La question-clé de cette première plateforme retail : la fin du magasin ‘traditionnel’ est-elle en vue ? Le 12 juin, David Kestermans (Carrefour) et Augustin Wigny (CEO du comptoir privé Cameleon) nous donneront leur avis personnel sur ce point. Gérard Lavinay, country manager pour la Belgique, nous fait part dès maintenant de sa vision sur cette question brûlante.
La fin du magasin traditionnel est-elle proche ? C’est la question cruciale qui sera posée lors de la première session du ‘Vlerick Retail Platform’ ? Qu’en pensez-vous ?
G.L.: « Si c’était le cas, on ne se préoccuperait plus de transformer des magasins, n’est-ce pas ? Il est vrai que la vente online progresse rapidement, ce qui est tout à fait logique, car en Belgique nous avons un certain retard à rattraper dans ce domaine.
L’internet est indéniablement un nouveau canal important, qui se maintiendra. En fait le canal online est très complémentaire du canal offline. Bien que les deux univers jusqu’à présent étaient assez séparés, l’avenir aujourd’hui est à celui qui combine les deux. Les deux canaux doivent trouver une façon de cohabiter. D’ailleurs de nombreux ‘pure players’ ouvrent aujourd’hui des magasins physiques. Le client passe sa commande en ligne et vient la retirer au magasin ».
Comment vous situez-vous dans ce paysage cross-channel ?
G.L.: « Nous sommes déjà actifs sur internet depuis deux ans avec notre assortiment alimentaire, tout comme nous concurrents. Bien que nous constations une certaine croissance, cela reste un petit marché peu lucratif. C’est pareil pour tout le monde, mais cela n’empêche que c’est devenu un service nécessaire.
Bientôt nous proposerons également des produits non-food en ligne, en collaboration avec le détaillant en électronique britannique Dixons, que l’on connaît dans plusieurs pays européens au travers de l’e-commerçant Pixmania. Nous avons commencé cette collaboration en France il y a quelques années et comptons la déployer bientôt en Belgique. Dans un premier temps nous le ferons en tant que ‘pure player’, mais ensuite le but est de passer au cross- channel ».
La mort de certains formats traditionnels – particulièrement les hypermarchés – a déjà été annoncée à plusieurs reprises.
G.L.: « Tout le monde parle en effet du déclin des hypermarchés. Toutefois c’est tout à fait normal : les hypermarchés de par leur ampleur ne sont pas des formats que l’on peut adapter en deux temps trois mouvements et dont on ouvre souvent de nouvelles implantations. Pourtant il le faut, car la crise est bien là et le consommateur a changé.
On assiste actuellement à une résurgence des magasins de proximité : le petit magasin en centre-ville est de retour. Les gens continuent à fréquenter les grands formats pour y faire leurs grandes courses hebdomadaires ou pour se distraire un samedi après-midi, mais il est clair qu’ils ont de plus en plus tendance à se rendre dans le petit magasin de quartier pour s’acheter à manger après le travail. Ils s’attendent à y trouver un plus large assortiment de repas prêts à l’emploi et de produits à consommer en cours de route.
Tout cela est complémentaire. C’est précisément ce que nous visons avec notre stratégie multi-formats. La preuve ? D’ici peu nous aurons 250 magasins Express en Belgique. Nous sommes leader du marché dans les grandes villes, notamment grâce aux excellents résultats à Bruxelles ».
Comment se portent les magasins convertis en Carrefour Planet ?
G.L.: « Nous en sommes encore toujours très satisfaits. Les Carrefour Planet affichent une croissance des ventes à deux chiffres comparé à l’époque avant leur transformation. Tous les magasins concernés ont été convertis. Pour les hypermarchés restants, plus petits, nous avons développé ces derniers mois un concept approprié – inspiré du concept Planet – que nous testons à l’aide de certains projets pilotes.
Il est important de réinventer le concept de l’hypermarché. Nous avons redonner envie au consommateur de fréquenter les hypermarchés en accordant une attention toute particulière dans notre concept Planet à l’aménagement intérieur et l’offre. Autrefois nous étions les seuls à tout vendre, aujourd’hui de nombreux autres spécialistes se sont ajoutés et dès lors il est très important de faire une sélection réfléchie.
Ce n’est pas tellement une question de format, mais plutôt le fait de trouver les bons produits et le bon assortiment à un juste prix. Le client n’est pas idiot: il choisit lui-même l’endroit qui lui convient le mieux ».
La France croit-elle encore qu’il existe un potentiel de croissance pour chaque format?
G.L.: « La France est l’un des pays comptant le plus d’hypermarchés au monde. Cette formule continue à fonctionner là-bas, bien qu’une certaine saturation soit évidente. On parle souvent de la forte croissance du distributeur Leclerc, qui est en grande partie une chaîne d’hypermarchés. Néanmoins Carrefour est toujours numéro 1 sur son marché intérieur.
Le problème en France est que Carrefour a été mal géré durant un certain temps. A présent il y a un nouveau directeur, qui redonnera le moral à ses troupes et leur donnera à nouveau envie d’entreprendre et de faire honneur à notre métier de distributeur ».
Souhaitez-vous participer au’ Vlerick Retail Platform’ le 12 juin ? RetailDetail offre 4 cartes GRATUITES à ses lecteurs.
Envoyez un mail à redactie@retaildetail.be avant mercredi 6 juin avant 15 h et vous gagnerez peut-être votre ticket d’entrée.
Traduction : Marie-Noëlle Masure