Si le groupe Ahold Delhaize procède à des réductions de prix avec effet rétroactif, il viole le code de conduite des relations équitables entre fournisseurs et acheteurs au sein de la chaîne agroalimentaire, affirment les associations de fabricants.
Conditions d’achat
Dès la fusion finalisée, Ahold Delhaize a entamé des discussions avec ses cent principaux fournisseurs. Le retailer souhaite revoir les conditions d’achat, étant donné que les fabricants désormais collaborent avec une seule grande entité, plutôt que deux entités plus petites, d’où une plus grande efficacité. Grâce à des conditions d’achat plus favorables, le groupe fusionné espère notamment économiser 500 millions d’euros en trois ans.
Entretemps plusieurs fabricants ont divulgué – officieusement et sous l’anonymat – certains détails de ces discussions. Ils estiment que les exigences d’Ahold Delhaize sont exagérées. Il serait question d’une réduction des conditions d’achat avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2016. En outre le groupe réclamerait une prime pour compenser les différences de prix de ces dernières années entre Delhaize en Belgique et Albert Heijn aux Pays-Bas.
Concertation chaîne
Ces exigences vont à l’encontre du Code des pratiques commerciales loyales aux Pays-Bas, écrit le journal De Volkskrant. Ce code stipule notamment que les contrats doivent être respectés et que des réductions avec effet rétroactif ne peuvent être imposées. Mais le code a peu d’impact, parce que les fabricants généralement n’osent pas porter plainte, précise Philip den Ouden, président de l’organisation de l’industrie alimentaire néerlandaise FNLI.
L’association belgo-luxembourgeoise des fabricants de produits de marque BABM, elle aussi, suit l’affaire de près, indique le CEO Walter Gelens. « S’il s’avère effectivement qu’Ahold Delhaize veut adapter les conditions rétroactivement, cela enfreint les accords conclus par le secteur dans le cadre de la Supply Chain Initiative (initiative au sein de la Concertation de la chaîne agroalimentaire, ndlr.). » Il souligne qu’il n’a aucune information concernant les négociations individuelles entre les fabricants de marques et Ahold Delhaize. Mais si les fabricants déposent une plainte, la BABM pourrait soumettre l’affaire à la Concertation chaîne.
Le Boerenbond (ligue agricole flamande) aussi s’inquiète des négociations, lit-on dans le magazine spécialisé De Boerderij. Les producteurs alimentaires répercuteront les nouvelles conditions sur leurs fournisseurs. Ahold Delhaize pour sa part dit se tenir au code de conduite européen des pratiques commerciales loyales.