Le nom ou la photo d’un chef étoilé sur un plat préparé vendu en grande surface n’est pas une garantie de qualité : en France les repas prêts à consommer de chefs renommés ne tiennent pas toujours leurs promesses et sont parfois même carrément trompeurs.
Faibles scores nutritionnels pour les repas de chefs
Les plats préparés auxquels certains grands chefs cuisiniers français associent leur nom ne sont pas meilleurs ou plus équilibrés que d’autres produits alimentaires vendus dans la grande distribution. La radio Franceinfo et l’association de consommateurs Foodwatch ont analysé 65 repas cuisinés de chefs, allant des petits pots pour bébés de Ghislaine Arabian jusqu’aux pâtes farcies de Thibault Sombardier. A l’issue de cette enquête seuls 24 produits ont obtenu un Nutri-Score vert, indice d’une bonne valeur nutritive. A noter que la majeure partie des repas analysés n’affichaient pas le fameux Nutri-Score très controversé.
Dans certains cas les promesses des chefs cuisiniers, qui vantent leur produit, sont carrément trompeuses. Par exemple : les repas en poudre du chef doublement étoilés Thierry Marx pour Feed, présentés comme ‘la Rolls-Royce de la nutrition’, sont supposés être 100% bio. Or la variante aux fraises n’est pas bio et les soi-disant fraises fraîches sont lyophilisées.
Pas ‘digne d’un grand restaurant’
D’autres produits de chefs réputés examinés par Foodwatch contenaient des numéros E, jugés dangereux par certains experts en nutrition, ou encore des additifs controversés, comme l’huile de palme et des sucres ajoutés. De même pour les pâtes de Thibault Sombardier, chef étoilé du restaurant Antoine à Paris, qui prétend que ses plats préparés sont « dignes d’un grand restaurant ».
« Le partenariat d’un chef avec une marque n’est pas nécessairement synonyme de qualité et ne signifie pas qu’il faut lui faire une confiance aveugle », conclut Ingrid Kragl, directrice de l’information chez Foodwatch France. « A l’avant on vous vend du rêve, mais lorsqu’on examine la liste des ingrédients, on s’aperçoit qu’il y a un fossé entre la promesse et ce que on vous vend. »
Collaborations variant de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros
Pour les fabricants la collaboration avec un chef réputé leur apporte une image de qualité, admet Jean-Michel Juillet directeur marketing de Lustucru Rivoire & Carret, même si le partenariat leur coûte parfois des centaines de milliers d’euros. « C’est un investissement pour notre marque, il ne s’agit pas de quelques milliers d’euros. Ce sont des montants significatifs, mais largement compensés par l’image et l’engagment du chef », estime Juillet.
Suite à l’enquête de Foodwatch, certains chefs ont réagi en disant qu’ils visaient autant que possible une liste d’ingrédients ‘clean’ et souhaitaient y apporter d’autres améliorations, tout en ajoutant qu’ils étaient liés à certaines exigences de la grande distribution, telles que la durée conservation.