Entre 2005 et 2014, le géant du meuble suédois Ikea a esquivé près d’1 milliard d’euros d’impôts grâce à des constructions fiscales ingénieuses dans différents pays européens. C’est ce qu’on peut lire dans un rapport publié par le Groupe des Verts européens vendredi dernier.
Egalement des voies belges et néerlandaises
Le rapport commandé par le groupe des Verts au Parlement Européen a été établi par le fiscaliste Marc Auerbach. Il cartographie les détours fiscaux via la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, mais également via les Pays-Bas et la Belgique.
En Belgique, Ikea a esquivé 647 millions d’euros d’impôts durant la période 2005-2009, et ce en utilisant la technique des ‘centres de coordination’. De 2010 à 2014, la chaîne a profité de la ‘déduction des intérêts notionnels’ pour pouvoir échapper à près de 488 millions d’euros d’impôts. Entre 2009 et 2014, Ikea a également réussi à esquiver 1 milliard d’euros d’impôts aux Pays-Bas : cette voie néerlandaise (le fameux système des ‘revenus sur royalties’) passe par la filiale Ikea Systems et semble être une des plus lucrative.
Dans une lettre, les députés Verts de la Commission Européenne ont exigé une enquête approfondie à propos de l’évasion fiscale d’Ikea. Pour le moment, une enquête similaire est en cours concernant d’autres multinationales comme Google, Starbucks et Apple.
Légal, mais de plus en plus controversé
Pour le moment, la chaîne suédoise, qui a enregistré un bénéfice de 3,5 milliards d’euros en 2015, ne souhaite pas apporter plus de précisions. Le management a juste fait savoir que pour l’année fiscale précédente, le groupe a payé 822 millions d’euros d’impôts sur les sociétés au niveau mondial, plus encore 700 millions de taxes diverses. « Le groupe Ikea paye des impôts conformément aux règles et lois en vigueur, partout où l’entreprise est présente, en tant que vendeur, producteur ou tout autre rôle que nous exerçons. Nous sommes très engagés à faire du commerce de manière responsable et à contribuer à la communauté où nous sommes actifs », semble-t-il.
Des fiscalistes confirment que les actions d’Ikea sont légales et même pas extraordinaires – « tout ce qu’ils font est parfaitement légal en termes juridiques et techniques » – mais que sous la pression de l’opinion publique, ce type de pratiques est de plus en plus controversé.
Ce n’est pas la première fois que les agissements fiscaux d’Ikea sont critiqués. Le nom de l’entreprise est également cité dans le scandale LuxLeaks qui a dévoilé des combines fiscalement favorables entre les multinationales et le gouvernement luxembourgeois.