La production de viande n’est ni très écologique ni très efficace. Les scientifiques estiment qu’il est possible de bien mieux faire. Et si le consommateur n’est pas prêt à troquer son morceau de viande quotidien contre un burger de légumes, peut-être se laissera-t-il convaincre par la viande cultivée?
La viande de laboratoire
Les chiffres sont clairs: la production de 150 gr de steak nécessite un kilo de nourriture pour l’animal et près de 2.500 litres d’eau. A terme, il ne sera plus possible de nourrir la population de la planète. Que faire, car il ne semble pas que nous soyons prêts à abandonner notre régime alimentaire actuel au profit d’une alimentation 100% végétale.
Peut-être devrons-nous opter pour de la viande de laboratoire? La production de viande cultivée – ou ‘in vitro’ – permettrait de réduire de 80 à 90% les émissions de gaz à effet de serre tandis qu’elle nécessiterait 45% moins d’énergie, 90% moins d’eau et 99% moins de terres. Sans compter qu’il faudrait plus sacrifier d’animaux…
Des chercheurs du monde entier travaillent sur la question. Le professeur Mark Post de l’université de Maastricht est à la pointe de cette technique pour le moins extraordinaire. En 2013, il a réussi à faire se multiplier des cellules souches de muscle de bœuf pour produire un hamburger de véritable viande.
Le défi: la texture
Ce premier hamburger artificiel a coûté la bagatelle de… 250.000 euros mais le professeur Post estime que d’ici quelques années ce prix exorbitant pourrait être ramené à 11 euros. Son entreprise Mosa Meat espère pouvoir cultiver la viande ‘sans animal’ dans de gigantesques incubateurs. Le procédé est semblable à celui de la fabrication de la bière ou du fromage.
Le grand défi consiste à reproduire la texture de la viande, notamment par adjonction de cellules graisseuses. Car on ne peut pas dire de ce burger qu’il soit vraiment savoureux. Les chercheurs analysent également la possibilité de reproduire un véritable steak.
Le professeur Post est convaincu du potentiel de son projet. Bien que les substituts végétariens existent depuis de nombreuses années, leur succès reste limité. La viande cultivée pourra-t-elle un jour répondre à nos attentes carnivores?
Poulet et boulettes de haché
Mosa Meat n’est pas le seul laboratoire à produire de la viande cultivée. L’américain Memphis Meat a été le premier à créer une boulette de viande hachée et l’entreprise a également l’intention de cultiver des hot-dogs et des hamburgers.
De son côté, l’américano-israélien Super Meat ambitionne de cultiver de la viande de poulet et fait appel au crowdfunding pour financer ses recherches. Après la viande de porc, le poulet est le produit carné le plus commercialisé au monde. A l’heure actuelle, la concurrence fait rage non pas pour attirer des consommateurs mais bien des investisseurs. Sur ce plan-là, Mark Post semble avoir un petit avantage puisque le milliardaire Sergey Brin, l’un des fondateurs de Google, a décidé de le soutenir.