Deux fois plus de temps que pour un magasin physique
Le délai d’un retour sur investissement d’une durée de ’six ans minimum’ est non seulement bien plus long que ce que les commerçants avaient estimé, mais également le double du délai pour un magasin physique. « Dans le cas d’un nouveau magasin physique, on table sur un retour sur investissement après trois ans »,», déclare Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos. « Alors que les projections pour les magasins en ligne étaient similaires, il s’avère à présent que l’investissement est rentabilisé beaucoup moins rapidement. »
Les retailers sous-estiment surtout les coûts variables : « Pour obtenir par exemple un bon référencement sur Google, il faut y mettre le prix. Le coût des services est également plus élevé pour un magasin en ligne, la logistique reste un défi, et dans le secteur de l’habillement par exemple, les retours peuvent engendrer des frais imprévus », explique Dominique Michel.
« Pas de retour en arrière possible »
Selon le dirigeant de Comeos, la pression sur les marges est et restera le plus grand défi : « Les frontières ont littéralement disparu et lorsque des acteurs étrangers peuvent s’approvisionner à moindre coût et qu’ils disposent de surcroît d’une structure de coûts moins importante, il devient difficile pour nous de rester compétitifs. Les handicaps auxquels doivent faire face les commerçants belges – le coût de la main-d’œuvre, la pression fiscale,… – sont encore amplifiés dans le cadre du commerce en ligne. »
Mais le constat suivant peut néanmoins rassurer le commerce en ligne belge : « Les consommateurs belges continuent de privilégier les marques fiables, les valeurs sûres. » Heureusement, car « les investissements en ligne doivent se poursuivre, il n’y a pas de retour en arrière possible », souligne Comeos.
37,5% de croissance dans le secteur internet
Il serait néanmoins dommage de freiner les investissements en ligne, car le chiffre d’affaires de l’e-commerce en Belgique connaît une belle progression. Entre 2009 et 2011, les achats en ligne ont augmenté de 3,2 milliards d’euros à 4,4 milliards d’euros, selon les chiffres du Boston Consulting Group : une croissance de pas moins de 37,5 %.
« En 2011, l’internaute belge a dépensé en moyenne 475 euros sur internet, alors qu’en 2009, ce chiffre s’élevait à 400 euros », affirme Filiep Deforche de BCG. « Les particuliers achètent donc de plus en plus en ligne. Mais malgré ces chiffres en progression, la Belgique obtient des résultats moyens lorsqu’il s’agit d’e-intensity (le taux de pénétration d’internet dans notre société). Nous suivons l’évolution, mais nous n’arrivons pas à rattraper notre retard. »
Selon le spécialiste d’internet, le problème ne se situe pas au niveau de la structure. Internet fait peur aux consommateurs et les petites et moyennes entreprises ne l’utilisent pas suffisamment. Seule une PME sur trois est pleinement active sur la toile, et « ce taux est nettement inférieur par rapport à nos pays voisins », déclare BCG.
Traduction : Laure Jacobs