Sabotage
Après un sondage effectué lundi matin auprès de ses principaux membres, Comeos indiquait qu’en Flandre 10% des magasins seraient fermés et 30% en Wallonie. « Les syndicats ne parviennent pas à entraîner les travailleurs dans leur action », estime Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos. Selon lui il s’agit avant tout d’une grève des syndicats et non des travailleurs : « Ils sont en général trois ou quatre à faire la grève, alors que le personnel lui veut travailler ».
Selon une première estimation , les dommages subis par le secteur s’élèveraient déjà à 30 millions d’euros. « En Wallonie surtout, il est même question de sabotage pur et simple : des serrures ont été démolies » selon Dominique Michel. « Les employeurs subissent des pertes à trois niveaux : on laisse entrer les employés, par conséquent la direction doit les payer, mais ensuite on bloque l’entrée aux clients. Donc les magasins ne vendent rien et certains sont obligés de jeter leurs produits frais invendus », toujours selon Comeos.
Blocage des centres de distribution
Lundi matin de 6 h à 8.30 h les grévistes des syndicats socialistes et libéraux ont bloqué le centre de distribution de Colruyt à Hal (Brabant flamand). La distribution de produits frais et de viande (Vlevico) a ainsi été entièrement paralysée. Le blocage n’a été levé qu’après l’intervention d’un huissier sollicité par la direction, explique Florent Vandensteen, secrétaire syndical d’ABVV. Tom Verlinden, directeur des relations sociales chez Colruyt, confirme qu’un huissier s’est rendu sur les lieux, mais il ne serait pas intervenu. Selon Verlinden le piquet de grève avait été organisé par des personnes extérieures à Colruyt, alors que la majorité des employés voulait travailler.
Situation plus tendue dans un autre dépôt de Colruyt à Ghislenghien (Hainaut) où un piquet de grève se trouvait depuis 5 h du matin devant l’entrée du centre de distribution, bloquant l’accès à 200 travailleurs volontaires. « Le plus souvent, nous parvenons à un accord, mais là ce n’était pas possible », déclare Tom Verlinden Un huissier est arrivé sur les lieux et finalement à 14 h l’entrepôt tournait à mi-régime. Une fois de plus Colruyt évoque des personnes extérieures, « issues du secteur de la métallurgie », dixit Verlinden
La chaîne Delhaize elle aussi a été perturbée dans ses centres de distribution suite à la grève : à Zellik (Brabant flamand) durant une grande partie de la journée aucun camion n’a pu quitter le dépôt et à Ninove (Flandre orientale) un nombre limité seulement.
Les magasins bruxellois et wallons davantage touchés par la grève
La situation dans les magasins a été longtemps incertaine. En règle générale les magasins sont restés fermés davantage la matinée que l’après-midi ; et à Bruxelles et en Wallonie les fermetures ont été plus nombreuses qu’en Flandre.
En matinée Delhaize annonçait qu’en Flandre 7 magasins en gestion propre resteraient fermés (4 à Anvers, 2 en Brabant flamand et 1 au Limbourg), alors qu’une septantaine seraient ouverts. La Wallonie par contre a connu une situation inverse : seuls les points de vente à Arlon, Mouscron et Recogne étaient ouverts. L’après-midi en Flandre les magasins en gestion propre ont rouvert leurs portes, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles quasi toutes les portes sont restées fermées.
Même scénario pour Colruyt : la Flandre n’a quasiment pas été affectée, alors que la Wallonie et Bruxelles ont été davantage touchés par le mouvement de grève. Certains magasins ouverts ont eu affaire à des barrages filtrants. « Souvent ce sont des personnes extérieures qui organisent ces actions » explique le porte-parole Jan Derom à l’agence Belga. Dans l’après-midi la situation est plus ou moins rentrée dans l’ordre, même dans la partie francophone du pays.
Aux alentours de midi, tous les hypermarchés Carrefour à Bruxelles et en Wallonie étaient fermés, à l’exception de celui de Malmédy. Une fois de plus la Flandre a été moins perturbée, comme l’a confié la porte-parole Vera Vermeeren à l’agence Belga : tous les supermarchés et magasins franchisés étaient ouverts ; pour les hypermarchés 5 d’entre eux étaient fermés et 16 ouverts. Comme ailleurs, pour Carrefour la situation s’est améliorée dans le courant de l’après-midi.
Makro pour sa part a connu une situation fifty-fifty : les magasins à Eke (Flandre orientale), Deurne (Anvers) et Leeuw-Saint-Pierre (Brabant flamand) étaient ouverts, alors qu’à Machelen (Brabant flamand), Lodelinsart (Liège) et Alleur (Charleroi) les portes sont restées fermées. Dans les magasins ouverts des tracts ont été distribués au personnel. A Eke les clients ont même eu droit à un café et une brioche, selon ABVV.
Traduit par Marie-Noëlle Masure