Carrefour Belgique a lancé en 2012 une opération de promotion des producteurs locaux. Pour faire le bilan de cette opération, rencontre avec Pascal Léglise, Directeur Qualité et Développement durable de Carrefour Belgique.
Engagements
Depuis quand est-ce que Carrefour s’est lancé dans une opération de promotion des producteurs locaux ?
« C’est en 2012 que tout a démarré, à la Foire Agricole de Libramont avec l’idée d’une opération de promotion des producteurs locaux dans le but de mettre en place une relation commerciale de confiance entre un grand distributeur comme le nôtre et le petit producteur local. La seule question que nous avons posée aux producteurs était la suivante : Pourquoi redoutez-vous de travailler avec la grande distribution ? »
« Suite aux différentes remarques reçues, nous avons alors pu établir une charte contenant tous les éléments d’engagement de Carrefour vis à vis d’eux. Nous leur avons demandé deux exigences : d’une part qu’ils soient en ordre avec l’AFSCA et d’autre part, qu’ils acceptent de s’engager à participer à des démonstrations de leurs produits dans nos magasins. »
« Et c’est de manière officielle en 2013 que nous avons commencé de façon progressive à intégrer des producteurs locaux dans nos hypermarchés de Herstal et de Mons (Les Grand Prés). C’est le bouche à oreille entre les producteurs qui a permis par la suite d’obtenir un plus grand nombre d’assortiment dans tous nos magasins avec un seul mot d’ordre : que ce soit le plus grand qui se mette à la taille et aux pratiques du plus petit. »
Aucune exclusivité
Quels sont les points importants qui sont repris dans la charte d’engagement entre le groupe Carrefour et les producteurs locaux ?
« Tout d’abord, une relation directe entre le producteur et le magasin. Il est très important d’établir un contact commercial direct sans intermédiaire, sauf si le producteur le demande.
Ensuite, nous n’exigeons aucun volume de production. Nous respectons le flux des produits qui nous arrivent et nous nous arrangeons toujours pour que le rayon ne soit jamais vide et soit remplacé par un autre producteur qui se propose de dépanner durant la période déterminée. »
« En ce qui concerne le prix, le producteur est payé ce qu’il demande et d’un autre côté nous fixons un prix de vente qui tient compte du rapport qualitatif du produit que nous classons dans le haut cœur de gamme. Notre groupe s’engage à payer tous les produits dans un délai de 30 jours maximum. En outre, la charte n’impose aucune clause d’exclusivité et le producteur est libre de présenter son produit à la concurrence ou à d’autres secteurs. Nous l’invitons juste à ne jamais dépasser plus de 20 % de son chiffre d’affaire avec un seul client. »
« Enfin, nous garantissons l’authenticité et la transparence vis-à-vis de nos clients en indiquant les coordonnées complètes du producteur local avec son accord. Aujourd’hui, avec un très grand nombre de référencement de producteurs locaux, nous allons passer à une plateforme de digitalisation pour les mettre en avant à travers une fiche technique. »
Procédures simplifiées
Comment se passe la sélection des producteurs locaux et les conditions de référencement et d’emplacement de leurs produits ?
« Nous appliquons un contrat simple pour nos producteurs contenant les engagements de Carrefour vis-à-vis d’eux. Les procédures administratives et les conditions de référencement ont également été simplifiées. Les producteurs vendent à leur propre marque et nous les guidons lorsque nous soupçonnons des produits qui pourraient être un risque sanitaire comme ceux à base de lait cru. »
« Notre engagement est de privilégier un espace de vente spécifique aux producteurs locaux associé à un espace d’accueil spécifique pour eux. En hypermarché tout comme en market intégré, cet espace est bien mis en avant. Nous laissons également la liberté à nos responsables de magasin d’étudier le meilleur emplacement avec nos producteurs et de mettre en place cette relation humaine avec le même but : réussir leur vente. »
10.000 produits
Est-ce que les magasins de proximité comme les franchisés y ont aussi un rôle à jouer ?
« Les franchisés développaient effectivement déjà ce type de relation directe avec les producteurs locaux mais pas déclinée comme nous l’avons fait. Aujourd’hui, le concept s’applique à tous nos magasins intégrés et les franchisés l’appliquent au prorata de leur besoin. En hypermarché, nous avons des mètres de linéaires consacrés aux produits locaux. Chez Market, il y a un peu moins de place et on les retrouve principalement du côté du frais. Et en Express, nous privilégions des produits phare de la région. »
Possédez-vous des résultats sur les ventes des produits locaux, est ce que ce sont des ventes à succès ?
« Nous augmentons chaque année le chiffre d’affaire. Nous avons démarré ce concept en Wallonie, ensuite à Bruxelles et enfin en Flandre. Nous possédons aujourd’hui 10 000 produits locaux commercialisés sur l’ensemble du territoire avec 750 producteurs locaux. »