelle référence est depuis début septembre en vente dans les magasins de Carrefour et Colruyt Group, et rejoindra aussi prochainement l’assortiment de Delhaize. Le lancement est soutenu par un plan de communication numérique et une visibilité accrue en magasin.
Demande en hausse
Afin d’observer de première main le fonctionnement d’une entreprise de produits laitiers bio moderne, nous sommes allés rendre visite à l’agriculteur bio Jacob Devreese à Lo-Reninge. Son père s’est partiellement converti au bio en 1994. Il était alors question de surproduction dans le secteur laitier et il avait entamé une collaboration avec la fromagerie Het Hinkelspel à Gand, en marge de l’élevage de moutons. Suite à la crise de la dioxine en 1999 et à l’explosion consécutive de la demande de lait bio, il s’est exclusivement recentré sur la production de lait de vache biologique. Jacob a repris les rênes de l’entreprise en 2008. Avec 200 vaches et une production de 450 000 litres par an, il compte parmi les principaux acteurs du secteur.
En quoi une exploitation laitière biologique diffère-t-elle des autres ? « Nous cultivons notre fourrage sans OGM nous-mêmes, avec de l’engrais et des herbicides naturels. Le trèfle est la plante de base : elle est riche en protéines et facile à cultiver. Nos vaches reçoivent aussi du blé – la plante entière – associé à des pois et de la féverole. » L’administration d’antibiotiques est strictement limitée. La ferme reçoit la visite de contrôleurs deux fois par an, plus des visites surprise.
Prix plus élevé
Les vaches sont issues d’un triple croisement entre les races Holstein, Rouge scandinave et Fleckvieh : cette méthode permet d’obtenir des bêtes robustes qui supportent mieux le fourrage grossier, sont plus fertiles et moins sujettes aux maladies. Le pâturage est essentiel car le bien-être animal est une priorité dans le secteur bio. Les animaux disposent de plus d’espace dans l’étable, ils sont plus calmes, et les veaux restent plus longtemps auprès de leur mère. Tout cela contribue à une durée de vie plus longue.
Les fermiers bénéficient d’un prix plus élevé pour le lait bio, et celui-ci est en outre plus stable grâce aux accords annuels. « La demande augmente, et l’enthousiasme des agriculteurs aussi. Mais le travail est plus dur. » Le lait est récupéré par la coopérative Biomilk.be, qui approvisionne également la fromagerie de Passendale. Le lait bio est-il meilleur ? « Disons que la composition diffère. Il contient par exemple davantage d’acides gras oméga-3. Le goût aussi est différent, mais de là à dire qu’il est possible de le reconnaître lors d’un test à l’aveugle, je n’en sais rien… »