Une fois leurs achats terminés, les clients se dirigent vers les caisses de leur supermarché, où les attend encore toute une gamme de produits d’impulsion. Quelle place est faite à la santé ?
Les produits ‘sains’ ont-ils la cote ?
« C’est justement parce que l’accent est mis sur l’impulsion à la caisse que Lidl veut y proposer un assortiment en phase avec son ADN », déclare la porte-parole de Lidl, Isabelle Colbrandt. « Nous avons récemment enrichi l’offre de divers snacks sains. Outre le chewing-gum, le chocolat et les bonbons, le client se voit d’abord proposer une offre de snacks sains à la caisse de son Lidl : un mélange de noix, des mûres blanches, des baies de goji, etc. en format snacking. »
Les premiers résultats sont très positifs, rapporte Lidl avec enthousiasme. Les produits santé ont visiblement la cote. Nous sommes tout de même curieux de savoir pourquoi les autres enseignes se montrent aussi silencieuses à ce sujet. Nous avons demandé à Carrefour, Delhaize et Albert Heijn de nous expliquer leur stratégie vis-à-vis des caisses (ce qui n’est a priori pas un sujet sensible), mais Carrefour et Delhaize n’ont pas tenu à commenter, alors qu’Albert Heijn s’est mise aux abonnés absents.
Responsabilité
« On observe certainement un intérêt général pour la santé, reconnaît Luc Bormans, exploitant d’un magasin AD Delhaize à Namur, mais il n’y a pas de pression particulière à la caisse. Cette zone du magasin relève du domaine des achats d’impulsion : si le client a soudainement envie de se faire plaisir, il ne pense pas spontanément à sa santé. Le sucre, le gluten, le sel… tout cela préoccupe effectivement le consommateur, mais pas forcément à la caisse. »
La demande de produits sans sucre ou sans gluten augmente, y compris en rayon, témoigne Serge Van Meensel, exploitant de deux magasins Spar Colruyt qui s’approvisionne en conséquence auprès des fournisseurs. « Cette tendance est plus marquée dans mon magasin à Louvain-la-Neuve – où la clientèle est à 90 % composée d’étudiants – qu’à Gembloux, où le public est plus âgé. Les personnes suivant un régime spécial y sont très attentives et se renseignent sur les allergènes, les ingrédients… »
En tant que commerçant, vous assumez une part de responsabilité quant à l’offre proposée, estime Werner Verhoeven, qui exploite le Carrefour Easy de Battel (Malines). « La décision finale appartient au consommateur, mais il nous incombe de lui proposer suffisamment d’alternatives saines. C’est une situation à double tranchant : si votre best-seller à la caisse est la bouchée Côte d’Or, est-ce vraiment une bonne idée de la retirer du rayon… »
L’excès nuit en tout
« L’offre doit avant tout rester lisible », met en garde Jean-Paul Fraeyman du magasin Albert Heijn de Roulers. « À la longue, tout devient de l’impulsion et plus rien ne sort du lot. Si vous stimulez le consommateur à l’excès, cela ne fonctionne plus. Il faut faire des choix et mettre les produits phares en avant afin de déclencher les achats d’impulsion. »
L’assortiment vendu à la caisse est revu toutes les trois semaines à l’initiative des centrales Albert Heijn à Anvers et Zaandam. « De nouveaux produits sont ajoutés (de nouveaux mélanges de noix par exemple), ainsi que des articles saisonniers, comme bientôt à l’occasion de Pâques. Vu que l’espace est limité, un produit remplace l’autre. »