Alexandre Bompard va essayer de réaliser un nouvel exploit : après avoir remis la Fnac sur les rails, il va pouvoir retenter cette même expérience pour le groupe de supermarchés Carrefour.
Un successeur avec des lettres de noblesse
Il succèdera à Georges Plassat le 18 juillet prochain. Il y a quelque temps, le dirigeant âgé de 68 ans avait déjà fait savoir qu’il souhaitait se retirer et qu’il était temps de lui trouver un successeur. C’est ici qu’Alexandre Bompard entre en jeu : le conseil d’administration a donné son feu vert en faveur de sa nomination. Toutefois, Bompard reste administrateur chez Fnac Darty jusque fin 2017.
Le successeur de Plassat, âgé de 44 ans, dispose d’importantes lettres de noblesse : il a réussi à redonner vie au groupe Fnac en grande difficulté, surtout en marquant un coup d’arrêt à l’attaque par surprise d’Amazon. Pour ce faire, il a lui-même misé sur le commerce en ligne et sur les réductions des coûts. Cela a porté ses fruits : en 2011, la vente par internet représentait 12% du chiffre d’affaires de Fnac, aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 50%. Le site internet Fnac est devenu le site le plus visité en France, juste derrière Amazon.
D’autre part, il a permis à quelques fournisseurs importants, comme Samsung et Apple, d’ouvrir un shop-in-shop dans les points de vente Fnac. Il a également réussi à épargner 300 millions d’euros, un montant plus élevé que prévu. Pour terminer, il est aussi à la base de la reprise de son concurrent Darty, ce qui a permis au groupe de se renforcer encore davantage. Le cours de l’action Fnac a également triplé, il est passé de 22 euros en juin 2016 à 66 euros aujourd’hui.
Une lourde tâche
Le conseil d’administration de Carrefour espère que le diplômé de l’Ecole Nationale de l’Administration pourra renouveler ce même exploit. Le groupe de supermarchés connaît des temps difficiles : les hypermarchés, qui ont fait la notoriété du groupe, souffrent aussi de la forte concurrence du commerce électronique.
Selon les analystes financiers de Barclays, nous allons devoir attendre jusque fin 2018 pour ressentir les effets du changement au sommet du groupe de supermarchés. De plus, il y a de fortes chances que l’ajustement politique chez Carrefour engendre des problèmes à court terme. Premièrement, Carrefour est plus grand et plus complexe que la Fnac, mais les hypermarchés perdent également des parts de marché au niveau structurel. Y remédier exigera d’importants investissements en prix.
D’autre part, les syndicats peuvent mettre des bâtons dans les roues : instaurer des réductions des coûts peut entraîner des grèves et des fermetures temporaires de magasins. Les syndicats ont d’ailleurs déjà annoncé qu’ils n’étaient pas ravis de l’arrivée de Bompard, après qu’il ait coupé dans les coûts salariaux chez Fnac.
En attendant, Barclays n’est pas très enthousiaste quant à la première moitié de l’année chez Carrefour, dont les résultats seront dévoilés le 27 juillet. La baisse de la part de marché en France semble ne pas avoir été arrêtée et les fluctuations des taux de change sont négatives au niveau des activités au Brésil.