Le secteur des boissons est injustement visé par la taxe sur le sucre. Tel est l’avis de Dirk Van de Walle, country director de Spadel mais aussi, depuis peu, président de la FIEB, l’association sectorielle de l’industrie belge des eaux et boissons rafraîchissantes.
Evolutions
La FIEB représente 22 entreprises totalisant 3 277 emplois, un chiffre d’affaires de 2,08 milliards d’euros et 35 millions d’investissements par an. Le marché global des boissons non alcoolisées a récemment progressé de près de 1 %, fait savoir Dirk Van de Walle. Mais derrière ce chiffre général se cachent des évolutions peu anodines. « Les eaux ont gagné 4,5 %, alors que les boissons rafraîchissantes ont reculé de 3,5 %. Les colas sont les plus durement touchés. Les jus de fruits sont aussi en net recul, avec une perte de 5 %. »
Comment expliquer ces évolutions ?
« Plusieurs facteurs entrent en jeu. Les gens adoptent un mode de vie plus sain, ils sont davantage à l’écoute de leur corps et prennent conscience qu’ils doivent boire plus d’eau afin de bien s’hydrater. La génération des millennials joue à ce titre un rôle de pionnier. Combien de gens ne voit-on pas aujourd’hui se balader en rue une petite bouteille d’eau à la main ? Les consommateurs comprennent également mieux que toutes les eaux ne se valent pas. Les eaux en bouteille ont le vent en poupe. La Fédération souhaite continuer à sensibiliser le public à propos des normes de qualité. Pour prendre bien soin de son corps, mieux vaut ne pas boire n’importe quoi. »
Attention à la santé
Peut-on parler de tournant ?
« Le segment des boissons rafraîchissantes souffre indéniablement de l’attention accrue portée à la santé. Chez Spa, nous recevons de plus en plus de demandes d’écoles en quête de boissons plus saines. C’est un signe qui ne trompe pas. La tendance santé fait de plus en plus d’adeptes. Nous le voyons notamment au succès remporté par notre gamme ‘Touch Of’. Celle-ci se compose d’eaux agrémentées d’un arôme fruité, le tout sans sucre ni calories. Le goût reste le critère prédominant, mais le consommateur recherche un compromis sain. Les distributeurs tiennent eux aussi compte de cette prise de conscience croissante en matière de santé. À une exception près, toutes les chaînes de distribution du Benelux ont accueilli notre nouvelle gamme de limonades à bras ouverts. »
L’offre de boissons s’assainit ?
« Le secteur s’est engagé à réduire l’apport énergétique total de ses produits de manière significative. Entre 2000 et 2012, l’apport calorique total provenant des boissons rafraîchissantes a déjà diminué de 15 %. Le secteur a pris l’engagement de faire encore baisser ce chiffre de 5 % entre 2012 et 2016, et de 5 % supplémentaires d’ici 2020. De nombreuses initiatives ont déjà été prises dans ce sens. Comme par exemple le lancement de produits sans calories, à l’instar des eaux aromatisées. Ou encore le remplacement du sucre par des édulcorants dans bon nombre de produits. Nous informons le consommateur à ce sujet via la plate-forme www.edulcorants.eu. Les boissons light représentent d’ores et déjà 30 % du marché des soft drinks. Le secteur encourage aussi proactivement l’emploi de conditionnements plus petits. Une plate-forme de concertation dédiée aux distributeurs de boissons dans les écoles a également été mise en place. »
Un plan santé global ?
Et pourtant, le secteur des boissons rafraîchissantes est pointé du doigt…
« L’adoption d’un plan santé par le gouvernement est en soi une bonne chose. Mais la taxe soda n’a rien à voir avec la santé. Il est très regrettable que le gouvernement se focalise sur les boissons rafraîchissantes, alors qu’elles ne représentent que 3,8 % de l’apport énergétique total du consommateur, et seulement 8,5 % de la consommation de sucre. Je mets les autres secteurs au défi d’atteindre des pourcentages aussi favorables. Et pourtant, les autres produits jouissent souvent d’une image plus saine. »
« Avec un chiffre d’affaires de 2,08 milliards d’euros, le secteur des eaux et des boissons rafraîchissantes ne représente que 4,2 % de l’industrie alimentaire en Belgique. La part des boissons rafraîchissantes non alcoolisées atteint 40 %, soit 1,7 % du secteur alimentaire dans son ensemble. Il est donc pour le moins surprenant que le gouvernement ne s’intéresse qu’à ce secteur. Pire encore, le produit qui apporte une solution réelle à cette problématique, à savoir les eaux aromatisées, sont pénalisées par une hausse des accises alors qu’elles contiennent 0 % de sucre et zéro calorie… C’est aberrant. Les boissons rafraîchissantes sont une cible facile et populiste. En 2016, le gouvernement a relevé les accises de 50 millions d’euros et il compte les augmenter d’autant chaque année jusqu’en 2020 pour arriver à un total de 250 millions d’impôts supplémentaires pour le consommateur. Il est donc grand temps de mener une réflexion commune sur la mise en place d’un plan santé global, au lieu de se contenter de rehausser les accises dans un segment restreint de l’industrie alimentaire. »