Tandis que les multinationales se répètent, les vraies actualités cette semaine nous viennent d’exploitants de supermarchés travaillant dur, sans compter leurs heures. Voici le résumé hebdomadaire de RetailDetail Food, bien épicé comme il se doit.
Un sentiment de déjà vu
Lorsque vous êtes est un vieux routier dans l’univers fascinant des fast moving consumer goods, il vous arrive parfois d’avoir un sentiment de déjà vu, ce phénomène psychologique qui vous donne l’impression d’avoir déjà vécu la même chose dans le passé. Alors lorsque Coca-Cola annonce la sortie d’une variante transparente, vous levez les épaules d’un air désintéressé parce que vous avez déjà connu le flop du cola incolore Crystal Pepsi. Quant au casseur de prix Leader Price qui renonce au hard-discount et entame une opération de montée en gamme, sa démarche est copiée sur ses concurrents Aldi et Lidl qui l’ont déjà fait avant lui. Et Georges Plassat n’est pas le premier CEO à faire ses adieux les poches bien remplies, tandis que des milliers d’employés se retrouvent au chômage. Bref, pas de quoi remplir une chronique.
Dès lors votre chroniqueur, après un brainstorming introspectif intense et fructueux, a décidé dans le Filet Pur de cette semaine de mettre à l’honneur les vrais héros du retail alimentaire. En effet, que serait notre secteur sans ces nombreux entrepreneurs indépendants qui travaillent d’arrache-pied pour sauver leur centrale en difficulté d’une faillite imminente ? Pour autant, se plaignent-ils d’une charge de travail trop élevée ? Se mettent-ils en grève ? Exigent-ils que leur profession soit reconnue comme métier lourd ? Non, nous semble-t-il.
Huit sachets
Prenez par exemple Dany Van Assche, manager de l’AD Delhaize de Lochristi, un magasin modèle sans égal, qui devient un peu exigu et qui dès lors devra faire place d’ici peu à un nouveau bâtiment deux fois plus grand. Cet homme sympathique a déjà fait la couverture de votre journal favori RetailDetail Food à plusieurs reprises et a été cité dans la presse cette semaine concernant l’incident suivant : l’un de ses collaborateurs a trouvé huit sachets de poudre blanche dans une caisse de bananes Chiquita. De la cocaïne, très probablement.
Vu son sens des affaires, l’homme n’a pu s’empêcher de peser sa trouvaille et d’en évaluer la valeur marchande : entre 50.000 et 100.000 euros, une somme qui vu les travaux de transformation à venir lui aurait été bien utile. Mais non : au lieu de se rendre dans le sombre quartier de la gare de Lochristi pour vendre son butin, l’exploitant a préféré appeler immédiatement la police. Un comportement citoyen exemplaire, certes, mais qui ne fera pas monter les marges de Delhaize.
Et ce reflet blanchâtre sous le nez de monsieur Van Assche? Rien à voir, juste la réflexion du flash du photographe de presse sur une lèvre supérieure perlée de sueur. Le stress, vous comprenez. Autant vous dire que le nombre de candidatures spontanées pour un job au rayon fruits et légumes est monté en flèche dans tous les supermarchés.
Chaos complet
Ou prenez le tout aussi sympathique Arthur De Greef, exploitant du Spar Colruyt Group de Wespelaar. Un supermarché modèle, dont les grandes transformations datent d’il y a quelques années déjà et qui chaque jour est impeccable. Cet homme charmant a déjà fait la couverture de votre journal favori RetailDetail Food à plusieurs reprises et a eu la primeur ce lundi de la fameuse app ‘Scan. Pay. Go.’ pour un shopping sans caisse.
Désormais ce magasin de proximité convivial opérera donc sans personnel. Quant aux fraudes éventuelles, Spar ne veut même pas y penser tellement sa confiance dans sa fidèle clientèle est grande. Néanmoins l’enseigne n’envisage pas de licencier le personnel qui aura enfin le temps d’aider les clients confrontés à des difficultés quasi insurmontables face à la machine de reprise de vidanges pour les bouteilles en plastique et les cannettes. Car en effet, ce pionnier visionnaire a déjà instauré les consignes sur les emballages jetables avant que le gouvernement ne s’accorde sur le sujet. D’où un chaos complet, exactement comme l’avait prédit Comeos.
Autre entrepreneur qui mérite d’être cité ici : l’exploitant, jusqu’à présent anonyme, du Carrefour Express de l’Anselmostraat à Anvers. Un entrepreneur modeste qui n’a jamais fait la couverture de votre journal favori RetailDetail Food, mais qui depuis deux mois en toute discrétion teste la nouvelle app Scan&Pay de Carrefour, avant qu’elle ne soit déployée dans des centaines de magasins. C’est donc lui qui a eu la réelle primeur, mais les équipes télé l’ont totalement ignoré.
Entre Nopri et Unic
Chapeau également à Kenny de Vries, descendant d’une famille éminente du retail, qui dans un passé récent a fait la couverture de votre journal préféré RetailDetail Food. Il vient d’ouvrir le 38ème magasin belge d’Albert Heijn à Hasselt. Dick Boer en personne s’est rendu sur place pour aider à couper le ruban. Est-ce là un signe de l’avenir d’AH dans notre pays ? Qui sait … pour la famille de Vries, après Genk et Zonhoven, il s’agit du troisième magasin dans la région limbourgeoise, et peut-être pas le dernier, car sur la photo de famille nous percevons cinq personnes adultes. Comme quoi AH n’hésite pas à mettre plusieurs œufs dans le même panier. La famille de Vries n’est d’ailleurs pas la seule à exploiter une panoplie de magasins sous l’enseigne bleue.
En effet, Jan Peeters, que nous tenons à saluer ici, exploite lui aussi plusieurs magasins exemplaires d’Albert Heijn. Un homme qui à tort n’a jamais fait la couverture de votre journal favori RetailDetail Food, mais qui néanmoins a eu la parole sur l’une des pages intérieures. Cette semaine il a annoncé la fermeture du dernier supermarché en Campine portant encore le nom de la famille fondatrice. Le rideau est tombé sur l’enseigne Peeters-Govers. A partir de samedi elle rejoindra les archives de notre riche histoire du retail alimentaire belge, à classer entre Nopri et Unic. Parlant de déjà vu !
Elimination du supermarché
Mais bon, la décision de Peeters est compréhensible, sachant qu’une nouvelle initiative ‘circuit court’ dans sa région vise tout bonnement à éliminer le supermarché, en permettant aux consommateurs de se faire livrer en direct par les agriculteurs. Aie, la fin définitive du supermarché, autrefois si populaire, est-elle en vue ? Et si le coup de grâce ne vient pas des paysans, il viendra du fameux frigo intelligent de Samsung. Ce réfrigérateur connecté est capable en effet d’envoyer directement la liste de courses à Collect&Go. Quel confort ! Faire ses courses en magasin ? C’est dépassé. Mais alors, les consommateurs qui ne sont pas clients chez Collect&Go n’ont-ils pas la possibilité de jeter un coup d’œil à distance dans leur frigo ? Si, bien entendu. Ce deal avec le frigo malin de Samsung, c’est surtout du marketing intelligent. Pour l’instant je me contente de mon frigo idiot qui, j’en suis certain, contient quelques bières bien fraîches. A la semaine prochaine !
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