Dans les conversations à propos du futur de la distribution alimentaire, le mot d’e-commerce conserve quelque chose de magique. Les exploitants indépendants ont-ils franchi le pas ? Si non, qu’attendent-ils ?
Rentable ?
“Je ne connais pas de modèle qui soit rentable dans notre secteur mais nous devons être attentifs à ne pas rater le train” prévient Christophe De Laet de Alvo Superpost. “Tout va dépendre de ce que les centrales vont décider pour l’avenir. Quelles marges pourrons-nous encore générer si les centrales gèrent toute la logistique ? Je ne pense pas qu’organiser et exécuter nous-mêmes des ‘order pickings’ dans nos supermarchés soit la manière la plus efficace de travailler.”
Luc Bormans, qui exploite l’AD Delhaize de Salzinnes en région namuroise, sait que les centrales sont occupées à tester des solutions. “On le comprend parfaitement même si l’e-commerce est un business model compliqué. Aujourd’hui, pratiquement toutes les ventes se font en magasin physique. L’e-commerce va-t-il balayer tout ça ? Et si c’était un tout autre métier ? On ne peut évidemment ignorer la problématique de la mobilité. Les réponses à l’offre e-commerce seront très différentes selon le lieu, centre-ville, périphérie ou zone rurale. Avant d’entreprendre quoi que soit, je pense qu’il faut attendre davantage de clarté sur ce que pourra et ce que sera l’e-commerce alimentaire.”
Kris Borloo : “Nous travaillons énormément sur un concept. Nous ne voulons certainement pas d’un copier/coller ni forcer quel collègue que ce soit à y adhérer car chaque cas est particulier. Tout dépend de la situation géographique du magasin, de son public, de sa taille… Nous avons déjà connu une forme d’e-commerce – commande par téléphone et livraison à domicile – mais il a fallu cesser parce que, s’ajoutant à nos activités quotidiennes, la charge de travail était trop importante. Il en ira de même avec l’e-commerce ‘moderne’. Chacun doit s’interroger sur la possibilité d’intégrer à son organisation une charge de travail supplémentaire. Et l’e-client acceptera-t-il de payer le surcoût que cela suppose ?”
Apporter sa pierre à l’édifice
Marieke Vermeire (Carrefour Express de la Luikersteenweg à Hasselt) explique qu’Express teste actuellement la plate-forme collaborative Bringr de Bpost qui fonctionne sur le mode demande/offre. “Le magasin introduit online une demande de livraison dont se chargent des particuliers, contre rétribution bien entendu. Pour le moment, le système est en test à Anvers, Gand et Bruxelles et nous n’y avons donc pas encore accès. J’imagine que les magasins de centre-ville qui ne possèdent pas de parking sont intéressés.”
Marieke Vermeire pense, qu’avec la Simply You Box, un magasin Express pourrait apporter sa pierre à l’édifice. “Le client compose sa box repas online. Il a le choix entre neuf recettes composées à partir d’ingrédients frais et de qualité, sachant qu’il peut y avoir jusqu’à trois recettes par box. Il décide du jour, de l’heure et du lieu de livraison mais il aussi la possibilité de retirer sa box dans un magasin de son choix, donc également dans un Express comme le nôtre.”