« La radio est un média influent »
Jeudi dernier Torfs participait à l’émission très populaire sur Radio 1, Peeters & Pichal. « Nous sommes bien obligés d’essayer par le biais de la radio », explique le CEO Wouter Torfs : « car à l’heure actuelle il est très difficile de trouver du personnel motivé. La radio est un média influent – et parce que c’est innovant, d’autres médias y consacrent également une grande attention. Après une journée seulement, nous avons déjà reçu 150 lettres, mais cela ne suffit pas. »
Durant l’émission de radio, Torfs évoque notamment les coûts salariaux élevés, qui réduisent la différence entre les salaires nets et les revenus de remplacement. « Pour une si petite différence, il est logique que les gens n’aient pas envie de sortir de leur lit le matin à -9°C pour aller travailler ». Y aurait-il dans ce spot un appel adressé aux autorités à diminuer les charges salariales ? « Non, nous souhaitons surtout faire savoir aux candidats que nous avons été élus trois fois ‘meilleur employeur’ et que nous mettons tout en œuvre pour créer une atmosphère de travail agréable. »
Peu d’adeptes pour le travail en week-end
Autre problème l’aversion que semblent avoir les Belges à travailler le week-end : récemment une étude néerlandaise a démontré qu’en Belgique on travaillait beaucoup moins le week-end par rapport à d’autres pays voisins. Torfs tente de remédier à ce problème : « Selon nos conventions collectives de travail, les employés ont de nombreux samedis libres et s’ils doivent travailler le dimanche, ils sont payés à 250% ! »
Wouter Torfs mentionne d’autres problèmes spécifiques qui l’ont incité à faire le pas vers la radio : 40 offres d’emploi d’un seul coup, c’est beaucoup. D’autre part c’est une région difficile (le Limbourg et le nord de la Campine). Et avoue-t-il, c’est peut-être également un peu leur propre faute : « Nous voulons nous distinguer par notre service à la clientèle. C’est pourquoi nous mettons la barre très haut, nous sommes très exigeants envers les candidats.»
Tempête médiatique dans un verre d’eau
Toutefois cette interview a fait des vagues dans les médias pour d’autres raisons : suite à une question posée par une auditrice : « Puis-je solliciter en tant que musulmane ? », Torfs répond que « tout le monde est bienvenu : les allochtones, tout comme les plus de 50 ans. Mais les candidats doivent parler le Néerlandais et les vendeuses en magasin devront retirer leur voile. Nos vendeurs doivent être neutres, nous ne tolérons pas non plus les croix, ni les kippas. Dans les zones logistiques toutefois cela ne pose aucun problème »
Après que cette déclaration ait été sortie de son contexte sur Twitter et après qu’un politicien d’extrême droite l’ait qualifiée de « courageuse », une véritable tempête médiatique s’est déclenchée. Le Forum des Minorités s’est dit « offusqué des propos du CEO » et a exigé que Torfs adapte son règlement. « Si Torfs ne réagit pas à notre demande, nous entreprendrons des actions », a souligné Naima Charkaoui, directrice de l’organisation.
CECLR à l’attaque, Unizo à la défense
Jozef De Witte, directeur du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre la Racisme (CECLR), a annoncé que « l’affaire serait examinée et que des mesures suivraient si nécessaire »
L’union des indépendants Unizo pour sa part a pris la défense de Torfs et a évoqué une gestion du personnel ‘exemplaire’ . « Il a insisté sur l’importance accordée au service à la clientèle et a souligné que chaque candidat avait toutes ses chances, quels que soient ses origines ou son diplôme » a précisé Unizo.
Torfs remet les pendules à l’heure
Torfs déplore cette controverse : « Ce n’est pas mon intention de me ranger aux côtés de Dewinter. Il est très sélectif lorsqu’il cite mes paroles. J’ai dit clairement que nous sommes une entreprise qui souhaite refléter la diversité de notre société. Les allochtones sont donc plus que bienvenus. Nous avons déjà des employés turques et marocains dans nos magasins » a réagi Wouter Torfs. Par ailleurs la chaîne avait déjà tenté de recruter via Twitter et via des Star to Work-party’s, mais la recherche de personnel reste difficile.
Le spot sera diffusé à la radio juste après les vacances de carnaval. « Non par hasard », explique Torfs : « juste après l’élection du meilleur employeur de l’année. En espérant que cette année nous serons à nouveau bien classés, ce qui nous vaudra une publicité positive », conclut le CEO.
Traduit par Marie-Noëlle Masure